Rio 2016 : tristesse, sourires et médaille de bronze , la journée animée de l'aviron tricolore
Pas un mot. Hugo Boucheron regarde la course du quatre sans barreur, amorphe, sans émotion, et voit ses camarades décrocher le bronze. Première médaille de ces JO pour l’aviron tricolore, la septième pour les Bleus. Une bonne nouvelle que Boucheron et son compère Matthieu Androdias ont du mal à apprécier. On peut le comprendre. Quelques minutes auparavant, ce sont quatre années de sacrifices, de souffrance qui sont parties en fumée. Sixième et dernier de sa finale du deux de couple, le duo encaisse et ne peut contenir sa déception.
Matthieu Androdias lâche quelques mots. "On ne s'est pas entendu sur la façon de faire, on n’a pas ramé ensemble, c’est technique, explique-t-il, quelque soit l’investissement physique, ça n’aurait pas fonctionné. On a l’impression d’être passé à côté, c’est beaucoup plus frustrant que de tout donner et de finir sixième". Des mots dérisoires face à la tristesse de deux athlètes qui attendaient autre chose de cette finale. La médaille de bronze du quatre sans barreur ? "C’est bien, je suis content pour les amis, mais là je pense surtout à moi. Ça ne va pas m’égayer ma journée, mais je suis content pour eux", avoue Matthieu Androdios. Hugo Boucheron partira, lui, sans une parole. Son visage dévasté par la tristesse valait, de toutes façons, tous les mots.
"La plus belle fin possible"
Quelques minutes plus tard, l’ambiance est nettement différente. Le quatuor Franck Solforosi, Thomas Barouck, Guillaume Raineau et Thibault Colard débarque, médaille de bronze autour de cou. C’est l’affluence, les télés, les radios, la presse écrite, la formule complète. L’attachée de presse de la Fédération Française d’Aviron calme les impatiences et gère les différents pools. Guillaume Raineau, savoure, à sa façon. Calmement. "C’est ma première médaille olympique, c’est bizarre, étrange. Je ne cache pas ma joie, mais j’ai du mal à réaliser", assure-t-il. Pour lui, comme pour son compère Franck Solforsi, c’est surtout l’aboutissement d’une carrière bercée de désillusions.
Lire aussi : le bronze pour le quatre sans barreur français
La quatrième place de Pékin avec Fabrice Tilliet et Jean-Christophe Bette et la septième de Londres avec Fabrice Moreau sont oubliées. "On est allé la chercher, sourit Franck Solforosi, on s’est servi de ces désillusions pour ne pas se faire avoir cette fois. Ils (Fabrice Tilliet, Jean-Christophe Bette, Fabrice Moreau, ndlr) n’étaient pas là avec nous, mais on pense aussi à eux". Thibault Colard, lui, n’a pas connu tout ça. Plus jeune (24 ans) et arrivé il y a un an sur le bateau, il s’offre sa deuxième mondiale en deux ans après le bronze, déjà, aux Mondiaux d’Aiguebelette (2015). A lui la charge de reprendre le flambeau laissé par Guillaume Raineau et Franck Solforosi qui s’arrêtent là-dessus. "C’est la meilleure fin possible", conclut ce dernier.
Bientôt haut les filles
Hélène Lefebvre et Elodie Ravera, elles, ne raccrocheront pas après Rio. Le jeune duo du deux de couple féminin disputait ses premiers Jeux au Brésil. Mission accomplie pour elles, très souriantes après leur cinquième place en finale. "L’objectif est rempli, on est satisfaites", confie Hélène Lefebvre. Elodie Ravera confirme : "On était déjà super heureuses de rentrer en finale. On a voulu grappiller quelques places et embêter les meilleures. On l’a fait sur la première moitié du parcours". Pour elles, la compétition s’arrête mais les Jeux continuent jusqu’au bout. "On a profité de chaque moment, c’était magique", raconte la Niçoise Elodie Ravera.
Au programme désormais, la fête au village (olympique) et la cérémonie de clôture, elles qui n’ont pas pu défiler derrière Teddy Riner. Le rendez-vous est pris à Tokyo dans quatre ans, où elles "voudront tout péter". L’embarcation est jeune, le duo étant formé en début d’année 2015, le potentiel bien présent. "On va prendre de l’expérience, travailler techniquement et physiquement, bosser à fond chacune de notre côté – Hélène s’entraîne à l’INSEP, Elodie à Nantes – pour faire progresser le bateau", détaille la Francilienne. Avec la promesse de ne plus laisser leur entraîneur Christine Gosse – unique femme française médaillée aux JO avec Hélène Cortin en deux de pointe sans barreur en 1996 – toute seule. "L’élève n’a pas encore dépassé le maître, malheureusement... Mais ça ne saurait tarder", prophétise Hélène Lefebvre. Elle a tout de même eu droit à un avant-goût en touchant celle des concurrentes. "Elle est vachement lourde, on ne soupçonne pas, rigole-t-elle, j'espère l'avoir autour du cou à Tokyo ou avant, aux Mondiaux".
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