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La natation française dans tous ses états

Au lendemain de la clôture de championnats de France de natation riches en émotions, il est temps de faire un état des lieux sur les nageurs qui font ou qui ont fait les beaux jours de l'équipe de France.
Article rédigé par Thierry Tazé-Bernard
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 8min
 

Festin pour certains, addition salée pour d'autres, voici la facture du bassin dunkerkois :

Le kid : Yannick Agnel

Une tête bien faite. Un mental d'acier. Des pieds taille 50. A 19 ans, Yannick Agnel s'impose progressivement comme le nouveau patron de la natation française. Pour le "fun" et l'ivresse de la vitesse, il a abandonné le 400 m nage libre pour le 100 m et le 200 m. Antithèse du playboy Camille Lacourt, leader du dos mondial, Agnel s'est jeté avec délectations dans la fosse aux lions. En France, c'est plutôt un bassin de requins où les places valent chères. "C'était risqué ? Pas pour moi. Dans ma tête je me disais que j'en avais les capacités. Aujourd'hui, je suis premier sur 100 et 200 m, je suis vraiment content." A Londres, la médaille sera loin d'être en poche car les Australiens ont une bonne longueur d'avance sur le Français. Même en signant le 3e temps mondial cette saison (48.02), Agnel est encore à bonne distance des chronos de James Magnussen (47.10) et James Roberts (47.63). "Si je veux passer ne serait-ce qu'en finale, il va falloir travailler très dur, avoue Agnel. Sur les mêmes thématiques qu'on a déjà travaillées toute l'année, sur les points où je suis encore un peu faible. Le départ, où je me suis encore pris pas mal sur ce 100 m. Il y a encore beaucoup de choses à améliorer."

Le come-back : Laure Manaudou

Le papillon qu'elle arbore sur l'omoplate a fait sa mue. Maman épanouie et nageuse accomplie, Laure Manaudou est revenue dans les bassins pour le plaisir. Rien n'a été simple pour relancer la machine mais la championne olympique et triple championne du monde a réussi son premier pari en se qualifiant pour les JO sur le 100 m dos et le 200 m dos. Délaissant un 400 m trop éprouvant où Camille Muffat fait figure d'épouvantail, Laure Manaudou s'est recentrée sur le dos où ses chances sont plus élevées. A Londres, il lui faudra encore cravacher car le niveau est un cran au dessus. Malgré son statut, il ne faut pas voir en elle la locomotive de l'équipe de France. Trop d'eau a coulé dans les bassins depuis sa pause maternelle. Sur le plan affectif, elle rêvait de JO avec son frère Florent et son compagnon Frédérik Bousquet. Seul le premier a décroché son sésame olympique. Le second aura tout son temps pour garder Manon.

Le requin : Amaury Leveaux

On l'av ait presque oublié mais Amaury Leveaux est vice-champion olympique du 50 m nage libre. Si le Parisien a crevé l'écran à Dunkerque, c'est qu'il avait disparu des podiums pendant deux ans. Mais il faut croire que la perspective de briller à nouveau dans les bassins olympiques vaut tous les coups de fouet. Et son entraîneur Philippe Lucas se charge bien de lui rappeler quand il s'égare. "C'est les Jeux, c'est cent fois mieux que tout le reste, confirme Leveaux. Cette année, j'ai envie de faire un truc énorme. J'ai envie de dire que j'ai bien fait +chier+ toute la semaine. J'étais tout le temps sur les plots de départ, matin et soir". On l'a beaucoup vu et souvent devant. Le Parisien a ainsi validé son ticket sur 200 m libre (2e derrière Yannick Agnel), sur 50 m libre (1er) et sur les relais 4x100 m et 4x200 m libre. "J'aime bien nager et, à chaque fois, il y avait de la viande fraîche, comme ce soir. Ils venaient tous un par un et voilà, Paris a gagné !", a raconté le nageur, le verbe toujours imagé. Espérons qu'il gardera la même faim dans quelques mois.

La taulière : Camille Muffat

D'un naturel réservé en public, Camille Muffat sait où elle va. Comme Agnel, elle est en train de s'affirmer comme la patronne des bassins tricolores là où Laure Manaudou avait construit sa légende. La légende de la première championne olympique de la natation française ne s'effacera pas mais ses records oui. Car les temps de passage de la Niçoise sont excellents. A quatre mois de l'ouverture des JO, Muffat s'est appropriée deux marques nationales de son ancienne rivale. Au début de sa semaine dunkerkoise sur le 400 m nage libre (4:01.13) et par deux fois sur le 200 m (1:54.87). Ce dernier temps est la nouvelle meilleure performance mondiale de la saison, la Niçoise étant la première à passer sous la barre des 1 min 55 sec. Avec Lacourt sur le 100 m dos et dans une moindre mesure Agnel, elle représente la vraie chance de titre olympique à Londres.

Le roi déchu : Alain Bernard

Retraité à moins de trente ans. La loi des bassins a fini par rattraper Alain Bernard, champion olympique en titre du 100 m nage libre. Barré sur le 100 m et le 50 m, l'Antibois a séché tout sauf ses larmes. Repêché sur le relais en fin de semaine, il avait auparavant reçu le plus beau des cadeaux du public nordiste : une standing-ovation. "Je ressens le début de la fin d'une aventure énorme, extraordinaire, une aventure humaine hors-normes. Place aux champions. C'est à eux", a lancé Bernard qui est devenu le candidat officiel de sa fédération pour porter le drapeau tricolore lors de l'ouverture des JO.

Les absents : Bousquet, Stravius, Meynard et Rouault

Derrière les furieux du sprint, il y a eu des dégâts. Au fond de la piscine, on trouve pêle-mêle Jérémy Stravius, William Meynard et Frédérik Bousquet. Les deux premiers tombent de haut, moins d'un an après leur médaille aux Mondiaux de Shanghai (or sur 100 m dos pour Strasvius et bronze sur 100 m libre pour Meynard). Comme Alain Bernard, ils ont été repêchés par la fédération pour participer aux relais olympiques. En revanche, Fred Bousquet, dominé sur 100 m et 50 m, n'a pas obtenu le moindre strapontin, au grand désarroi de Laure Manaudou. A 30 ans, la fin de carrière n'est plus très loin. Enfin, troisième du 1500 m (15:10.09), Sébastien Rouault a lui aussi perdu de sa superbe. Le champion d'Europe a échoué à 23/100e des minima et ne sera pas du voyage à Londres. C'est la dure loi du sport.

Les 12 Françaises sélectionnées pour Londres

Coralie Balmy (400 m nage libre, 800 m nage libre, relais 4x200 m nage libre)
Alexianne Castel (100 m dos, 200 m dos)
Laura Grangeon (400 m 4 nages)
Laure Manaudou (100 m dos, 200 m dos, relais 4x100 m 4 nages)
Camille Muffat (400 m nage libre, 200 m nage libre, relais 4x200 m nage libre)
Anna Santamans (50 m nage libre)
Charlotte Bonnet (relais 4x200 m nage libre, relais 4x100 m 4 nages)
Justine Bruno (relais 4x100 m 4 nages)
Fanny Babou (relais 4x100 m 4 nages)
Ophélie-Cyrielle Etienne (relais 4x200 m nage libre)
Margaux Farrell (relais 4x200 m libre)
Mylène Lazare (relais 4x200 m libre)

Les 19 Français sélectionnés pour Londres
Yannick Agnel (100 m nage libre, 200 m nage libre, relais 4x200 m nage libre, relais 4x100 m nage libre)
Fabien Gilot (100 m nage libre, relais 4x100 m nage libre)
Damien Joly (1500 m nage libre)
Camille Lacourt (100 m dos, relais 4x100 m 4 nages)
Amaury Leveaux (50 m nage libre, 200 m nage libre, relais 4x200 m nage libre, relais 4x100 m nage libre
Florent Manaudou (50 m nage libre)
Anthony Pannier (1500 m nage libre)
Benjamin Stasiulis (100 m dos, 200 m dos, relais 4x100 m 4 nages)
Alain Bernard (relais 4x100 m nage libre)
Lorys Bourelly (relais 4x200 m libre)
Hugues Duboscq (relais 4x100 m 4 nages)
Clément Lefert (relais 4x200 m nage libre, relais 4x100 m nage libre, relais 4x100 m 4 nages)
Grégory Mallet (relais 4x200 m nage libre)
William Meynard (relais 4x100 m nage libre)
Giacomo Perez Dortona (relais 4x100 m 4 nages)
Romain Sassot (relais 4x100 m 4 nages)
Jérémy Stravius (relais 4x200 m libre)

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