Taekwondo aux JO 2024 : du bronze surprise à Tokyo au titre olympique attendu à la maison, l'évolution en or d'Althéa Laurin

La Française a réalisé son rêve, samedi, en finale des Jeux olympiques.
Article rédigé par Clément Mariotti Pons - avec AFP
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 4min
Althéa Laurin pose avec sa médaille d'or après son titre en finale des +67 kg lors du tournoi olympique de taekwondo des Jeux olympiques de Paris, le 10 août 2024. (DAVID GRAY / AFP)

Seule sur les tatamis du Grand Palais, tous les projecteurs braqués sur elle, Althéa Laurin se tourne vers chaque tribune, le bras levé qui tutoie le ciel. Quelques secondes plus tôt, samedi 10 août, la Française de 22 ans vient d'accomplir un exploit : en s'imposant deux manches à zéro contre l'Ouzbèke Svetlana Osipova en finale des +67 kg, elle est devenue la première championne olympique de l'histoire du taekwondo français.

Comme si cela ne suffisait pas, c'est aussi elle qui permet à la délégation tricolore de battre son record de titres sur une même édition de l'après-guerre (16), effaçant des tablettes les 15 titres d'Atlanta.

"Je savais qu'aujourd'hui, c'était mon jour"

Pourtant, loin d'effrayer la jeune femme au caractère plutôt réservé, la portée de cette victoire semble l'effleurer. Tout du moins en surface. "C'est incroyable, je n'y crois pas !", pouvait-on lire sur ses lèvres, alors qu'elle étreignait longuement son entraîneure, Gulsah Alonso Tapia, en dehors de l'aire de combat tout en jouant avec le public. Impossible de faire taire cette volonté de prolonger le plaisir dans un tel écrin, alors que les supporters français ont accompagné son sacre d'une ola continue durant la dernière minute de sa finale.

"Cela fait longtemps que je me prépare pour ça, je savais qu'aujourd'hui, c'était mon jour. Mais, comme pour toute compétition, il y a toujours une part de doute et d'incertitude, a-t-elle expliqué après son combat. Il faut pouvoir garder la tête sur les épaules, car c'est nouveau pour moi d'avoir autant de monde, il fallait pouvoir rester concentrée."

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Paris 2024 - Taekwondo : Althea Laurin devient championne olympique . (France Télévisions)

Dans quelques heures, quelques jours peut-être, nul doute qu'Althéa Laurin se refera le film de son tournoi olympique, mais aussi de son arrivée dans son sport. Lorsqu'elle est interrogée sur le sujet, elle aime à rappeler que, petite, elle devait s'inscrire au karaté, comme le lui avait demandé sa mère. Timide, elle ne s'était pas fait comprendre de l'animateur de son école à Epinay-sur-Seine (Seine-Saint-Denis), qui l'avait envoyée vers le taekwondo. Qui aurait cru que cette erreur d'aiguillage allait bâtir une championne olympique quelques années plus tard... 

Programmée pour briller à Paris

Orientée vers le haut niveau, ses titres européens et mondiaux chez les juniors en 2017 et 2018 sont des promesses dorées, de celles qu'on espère voir se concrétiser d'ici quelques années. Mais Althéa Laurin est pressée : un tournoi de qualification olympique réussi et la voilà avec son billet en poche pour les Jeux de Tokyo. A 19 ans, elle devient la plus jeune médaillée olympique du taekwondo avec une médaille de bronze. Une première bonne surprise. "Cette médaille au Japon, c'était un bon commencement, mais je savais que je voulais l'or olympique à Paris", précise-t-elle avec envie.

"Aujourd'hui, c'est un passage de témoin. Si elle continue à s'entraîner et à être sérieuse comme elle le fait, il n'y a pas de doute qu'elle pourra de nouveau décrocher l'or dans quatre ans à Los Angeles."

Pascal Gentil

double médaillé de bronze olympique en taekwondo

En trois ans – jusqu'à son titre de samedi – la jeune femme change de dimension. En 2023, elle devient championne du monde seniors à Bakou, en Azerbaïdjan. Programmée pour Paris 2024 avec un statut international bien plus reconnu, la championne originaire de la Martinique a transformé l'essai.

"Le Grand Palais a trouvé une reine, elle s'appelle Althéa Laurin ce soir et on en est très très fiers", a apprécié Pascal Gentil, précurseur de la discipline en France et double médaillé de bronze en 2000 et en 2004 à Athènes (+80 kg). Une reine qui va devoir assumer son statut de principale ambassadrice de sa discipline partout en France. Et ça tombe bien, car cela ne semble absolument pas la déranger. "Le taekwondo m'a donné beaucoup de choses dans ma vie : de la confiance, de la joie et je serais très contente qu'il y ait des enfants qui participent à cette chose magnifique qu'est ce sport", confiait-elle après son sacre.

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