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"L’objectif, c'est d’instaurer un climat de terreur" : à Marseille, la guerre des gangs Yoda et Dz mafia préoccupe les autorités

Emmanuel Macron se rend dans la préfecture des Bouches-du-Rhône lundi pour faire le bilan du plan "Marseille en grand" dont l'un des volets concerne le trafic de stupéfiants. Dans les quartiers nord, la police espère de nouveaux renforts face aux règlements de comptes entre deux clans.
Article rédigé par Pierre de Cossette
Radio France
Publié
Temps de lecture : 4min
Des policiers patrouillent dans la cité de la paternelle, dans le 14e arrondissement de Marseille, le 27 février 2023. (PENNANT FRANCK / MAXPPP)

D'un côté, il y a Yoda, un gang dont le nom fait référence au personnage de Star Wars, tagué sur un mur de la cité de la paternelle dans le 14e arrondissement de Marseille. De l'autre, son principal concurrent, Dz mafia. Les deux clans se mènent une bataille pour le contrôle des points de deals dans les quartiers nord. Des dizaines de milliers d’euros sont en jeu, chaque jour. Le maire, Benoit Payan, a demandé des "renforts importants" alors qu'Emmanuel Macron entame lundi 26 juin une visite de trois jours dans la ville pour faire le bilan de l'opération "Marseille en grand".

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L’activité s’est un peu tassée, ces dernières semaines avec les règlements de comptes, observe un policier. Mais en temps normal, on évalue chaque clan à une cinquantaine de membres, du guetteur au "charbonneur" (les petits dealers), jusqu’aux patrons. De gros bonnets surnommés "le chat" et "tic".

Le phénomène des tueurs à gage

Au sujet des 23 morts sur fonds de trafic de stupéfiants comptabilisées depuis le début de l’année à Marseille, les enquêteurs soupçonnent 90% d’être liées à la rivalité entre les deux gangs, explique la préfète de police des Bouches-du-Rhône, Frédérique Camilleri. Le beau-frère d’un des deux chefs a même été tué en Espagne.

Cette rivalité est aussi le théâtre d'un phénomène assez nouveau : celui des tueurs à gages. Une affaire, notamment, va peut-être faire date. C’était au début du printemps. Une nuit sanglante, à Marseille et trois morts. Quelques heures plus tard, un garçon de 18 ans est interpellé par la police judiciaire, à Gardanne. Matéo n’est pas issu d’une cité marseillaise, mais il semble fasciné par la violence et a été recruté pour tuer par le clan DZ Mafia. Le jeune homme est mis en examen pour trois assassinats, mais est susceptible d’en avoir commis neuf au total.

La crainte d'une "mexicanisation" de Marseille

Sur les réseaux sociaux, Matéo se filme, cagoule sur le visage, visiblement heureux de cette vie de sicaire qui, selon les estimations, a pu lui rapporter 200 000 euros. Car la guerre entre Yoda et Dz mafia est aussi une guerre d’image. "Ce n’est pas simplement une opération d’élimination du camp adverse, l’objectif, c’est aussi d’instaurer un climat de terreur", analyse un policier.

Terroriser l’adversaire à coups de vidéos publiées sur Snapchat ou Telegram en exhibant, par exemple, des armes de guerre. La préfète Camilleri abonde : "On a déjà vu, depuis quelques années les réseaux sociaux qui font la promotion de points de vente de trafic de stupéfiants".

"Là, ce que l'on a vu apparaître, ce sont des gens qui revendiquent, leurs assassinats sur les réseaux sociaux, qui s'en vantent, qui menacent d’en commettre. Donc il y a une logique en fait de terrorisation du clan adverse". 

Frédérique Camilleri, préfète de police des Bouches-du-Rhône

à franceinfo

Des policiers craignent ce qu’ils appellent une "mexicanisation" de Marseille. La Préfète de police des Bouches-du-Rhône réfute cette comparaison et assure qu’il n’y a pas de zones de non-droit, que les policiers peuvent aller partout. Depuis le début de l’année, 851 trafiquants de drogue ont été arrêtés, selon le dernier bilan de Frédérique Camilleri. Une stratégie "agressive", selon ses mots.

De nouveaux renforts sont prévus en septembre pour la police judiciaire de Marseille. L'objectif de la PJ, indique la préfète de police, "est de démanteler par le haut ces réseaux et d'éviter qu'un jour que ces trafiquants, par l'argent qu'ils s'assurent du trafic, ne puissent pas commencer à contrôler de façon beaucoup plus étroite des pans entiers de territoire et rentrent dans une spirale de violence qu'on ne pourra pas arrêter".

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