Des Jeux tournés vers l'écologie
Entre rénovation "verte" de quartier, enceintes démontables et sponsors qui font tâche, les organisateurs des JO 2012 à Londres font ce qu'ils peuvent pour alléger leur facture écologique. Depuis 2004, le Comité International Olympique a fait du respect de l'environnement le troisième pilier de l'olympisme (derrière le sport et la culture). Un changement qui oblige les organisateurs à rivaliser d'ingéniosité pour alléger leur impact "environnemental". Ainsi, Londres et son budget faramineux de 11,5 milliards d'euros se doit de confirmer les promesses faites en 2005 quand la capitale anglaise faisait de ses engagements pour l'écologie l'un des points forts de sa candidature. C'est dans cet optique que le projet "Towards a One planet 2012" a vu le jour. Réunissant le gouvernement, des entreprises et des particuliers, il a pour but de dénicher les solutions visant à vivre dans les limites naturelles de notre planète. En clair, la balance écologique doit être positive à la sortie des Jeux. En 2007, la très sérieuse British Standards institution a élaboré la norme BS 8901 qui mesure l'impact environnemental de l'organisation d'un évènement. C'est peu dire que le comité olympique anglais sera surveillé de très près. Les intentions sont louables et Londres 2012 a su se mettre sur de bons rails pour respecter ses engagements. Place aux actes.
L'est londonien en tête de gondole écologique
Toutes les organisations se heurtent à la même problématique: celle du parc olympique. Loger les 204 délégations prévues n'est jamais chose aisée et le parc olympique est le point névralgique de l'évènement. Aussi, Londres 2012 s'est doté d'un parc olympique tout neuf dans l'est londonien. Le village des athlètes a vu le jour dans l'arrondissement de Newham. L'idée est bonne. L'arrondissement avait réellement besoin d'être restauré. L'endroit était sale et la rivière Lea a connu coup de jeune faisant de l'ensemble "un refuge de biodiversité" selon Kathryn Firth de la London Legacy Development Coporation, l'organisme chargé de "l'après-Jeux". Si l'idée est bonne, elle n'échappe pas à quelques critiques. Le géographe français, Manuel Appert, spécialiste de l'urbanisme londonien évalue le risque de contraste social avec un quartier défavorisé: "Le risque est de créer une enclave, comme à Canary Wharf, dans les docks rénovés de Londres, où on passe des très très riches aux très très pauvres de l'autre côté de la route". L'organisme chargé de l'après-Jeux rétorque en promettant des milliers de logements neufs (2800) dont la moitié seront réservés à des ménages en difficulté. En outre, l'ensemble bénéficiera de la plantation de 2 000 arbres, qui viennent s'ajouter à la récupération des eaux de pluies et la volonté de faire du lieu une réserve d'espèces rares à la sortie des JO. Pour certains, ces bonnes volontés vont se heurter à la réalité du marché. La moitié des logements du parc olympique a déjà été vendue au fonds souverain du Qatar, qui a plutôt intérêt à louer au prix du marché. A terme, l'est londonien est voué à voir une ville nouvelle sortir de terre. Le test pour Richard Burdett, professeur d'urbanisme à la London School of Economics, sera de voir "si on se sent dans un quartier "normal" comme le projet en a l'ambition". Pour le coup, on entre totalement dans la question de l'après-Jeux si chère au CIO.
Flamme Olympique et sponsors encombrants
Pour la construction des enceintes qui accueilleront les épreuves dans 3 semaines, le comité d'organisation a mis le paquet question respect de l'environnement. En premier lieu, le stade Olympique est "éco conçu" à coups de matériaux légers ou de béton à faibles densité carbonique. En outre, nombres d'édifices sont appelés à être démantelés après les JO, comme la salle qui accueillera le tournoi de basket olympique. Le tout pour éviter de faire exploser le budget avec des enceintes qui ne seront plus utilisées ou très peu dans les années à venir à l'image du Stade de France dont la question de l'utilisation ne cesse d'animer le sport français depuis 1998. Malgré tout, si Londres brigue la médaille d'or écologique, cette médaille a un revers. La flamme olympique qui trônera dans le stade olympique brûlera au gaz naturel au lieu du biogaz ou des copeaux de bois promis par les organisateurs. De plus, des pétitions nombreuses circulent contre certains sponsors qui dérangent à l'instar de British Petroleum mis en cause dans la marée noire du golf du Mexique. Dow Chemical n'est pas en reste. Les repreneurs d'Union Cardibe ont hérité de la catastrophe du Bhopal en Inde en 1984 qui a causé la mort de 25 000 personnes. Les sols pollués continuent à faire des victimes et Dow Chemical se refusent à faire le ménage. De quoi sérieusement entaché la réputation de Londres en 2012 en terme de respect de l'environnement.
A l'heure du premier bilan, la promesse de Tony Blair semble plutôt être tenue. Facile diront certains tant les derniers JO, notamment Pékin 2008, ont montré leurs faiblesses dans le respect de l'environnement. Malgré tout, certaines zones d'ombres ternissent l'image globale mais ne doivent pas non plus remettre en cause la volonté profonde des organisateurs d'opérer un réel pas en avant écologique.
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