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Dans les traces des supporters français

A l’heure où les supporters français commencent à rallier Sotchi, francetvsport.fr a retracé leur parcours, de l'achat des billets aux premiers check-points sécurité de la ville hôte des Jeux Olympiques.
Article rédigé par franceinfo
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Les supporters français aux JO de Londres

Ils étaient 30.000 aux Jeux de Londre il y a deux ans. Ils seront entre 700 et 1.000 à Sotchi dans quelques jours. Plus éloignée, moins familière et exposée à des menaces terroristes majeures, la ville russe peine à séduire le public français. "Les JO, ce sont des gens qui viennent de partout. C’est la fête du sport", assure pourtant Tanguy Boissel, étudiant de 19 ans en route pour ses deuxièmes JO. Séduit par l’ambiance "énorme" dans la capitale anglaise à l’été 2012, le jeune homme a remis le couvert.

1300 euros de moyenne pour deux jours

Au menu, quatre jours sur les bords de la Mer Noire pour suivre les épreuves de saut à skis, slalom géant féminin et  slalom géant parallèle. Le tout pour environ 2500 euros, dont un peu moins de 300 euros de billets. "J’ai choisi un pack tout compris parce que c’était galère de trouver des hôtels", explique Tanguy.  Pour ce faire, il a souscrit à l’offre "trois étoiles" d’Eventeam, société à laquelle le CNOSF (Comité national olympique du sport français) a délégué la gestion de la billetterie officielle. "Pour deux nuits d’hôtel, les billets d’avion et des places, il en coûte 1300 euros en moyenne, détaille Igor Juzon, directeur général de la société d’évènementiel. Ensuite, cela varie selon le prix des tickets choisis. Il oscille entre 16 et 1300 euros."

Vidéo: Sotchi en retard à J-5

Comme Tanguy, Florian Dariel, 24 ans est venu à Sotchi pour revivre "l’ambiance mémorable des JO de Londres." S’il a déboursé 150 euros pour s’offrir le droit d’assister aux compétitions de super combiné, bobsleigh à deux, short track et ski freestyle, ainsi que 611 euros pour rallier Sotchi par avion via Amsterdam et Moscou, ce tout frais diplômé vient en Russie comme volontaire. Logé gratuitement, le Lyonnais aidera les délégations sur le village olympique endurance, où vivent biathlètes et fondeurs. Une autre manière de vivre des Jeux au succès limité. Fin janvier, 1200 des 7000 billets mis en vente par Eventeam n’avaient pas trouvé preneur. Idem pour 50 packs tout compris, nécessaires pour remplir le dernier des cinq vols Paris-Sotchi de 150 places spécialement affrétés pour l’occasion.

La galère des visas

"C’était pareil à Londres, garantit Tanguy Boissel. J’avais même reçu des offres de places par mails, alors que là, rien du tout." Pour Dany Robert, membre du Comité d’organisation via son poste de rédacteur au magazine Olympic Village, le coût du voyage justifie ce manque d’intérêt du public français. "C'est quand même un budget et je pense que seuls les plus aisés pourront se le permettre." Un argument que réfute le jeune résident de la région parisienne, pour qui "ce n’est pas cher. Surtout que les hôtels, c’est pas des Formule 1 !"

En revanche, il aurait pu être rebuté par les démarches administratives pour récupérer le visa. "C’était lourd et ça a pris du temps. Il faut aller à Paris ou Marseille pour récupérer son visa. En plus, la plupart des papiers étaient en Anglais ou en Russe…" Vainqueur d’un concours pour suivre les athlètes français aux Jeux Handisports du 7 au 16 mars, Anne Vannoorenberghe abonde dans ce sens. "Il a fallu remplir tout un tas de paperasse puisqu’en plus du visa, j’ai dû obtenir un pass spectateur en complément du billet pour accéder aux épreuves, témoigne la Lilloise de 21 ans. En plus, tout était en anglais sur Internet et on n'a eu aucun retour pour savoir si tout était en ordre…"

Pas peur du risque terroriste

Pour sa part, Florian le Lyonnais a dû se rendre deux fois à Paris pour retirer son visa humanitaire. D’ailleurs, Eventeam a fait appel à des prestataires habilités pour aider les supporters français à se dépêtrer de ce mille-feuille administratif. Un service… payant. "Pour obtenir un visa, il faut seulement un certificat d’hébergement", affirme pourtant Igor Juzon. Installé en Russie depuis un an et demi, Dany a lui aussi dû obtenir une autorisation spéciale pour travailler sur le site olympique "mais les consignes du président Poutine était de faciliter le travail des étrangers à Sotchi."

Toutes ces habilitations résultent d’une politique sécuritaire affichée et assumée par le Kremlin suite aux attentats de Volgograd et aux menaces qui pèsent sur le Caucase russe. "Je pense que nous sommes dans l'endroit le plus sécurisé du monde. Certes, ça nous emm... de passer 10 fois des check points sécurité quand on se rend quelque part, mais on le comprend aussi à la vue des risques, atteste Dany Robert, professeur de français depuis son arrivée dans l’Etat-continent. On passe à chaque fois un portique, nos affaires sont scannées, on passe un scanner corporel, une palpation, on n'a pas le droit d'amener de la nourriture dans le village, ni de l'eau."

Au vue des moyens déployés pour assurer le bon déroulement de la compétition, aucun de nos cinq interlocuteurs ne craint réellement le risque terroriste. "J’ai un peu d’appréhension mais il y aura beaucoup de surveillance partout, confie Tanguy. Déjà à Londres, il y avait des militaires partout…" Présent sur place, Florian ajoute : "La sécurité est omni-présente, beaucoup plus qu'à Londres, cela est rassurant." Le jeune volontaire ressent même "une réelle effervescence autour de ces JO." Ne manque plus que les médailles…

Vidéo: Sotchi sous surveillance

Sotchi sous surveillance

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