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Rio 2016 - Lutte: Cynthia Vescan, du cauchemar au rêve

A 24 ans, Cynthia Vescan va participer à ses deuxièmes Jeux Olympiques, après ceux de Londres en 2012. Dotée d’un fort caractère, présentée par son entraîneur comme quelqu’un qui n’aime pas perdre », la lutteuse de Nice veut à tout prix vivre son rêve olympique en grand. Avec l’or en ligne de mire, « la plus belle couleur », dit-elle.
Article rédigé par Thierry Tazé-Bernard
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 5min
 

« Quand elle monte sur le tapis, elle n’aime pas perdre. Elle préfère mourir que sortir perdante. » Voilà la première qualité dont parler Nodar Bokhashvili, son entraîneur. Cynthia Vescan abonde : « Je me rends compte que je déteste perdre, car quand je perds je ne suis pas bien. Et je déteste ne pas être bien. Il vaut mieux que j’essaye de gagner. »

Derrière son sourire et des yeux clairs, la lutteuse affiche un état d’esprit que son coach, d’origine géorgienne, ne trouve pas chez tout le monde : « Cynthia, dans les compétitions, elle ne fait pas 100%, mais bien plus. Parfois, elle sort d’un match avec le souffle coupé, sans pouvoir respirer. Elle donne tout. » Avant même qu’elle gagne son ticket pour les jeux Olympiques de Rio, via un tournoi de qualification olympique en Mongolie, Nodar Bokhashvili savait qu’elle verrait le Brésil cet été : « Un matin, en stage, elle est venue me voir en me disant qu’elle avait fait un cauchemar dans lequel elle ne se qualifiait pas pour les Jeux. C’était le signe qu’elle se qualifierait. Pour elle, c’était un cauchemar. Ce n’est pas le cas pour toutes les filles. Ca m’a marqué. »

Après le cauchemar, le rêve d'une médaille

Cynthia Vescan en rigole maintenant, mais ce n’était pas le cas alors : « J’étais au bout de ma vie dans ce cauchemar. J’avais l’impression de mourir alors que ce n’est pas grave, ce n’est que du sport. Mais on donne tellement que ne pas se qualifier aurait été tellement triste. Je crois que j’avais pleuré dans mon cauchemar. Je me suis dit que je devais absolument me qualifier, parce que ça aurait horrible de vivre ce cauchemar. »

En ayant évité de vivre un cauchemar, cette fille de lutteur roumain, qui a fui la dictature de Ceaucescu, n’en a pas pour autant vécu un rêve. Pas encore tout du moins : « C’est le début d’un rêve, mais le rêve c’est de gagner une médaille. Et le grand rêve, c’est la médaille d’or. C’est la plus belle couleur. Si je prends un autre métal, cela sera une déception si je n’ai pas donné le maximum. En revanche, si l’adversaire a été plus forte, cela ne peut pas être une déception. Cela veut dire qu’il faut encore travailler. »

Du travail, mais avec du caractère

Du travail, elle en livre à profusion. Mais à sa manière. « Elle ne peut pas écouter toujours », glisse ainsi son entraîneur. « Parfois, il faut qu’on fasse à la façon de Cynthia. Dans des stages, dans les 5-6 premiers jours, elle fait tout à fond, au top. Et après, elle baisse. Si on la force, elle ne pourra pas, et elle ne s’entraînera pas bien. On ne peut pas toujours imposer des choses. Elle ne peut pas faire ce qu’elle ne veut pas faire. » Et de citer également une autre spécificité de son athlète : « Lors des derniers mois, on l’a obligé à venir s’entraîner avec tout le monde lors de certaines compétitions. Mais elle n’aime pas ça. Elle est individualiste, et elle a raison car c’est un sport individuel. Elle n’aime pas faire comme tout le monde. Plutôt que de venir deux heures avant, elle préfère se reposer dans sa chambre jusqu’à une heure avant, pour faire sa parte de poids tranquille. » Cynthia Vescan en a conscience, et l’assume pleinement : « J’ai des besoins différents. Je suis d’une nature solitaire dans ce sport. J’aime bien faire mon truc. J’ai besoin de la qualité. La quantité je n’aime pas. »

Depuis le mois d’octobre, elle a intégré de la musculation à sa préparation. « Parce que c’est l’année des Jeux et il y a un dicton que j’aime beaucoup qui dit : si tu veux quelque chose que tu n’as jamais eu, fais quelque chose que tu n’as jamais fait. C’est ça qui peut faire la différence. » Pour son entraîneur, Rio est le moment idéal : « Elle était à Londres, à 20 ans. Elle a maintenant grandi. Elle veut faire une médaille et elle sera à fond pour la faire. C’est l’année qu’il ne faut pas rater. Dans la vie, on n’a pas 4-5 fois l’occasion de faire les Jeux Olympiques, c’est 2-3 fois. C’est un très bon moment pour faire la médaille. » Le meilleur moment pour assouvir son rêve.

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