Rio 2016: Pierre-Gilles Lakafia, les JO, une histoire de famille
« Les JO, c’est le truc que papa a fait et que jamais on n’aurait imaginé avoir l’opportunité de réaliser. » Pierre-Gilles Lakafia va réaliser un rêve de gamin. Il n’était pas né lorsque son père a pris part aux Jeux Olympiques de Los Angeles, en 1984. Double champion de France du lancer du javelot, recordman de France de la discipline, il avait fini 12e de la finale olympique en Californie. A Rio, cet été, avec l’équipe de France de rugby à VII, son fils aspire à mieux. A 29 ans, pour le retour du ballon ovale dans le programme olympique (le rugby à XV était au programme des Jeux de 1900, 1908, 1920 et 1924), Pierre-Gilles Lakafia et les Bleus sont décidés à marquer l’histoire. « Rio, ce n’est pas une opportunité qui va se présenter 36 fois dans notre vie. On va tout lâcher dans cette compétition. Sur une compétition, l’équipe de France est capable de le faire. On l’a fait à Cape Town, on veut le faire à Rio. »
Cape Town, c’était en décembre 2015, avec un succès (17-14) aux dépens des Fidji, maîtres de la discipline, lors de cette étape du circuit mondial. Et une 3e place à la clé. L’ancien joueur de rugby à XV de Castres ou Toulouse était sur le terrain, et se souvient de « cette sensation d’avoir une montagne devant soi. Ce n’est pas à la portée de tout le monde de les battre. Ca été une joie dans ma carrière de sportif, que je n’avais jamais connue. Une fois qu’on a goûté à ça, c’est dur de rejouer dans un club. Ca a une saveur particulière. »
Le Seven par hasard
Comme tous ses coéquipiers du VII de France, Pierre-Gilles Lakafia a débuté par le XV. Grenoble, Albi, Toulouse, Castres, et d’un coup, le changement de route, en forme de révélation. C’était en 2011, il avait alors 24 ans. « C’est un peu un coup de chance car c’est Guy (Novès) qui m’a guidé vers le VII. Moi, comme la plupart des gens, je ne connaissais pas, je ne savais pas que ça existait, à part en amateur comme ça. Et j’ai fait le tournoi de Hong-Kong, où j’ai pris une énorme claque, comme n’importe quelle personne venant à ce tournoi. C’est le tournoi mythique. C’est le tournoi que tous les joueurs du VII veulent disputer. Ca a été ma première claque dans le rugby à VII. A ce moment-là, je n’avais pas beaucoup de temps de jeu à Castres. »
Après avoir été mis sur ce chemin par le manageur de Toulouse, désormais sélectionneur du XV de France, il a ensuite pris définitivement ce cap sous l’insistance de Jean-Claude Skrela, ancien sélectionneur du XV aujourd’hui manageur du VII. « Je n’ai pas tout de suite sauté le pas. Comme tous les joueurs du XV, on ne connaissait pas trop le VII. On ne savait pas vers quoi on allait. Cela fait peur. » Il ne regrette pas cette décision, lui qui avoue prendre « un plaisir terrible sur le terrain », avec « cette grosse récompense que sont les Jeux Olympiques » dans sa ligne de mire. Du plaisir né dans un jeu « où on est constamment impliqué, toujours besoin de faire des passes, de courir », où les temps-morts sont quasi inexistants. « Sincèrement, rugbystiquement parlant, je suis super content. Je touche des ballons, je joue, je suis impliqué dans un projet qui me va vraiment bien. On est dans un petit groupe, et on s’entend très bien. »
Les JO, plus beaux qu'une Coupe du monde à XV
Rio, il y pense, comme tous les Français, depuis un moment. « C’est au fond de nos pensées, toujours quelque part dans notre tête. On essaie de prendre les choses étape par étape pour engranger de la confiance et arriver au moment de cette sélection avec énormément d’expérience pour tenter de créer l’exploit sur les JO. Le staff nous a fait partir à Rio relativement tôt pour qu’on puisse ouvrir les yeux sur ce que sont les JO, ce qu’est le village olympique… On s’est laissé le temps de digérer ça avant de débuter la compétition », explique-t-il.
En 2011, il avait ouvert grands les yeux lorsque son petit frère, Raphaël, avait pris part à la Coupe du monde en Nouvelle-Zélande au sein de l’équipe de France. « Pour moi, une Coupe du monde est extraordinaire, c’est génial. Mon petit frère l’a faite en 2011, et c’était du domaine de l’inimaginable », glisse Pierre-Gilles Lakafia, qui ajoute aussitôt : « Aujourd’hui, les JO, c’est l’élite de l’élite, c’est ce qu’il y a de plus mythique pour un sportif. Il n’y a rien de plus beau que les Jeux Olympiques pour moi. » Cet été, les rôles seront donc inversés, puisque son frère, qui évolue au Stade Français, devrait faire le voyage pour le soutenir au Brésil. « Il m’envie, car il se dit qu’il va être le seul « couillon » à ne pas avoir fait les JO dans la famille. »
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