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Roland-Garros : l'absence de Français au-delà du troisième tour "doit être difficile à vivre pour les fans de tennis", compatit John McEnroe

Comme en 2021, aucun Français n'a réussi à se qualifier pour les huitièmes de finale des Internationaux de France, alors qu'ils étaient cinq au troisième tour. "Ce n'est pas le moment le plus facile pour le tennis en France", reconnaît le champion américain.

Article rédigé par franceinfo, Jérôme Val
Radio France
Publié Mis à jour
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John McEnroe le 27 mars 2022 à Beverly Hills (Californie, États-Unis). (PATRICK T. FALLON / AFP)

Léolia Jeanjean, Diane Parry, Hugo Gaston, Corentin Moutet : ces joueurs ont fait espérer les Français pendant les premiers tours du tournoi de tennis de Roland-Garros. Un espoir de courte durée puisque la seconde semaine du tournoi du Grand Chelem démarre sans eux, lundi 30 mai. En effet, comme en 2021, aucun Français n'a réussi à se qualifier pour les huitièmes de finale, alors qu'ils étaient cinq au troisième tour. 

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La relève semble tarder au sein du tennis français. Faut-il désespérer ou peut-on être optimiste ? "C'est toujours très compliqué" de faire un champion de tennis, reconnaît John McEnroe. Le champion américain à la retraite, vainqueur sept fois en Grand Chelem, estime qu'il faut "avoir un réservoir de futurs champions plus important".

franceinfo : Quand vous voyez l’état du tennis français, avec une génération qui part à la retraite et une autre qui tarde à émerger, êtes-vous inquiet pour notre pays ?

John McEnroe : Vous sortez d’une période où il y avait quatre gars dans le Top 10 : Jo-Wilfried Tsonga, Richard Gasquet, Gaël Monfils et Gilles Simon. J'avais pensé que l'un d’eux allait gagner quelques tournois majeurs mais je ne pense pas que quiconque se soit rendu compte à quel point ils étaient formidables. En ce moment, je ne vois pas grand-chose venir. J'aime regarder Hugo Gaston et Corentin Moutet jouer parce que ce sont des petits gars qui jouent contre des grands gars. Ils doivent essayer des amortis. Ça correspond à ma mentalité. Je pense que ce n'est pas le moment le plus facile pour le tennis en France. Il y a quelques jours, j’étais avec un vieil ami à moi, vous savez, celui qui a gagné ici en 1983, [Yannick Noah]. Nous avons un peu ça aux États-Unis parce que cela fait presque vingt ans qu'un joueur masculin n'a pas gagné. Je sais que les Français aiment leur tennis, ils sont très passionnés. Cela doit donc être difficile à vivre.

Pourquoi est-ce si difficile de façonner un champion ?

C'est toujours très compliqué de faire ça. Il ne suffit pas de dire : tiens, faisons venir quelqu'un de l'île de Majorque [dont est originaire de Rafael Nadal] alors que c’était une station balnéaire quand je jouais. À mon époque, si vous jouiez contre quelqu'un de Suisse [le pays de Roger Federer], c'était un bon tirage. De toute évidence, le jeu est plus rapide que jamais. Cela signifie que vous devez être meilleur sur le plan sportif parce que les choses vont plus vite. Mais en fin de compte, lorsque vous atteignez un certain niveau, vous avez besoin de la combinaison de plusieurs choses. Si c'était aussi facile que ça, plus de gens sauraient le faire. La clé en ce moment est d'avoir plus d'enfants qui jouent au tennis pour avoir un réservoir de futurs champions plus important. C’est la même chose aux États-Unis. Nous avons besoin de plus de programmes de tennis dans les écoles. Dans mon pays, en ce moment, les meilleurs athlètes jouent au football américain et au basket-ball.

Vous êtes à la tête d’une académie à New York. Pourquoi cet investissement personnel ?

J'ai l'impression que, quand j'ai grandi, on m'a donné des opportunités que la plupart des enfants n'avaient pas pour pratiquer ce sport. Je veux créer un environnement de tennis florissant à New York, parce que le dernier joueur originaire de cette ville dont je me souviens est mon frère. Il y a eu très peu de joueurs dans cette ville et il y a beaucoup d'enfants du centre-ville qui n'ont pas les moyens de jouer. Je fais ça depuis longtemps et mon plus grand bonheur serait que certains des jeunes garçons ou filles qui sont avec moi gagnent l’US Open, Roland-Garros ou Wimbledon. On m'a beaucoup donné. Je veux donc essayer de donner une chance aux autres.

L’un des freins pour devenir champion, en France comme aux États-Unis, est justement l’argent. La banque BNP Paribas avec laquelle vous êtes associé, comme six autres académies dans le monde, donne des bourses à ces jeunes joueurs. L’aspect financier est-il si important que ça ?

Malheureusement, oui. Depuis que j'ai commencé à jouer, j'ai remarqué très vite que c'était trop cher pour la plupart des gens et ça a empiré. Il est donc encore plus important que jamais d'avoir le soutien de BNP Paribas et d’autres partenaires. Sans cela, il serait très difficile de donner une chance à ces enfants. Un jeune joueur doit pouvoir s’entrainer et voyager. Aux États-Unis, en France et partout ailleurs, un soutien financier est plus important que jamais.

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