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Maison de l'abbé Pierre : un refuge pour les personnes en grande précarité

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Article rédigé par franceinfo
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Tout le monde se souvient de l'abbé Pierre, figure de la solidarité et de la lutte contre le mal-logement. Sa maison, où il a fini ses jours, est devenue une pension familiale accueillant une vingtaine de personnes en grande précarité. Il n'y a pas de délai de séjour. Elles sortiront lorsqu'elles iront mieux.

Ce matin, les résidents s'activent en cuisine. Réchauffer les plats, préparer la table, dans la pension de famille, ils se retrouvent, comme chaque semaine, pour déjeuner ensemble : certains ont vécu dans la rue ou des foyers. Cette maison est l'occasion pour eux de déposer les valises, et de s'installer dans la durée.

Ici, c'est comme notre appartement. On se leve et on part à l'heure qu'on veut. Il n'y a aucun problème.

Michel, 52 ans, vient d'emménager dans un studio. Depuis deux mois, il retrouve le plaisir de dormir sur du "mou", comme il dit, sur un bon matelas. Après trois années passées dans la rue, il s'est acheté des oiseaux.

Quelle idée d'avoir des oiseaux.

C'est une compagnie.

Ça change quoi d'être ici.

L'hygiène de vie. Je faisais les poubelles pour manger. Je n'ai plus à le faire. Dehors, je me lavais une fois par semaine ou tous les 15 jours, quand je trouvais où, alors qu'ici, c'est tous les jours.

Dans cette pension, l'abbé Pierre a vécu ses dix dernières années. De discrètes photos rappellent sa présence. C'est ici qu'il avait fêté ses 93 ans. Une présence encore forte pour les résidents qui saluent ses combats.

Je suis venue habiter là, et il est toujours là. J'y pense.

Une structure à taille humaine qui accueille une vingtaine de personnes Elles payent entre 450 et 550 euros par mois, sans compter les aides. Ici, pas de tensions, tout est pensé pour les resocialiser.

Pas d'obligation de résultat ou de partir dans 6 mois.

Non, c'est eux qui choisissent quand ils ont envie de partir. C'est ça la nuance importante de ce dispositif pension de famille. On n'est pas limité dans le temps avec cette maison-relais.

On se préoccupe les uns des autres. Ça m'aide, en m'autorisant à penser qu'il peut y avoir du mieux pour les autres et donc, du mieux pour moi.

A l'étage, Valérie tient à nous faire visiter son studio.

Ce sont des éléments que mes petites soeurs m'ont offerts.

Elle l'a décoré avec soin et elle est la seule femme de la pension.

C'est très fonctionnel. Ma petite salle de bains.

On retrouve le plaisir de se maquiller.

Oui, et de se retrouver femme, d'avoir envie de plaire.

En août dernier, elle a emménagé pourpres de 500 euros par mois, Après avoir trouvé un emploi dans la restauration, et vécu des années de galère: un nouveau départ pour elle.

On se dit que ça ne va pas durer, et finalement, les clés sont la, on emménage, on fait sa petite déco. Au fil du temps, on se dit que c'est bien moi. J'ai connu la rue, les centres d'hébergement, dormir dans des voitures. On n'a pas envie que ça recommence. Au moindre écart, on peut replonger.

L'ancienne chambre de l'abbé Pierre est devenue un bureau, où les éducateurs préparent l'avenir avec les résidents. Michel a refait son CV et cherche désormais un emploi. Comme Valérie, il espère que cette pension de famille ne sera qu'une étape dans sa vie chahutée, et que dans quelques mois, ou quelques années, il aura trouvé un nouveau logement indépendant, afin de laisser son studio à un autre résident.

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