Cet article date de plus de quatre ans.

Pourquoi la canicule détraque le sommeil

Quand les températures montent, dormir devient plus compliqué, car le sommeil et la thermorégulation corporelle sont intimement liés.

Article rédigé par The Conversation - Ron Grunstein
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 3 min
Un épisode caniculaire arrive en France lundi 24 juin et jusqu'à samedi prochain, selon Météo France (photo d'illustration). (DANIEL ALLAN / CULTURA CREATIVE)

Ron Grunstein, auteur de cet article, est professeur en médecine du sommeil à l'Université de Sydney (Australie). La version originale de cet article a été publié sur le site de The Conversation dont franceinfo est partenaire.


La canicule s’apprête à s’abattre sur la France, avec des températures approchant les 40 °C. Par une telle chaleur, trouver le sommeil peut se révéler extrêmement difficile. Car le sommeil et la thermorégulation corporelle sont intimement liés. La température du corps suit en effet un cycle de 24 heures lié au rythme d’alternance entre sommeil et éveil. En théorie, le corps se refroidit pendant la phase où l’on dort et se réchauffe lorsque l’on est éveillé. Le sommeil nous vient plus facilement quand la température du corps décroît, et peine davantage à s’imposer lorsqu’elle augmente.

Nos mains et nos pieds jouent un rôle clé pour aider au sommeil. Ils permettent au sang chauffé du centre du corps de se refroidir par le contact de la peau avec l’environnement extérieur. L’hormone du sommeil, dite mélatonine, participe aussi largement à cette complexe perte de chaleur, à travers les parties périphériques du corps.

En début de nuit, la température corporelle diminue, mais la température périphérique de la peau augmente. Ces variations se complexifient ensuite au cours de la nuit, car notre autorégulation de la température varie selon le stade du sommeil.

Les cycles de sommeil perturbés

Des recherches ont montré combien la chaleur extérieure peut perturber cet équilibre délicat entre sommeil et température corporelle.

L’idéal est une température ambiante de 22 ou 23 °C. Toute variation importante par rapport à cette référence engendre des perturbations du sommeil : le sommeil lent, au cours duquel l’activité électrique du cerveau ralentit et le cerveau "se repose", est restreint, et la phase de rêve – ou sommeil paradoxal – est elle aussi raccourcie.

Au cours du sommeil paradoxal en effet, notre capacité à réguler la température du corps est affaiblie, donc en cas de froid ou de chaleur extrême, le corps comprend qu’il vaut mieux « sauter » cette étape. Une vague de chaleur peut ainsi provoquer plusieurs nuits de sommeil fragmenté. D’où la sensation bien justifiée d’avoir mal dormi et de ne pas se sentir reposé à ces périodes, ce qui peut affecter négativement notre attention et notre humeur.

En théorie, le phénomène peut aussi avoir des effets plus subtils, tels que des problèmes de mémorisation, un jugement altéré (une capacité de décision affaiblie et des comportements à risques), ou sur le contrôle de la tension artérielle et la régulation du glucose dans le corps. Bref, si vous devez prendre d’importantes décisions en période de canicule, dormez dans un environnement bien climatisé.

Dormir sur le côté, prendre une douche

En dehors de l’air conditionné, quelles solutions pour mieux dormir pendant une vague de chaleur ? S’allonger en position latérale pour minimiser le contact avec le matelas peut être une solution, vers laquelle le corps tendra de toute façon naturellement pendant votre sommeil, en réponse à la hausse des températures.

Rafraîchir le milieu du corps avec un vêtement mouillé ou une serviette, ou prendre une douche fraîche peut également aider. Il est en tout cas essentiel d’éviter de s’agiter trop dans les heures précédant votre coucher car cela compliquera d’autant plus la baisse de la température corporelle.


Cet article a été traduit de l’anglais par Nolwenn Jaumouillé.The Conversation

Ron Grunstein, Professor of Sleep Medicine and NHMRC Practitioner Fellow, Woolcock Institute of Medical Research, University of Sydney

Cet article est republié à partir de The Conversation sous licence Creative Commons. Lire l’article original.

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