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Rio 2016 - Dopage : comme un malaise dans la piscine

Avant même les déclarations fracassantes de Camille Lacourt, qui a dénoncé l'hypocrisie des dirigeants après la finale du 100 mètres dos cette nuit, d'autres nageurs, et non des moindres, avaient auparavant dénoncé la triche organisée. Dans le viseur, les champions chinois et russes tentent de se défendre. A l'instar de Yulia Efimova qui demande le pardon et affirme être, aujourd'hui, propre. Mais l'eau se trouble dans les bassins.
Article rédigé par franceinfo
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Le Chinois Sun Yang dans le collimateur. (? TOBY MELVILLE / REUTERS / X90004)

« Ça me déplaît d’être battu par un Chinois (Xu Jiayu). En même temps, je vois le podium du 200 mètres, ça me donne envie de vomir », a lâché le Français à l’issue de sa course, en référence au sacre sur cette distance, quelques minutes plus tôt, du Chinois Sun Yang, qui avait été suspendu pour dopage en 2014, et dont la médaille d’or rend plus d'un observateur amer. D'autres ont considéré les représentants de la délégation française dans un rôle de "pleureuses".

« Je suis très triste de voir mon sport évoluer de cette façon. J’ai l’impression de voir de l’athlétisme avec deux ou trois dopés dans chaque finale. J’espère que la FINA (la Fédération internationale) va vite réagir et arrêter ce massacre, parce que ça devient triste. » Loin de jouer les langues de bois, le Narbonnais a poursuivi son attaque au lance-flamme : « Ils n’ont qu’à faire une "fédé" de chargés et s’amuser entre eux. Ce n’est pas comme ça que je conçois le truc. Ça me dégoûte de voir des gens qui ont triché sur les podiums. Sun Yang, il pisse violet ! »

Michael Phelps "énervé"

Un coup de gueule lancé également par d’autres champions. Ainsi, l’Australien Mack Horton, titré sur 400 m nage libre, a traité samedi le Chinois de "tricheur dopé". Véritable star dans son pays, Sun Yang avait été contrôlé positif lors d’une analyse antidopage en mai 2014 et avait été suspendu trois mois. Comme le rappelle "Le Monde", la suspension avait été imposée en juillet 2014 par l’Agence antidopage chinoise et Sun s’était aligné aux Jeux asiatiques d’Incheon (Corée du Sud) en septembre. Il avait été contrôlé positif à un stimulant (Trimétazidine), mais l’information n’avait été rendue publique que quelques semaines plus tard.

L’Américain Michael Phelps, l’homme aux19 médailles d’or olympiques, a également clairement déploré, comme Camille Lacourt, la présence de certains nageurs gonflés artificiellement. « C’est triste qu’il y ait des gens contrôlés positifs, même deux fois pour certains, qui ont quand même l’occasion de nager aux Jeux olympiques. C’est contraire à ce que le sport est censé être et ça m’énerve. Cela me fend le cœur et j’aimerais que quelqu’un fasse quelque chose à ce sujet », a déclaré le mythe US, déplorant même la présence de la Russe Yulia Efimova. Suspendue seize mois pour un contrôle positif à un stéroïde en 2014, Celle-ci avait de nouveau été contrôlée positive en mars, cette fois au Meldonium. Malgré ce fait, sa suspension a toutefois été levée...

Philippe Lucas "fatigué"

L'étiquette de tricheuse pour Efimova avait, dans un premier temps, incité la Fédération internationale à la priver de JO le 25 juillet, comme six autres nageurs russes, à la suite des révélations du rapport McLaren sur le système de dopage d’Etat en Russie... avant que la sanction ne soit levée vendredi dernier, juste avant la cérémonie d'ouverture, par le Comité International Olympique ! La Russe a bien tenté de se défendre : « J’ai fait une erreur une fois et j’ai purgé ma peine, mais la deuxième fois, ce n’était pas ma faute. Je ne sais pas comment faire comprendre aux gens que, si un jour, le yaourt est interdit, vous devenez positifs, mais est-ce autant de votre faute ? »

Lundi, c’est sous de copieux sifflets du public carioca qu’elle a été médaillée d’argent du 100 mètres brasse. Sa compatriote Viktoriia Andreeva a, elle aussi, été huée avant sa demi-finale du 200 mètres 4 nages. Interrogé sur toutes ces suspicions, l'entraîneur Philippe Lucas, sur le plateau de France TV, a paru blasé par ces événements navrants : "Je n'ai pas envie de parler de tout ça ! On a l'air de découvrir le dopage, mais ça fait cinquante ans qu'on connaît ça. Si on ne se donne pas les moyens d'agir... Moi, ça me fatigue !" 

VIDEO. La réaction de Laure Manaudou et Philippe Lucas

VIDEO. Laure Manaudou et Philippe Lucas débattent sur le dopage dans la natation

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