Livre : l'histoire d'un grand-père
En Haute-Savoie, un petit-fils écrit l'histoire de son grand-père. Anselme a presque 100 ans. Il y a un gouffre entre la vie de ces deux hommes, peu à peu comble grâce aux mots et à l'attention qu'ils se sont portes.
C'est ainsi qu'il a fait le même trajet tous les mois. Paris-Haute-Savoie pour rencontrer cet homme qu'il ne connaît pas : son grand-père. Il a nourri une longue conversation avec lui et en a fait un livre.
Il est courant d'offrir une lettre d'amour à celle qu'on aime, il est plus rare d'en écrire une à son grand-père. Le mien a presque 100 ans. Il se nomme Anselme, je l'appelle Pépé.
Cet homme vit toujours la où il était né, un village du Chablais, au bord du Lac Léman.
Salut, Pépé, ça va.
Clément le petit-fils, Parisien, est diplômé d'économie. Le grand-père est paysan. La terre est toujours au coeur de sa vie.
C'est des haricots.
Non, des oignons.
Deux générations, deux univers qui se sont rencontrés. A 13 ans, Anselme travaillait au champ avec ses parents. Au même âge, Clémentjouait et allait à l'école. Le grand-père fut privé très jeune de l'école.
A 13 ans, on nous met dehors. L'école publique c'est fini, au boulot.
Le labeur pour l'un, l'insouciance pour l'autre.
Après l'école, je jouais au foot avec les copains, je m'amusais. Il y avait la télé, mes parents avec moi. C'était une chouette enfance, pas difficile du tout.
A 20 ans, Anselme est mobilisé. C'est la première fois qu'il quitte son village. Et c'est pour faire la guerre.
Les Allemands était de l'autre côté de l'Isère. Et nous de ce côté-ci. Il y avait un pont qu'on devait aller miner pour le faire sauter. On ne savait même pas placer une mine ! C'était dur, dur.
A 20 ans, Clément quitte ses parents pour aller découvir le monde.
Je suis parti au Mexique, au Danemark, j'ai rencontré de jolies filles. Je rencontre des amis du monde entier, une amie allemande d'ailleurs Mon grand-père se bat contre les Allemands, moi je drague des Allemandes.
Ils ont évoqué Delphine, décédée il y a 3 ans, la femme d'Anselmé. Ils ont fini par parler d'homme à homme, de ce désir qu'Anselme ressentait pour Delphine.
Elle avait tout, un joli corps, de jolies jambes. C'est les jambes que je regarde en premier chez les filles. Le premier soir quand on s'est mis au lit tous les deux, cela s'est bien passé. Notre timidité à tous les deux a disparu. C'est la vraie rencontre, je m'en souviens comme si c'était hier.
Au départ, je ne pensais pas parler de choses si intimes avec lui, de nudité, d'histoire d'amour. Au fil de l'échange, on a pris confiance tous les deux. Il n'y avait plus de barrières, de sujets tabous.
Ce fut comme un voyage dans le temps.
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