Rio 2016 - Astrid Guyart, une vie entre lame et flamme
« On est toujours une seule personne. Je ne suis pas un jour ingénieure, un autre escrimeuse. L’ingénieur sert à l’escrimeuse, et inversement. » Voilà comment Astrid Guyart parle des atouts que lui apporte son double parcours. D’un côté, elle a mené des études d’ingénieur, ce qu’elle est désormais, de l’autre elle a suivi le chemin de son grand frère, Brice, double champion olympique au fleuret, pour briller sur les pistes d’escrime de la planète entière.
« Avoir mené ce double projet, cela m’a renforcé dans ma détermination, dans ma capacité à me gérer », juge-t-elle. « Et j’ai acquis la certitude que je suis capable de faire des choses que d’autres ne sont pas capables de faire. C’est aussi cela la force que mon parcours me donne. Ce que je fais à Airbus, ce que j’ai fait dans mes études d’ingénieur, peu de personnes en sont capables. C’est une force que je peux transposer sur la piste. »
Un grand jury professionnel, un déclic sur la piste
Récemment, alors que sa carrière est plus derrière elle que devant, Astrid Guyart a découvert de nouvelles transpositions entre ces deux activités. « Moi-même, cela m’étonné. J’ai réussi une certification internationale à Airbus, très difficile à avoir. J’avais notamment une présentation devant un jury de grands directeurs, à faire en anglais, qui n’a pas ma langue maternelle. « » Je me souviens avoir été hyper concentrée. Et quand je suis rentrée chez moi, je me suis dit : ‘Est-ce que tu te rappelles de l’état dans lequel tu étais ? Je me suis rappelé l’état de concentration dans lequel j’étais au moment de cette présentation. J’ai ensuite essayé de transférer cet état de concentration sur une piste d’escrime. La compétition suivante, je la remporte lors de la Coupe du monde à Gdansk. C’est étonnant. Ce que je faisais naturellement dans le travail, je ne l’appliquais pas totalement sur la piste. C’est une aptitude que j’avais en moi, et dont je ne profitais pas en escrime. » Cette victoire à Gdansk en 2015 a été sa première en individuel en Coupe du monde. « Pour moi, c’est un déclic », souligne-t-elle. « C’est un cercle vertueux », ajoute-t-elle.
Dans un monde sportif de plus en plus professionnel, Astrid Guyart nourrit-elle des regrets d’avoir été contrainte de mener deux fronts simultanés ? « C’est l’éternelle question qui restera sans réponse. Quelle aurait été ma carrière si j’avais pu mon concentrer à 100% sur l’escrime à 18 ans, âge auquel on fait quasiment tous ses progrès car c’est là qu’on est le plus malléable, là où on ingurgite tout. Mon détachement, je l’ai eu à 32 ans. Peut-être que cela aurait été différent. Peut-être me serais-je moins blessé, et donc peut-être que j’aurais progressé plus vite. Je n’aurais pas été la même personne non plus, pas avec les mêmes qualités mentales. »
En vue, la "petite mort" du sportif
L’avenir va forcément l’écarter du fleuret, pour la ramener vers les tuyères de l’aéronautique. Sa mise à disposition en vue des Jeux Olympiques s’achève au lendemain des Jeux de Rio. Après avoir pris part à ses derniers JO au Brésil, elle sait que sa vie professionnelle prendra le pas sur l’escrime. « Tous les sportifs que j’ai côtoyés, à l’arrêt de leur carrière, ont vécu une sorte de blues. Il ne faut pas les minimiser. Il y a une perte identitaire, une perte de compétence, parfois des pertes financières. Il y a une triple perte à gérer. Pour moi, la plus dure, c’est la perte identitaire. Et il y a aussi la perte de sensations. Tous les week-ends, on ressentait de l’adrénaline, quasiment une drogue naturelle, et d’un coup je peine à ressentir quelque chose de similaire. Je serai comme tout le monde. » A la différence près que son métier d’ingénieur peut lui offrir des compensations : « J’espère qu’au niveau professionnel, les challenges qui me seront proposés pourront pallier ce manque », glisse-t-elle. Avant cela, un ultime défi l'attend dans cette salle brésilienne, fleuret en main.
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