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Manifestation pro-palestinienne à Paris : a-t-on arrêté les véritables auteurs de violences ?

Les casseurs se retrouvent face à la justice, lundi 21 juillet, en comparution immédiate. Mais leurs profils ne correspondent pas à celui des fauteurs de troubles...

Article rédigé par Jéromine Santo-Gammaire
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Des émeutiers, à Paris, le 19 juillet, en marge d'une manifestation de soutien au peuple palestinien. (JACQUES DEMARTHON / AFP)

Ils sont huit à avoir été déférés pour être jugés en comparution immédiate, lundi 21 juillet, après des heurts lors de la manifestation de soutien à Gaza qui se sont déroulés à Paris, dans le quartier de Barbès, samedi 19 juillet. Il s'agit de quatre adultes et quatre mineurs. Au total, 19 personnes ont été placées en garde à vue, après les affrontements qui ont opposé pendant plusieurs heures les manifestants pro-palestiniens aux forces de l'ordre.

Des policiers et des gendarmes ont été blessés, des magasins saccagés... Alors, l'idée de ces comparutions immédiates était claire : les condamnations doivent servir d'exemple, afin d'"adresser un signal fort de découragement pour les manifestations à venir", selon le propre aveu du procureur, cité par Libération.

Au mauvais endroit, au mauvais moment ?

Ainsi, le procureur a réclamé quatre mois de prison avec sursis contre un prévenu d'origine kurde, âgé de 26 ans et au casier judiciaire vierge. D'ailleurs, il n'a pas lancé de projectile contre les forces de l'ordre : il a été arrêté à Bastille, à 8 stations de métro de Barbès. Son principal tort : s'être rebellé au moment de son interpellation et avoir participé à un rassemblement illégal. L'homme dément même avoir participé à la manifestation. "J'en ai rien à foutre de la Palestine !", finit-il par lancer, face à la pression. Finalement, il sera relaxé.

S'est-il simplement trouvé au mauvais endroit au mauvais moment ? C'est ce que se demande le journaliste de Metronews présent sur place.

Sur le banc des accusés, se trouvent aussi deux hommes de 33 ans. Tous deux n'ont pas de casier judiciaire et sont pères de famille. L'un est informaticien, il est poursuivi pour avoir refusé de se soumettre à la police et pour avoir blessé légèrement un agent en se débattant. Le second est soupçonné d'avoir mené un rôle de leader. Il écopera de la plus lourde peine : dix mois de prison avec sursis.

Et puis il y a "une jolie fille en débardeur rose moulant", comme la décrit Libération, venue "soutenir la Palestine" mais qui ne se doutait pas que "ça dégénérerait comme ça, que ça serait la guerre". Son casier judiciaire comporte déjà des faits de violences, pourtant elle nie toute implication dans les heurts de fin de manifestation. "Moi si j’y vais et que je commence à casser des trucs, je donne une mauvaise image de la cause. Ce n’est pas ce qu’on veut montrer."

Des condamnations politiques ?

Le procureur réplique alors que "pour défendre une noble cause, il faut se rendre compte que certaines manifestations vont à l’encontre de cette noble cause" et demande quatre mois de prison ferme, plus six mois de travaux d’intérêt général. Elle sera condamnée à six mois de prison avec sursis et 105 heures de TIG. "Elle ne va pas payer pour tout ce qui s’est passé à Barbès !", rétorque l'avocate de la manifestante.

Les condamnations auraient-elles pris une tournure trop politique ? Sur Twitter, des internautes s'interrogent. Maître Eolas, avocat au barreau de Paris et auteur d'un blog juridique, reconnaît que la pression médiatique peut jouer dans ce genre de procès (lire la suite de la discussion sur Twitter).

Lundi soir, la 23e chambre correctionnelle du Palais de justice de Paris a distribué trois peines de prison avec sursis et accordé une relaxe, les quatre mineurs étant présentés devant le juge pour enfants en vue d'une mise en examen pour "participation à une manifestation interdite" et "violences aggravées sur personne dépositaire de l'autorité publique".

Mardi 22 juillet, huit émeutiers présumés étaient déférés en comparution immédiate après les débordements en marge d'un rassemblement pro-palestinien dimanche à Sarcelles (Val d'Oise) : trois pour "vols en réunion" et "dégradations", et les cinq autres pour "participation à un attroupement armé" et "violences".

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