JO 2022 : comment expliquer la perte de vitesse des descendeuses françaises ?
Les Françaises Laura Gauché et Romane Miradoli n'ont pas démérité lors de la descente olympique, mardi. Mais le chemin est encore très long pour les voir rivaliser avec les meilleures descendeuses de la planète.
La malédiction a encore frappé, mardi 15 février. Dans l'histoire des Jeux, une seule femme, l'Allemande Katja Seizinger (1994 et 1998), a réussi à conserver son titre en descente. Les montagnes ensoleillées mais glacées de Yanqing n'ont pas dérogé à cette règle. Même la reine de la vitesse, l'Italienne Sofia Goggia, plus déterminée que jamais malgré sa blessure au genou, n'y est pas parvenue, terminant deuxième derrière la Suissesse Corinne Suter.
Pour autant, ce n'est pas pour cette raison que les Françaises ne jouent plus les premiers rôles depuis 20 ans. Depuis le titre de Carole Montillet à Salt Lake City (2002), aucune autre femme tricolore n'est montée sur la boîte olympique. Malgré l'encourageante dixième place de Laura Gauché (26 ans) mardi, les descendeuses françaises ne pèsent plus dans la hiérarchie mondiale. Franceinfo: sport a cherché à comprendre pourquoi.
Des infrastructures insuffisantes
L'une des causes majeures de cette véritable perte de vitesse réside dans le manque criant d'infrastructures. "On a moins de pistes de vitesse qu'auparavant donc les possibilités d'entraînement sont moindres, confie Fabien Saguez, le DTN de la Fédération française de ski, surtout pour les jeunes. Parce que c'est là que ça se joue en fait, c'est la formation." Ainsi, à la différence de nations comme l'Italie et la Suisse, plus aucune station n'est aujourd'hui en mesure d'accueillir durant toute la saison une piste de descente en France.
Pendant les années 80, 90 et 2000, nous avions encore des pistes d'entraînement permanentes. Aujourd'hui, elles ont disparu pour des questions de logistique et de moyens.
Fabien Saguez, directeur technique national du ski alpinà franceinfo: sport
Carole Montillet, consultante pour France Télévisions pendant les JO, partage cette analyse. "Quand j'étais petite, à 7 ans, je faisais de la descente. Dans les clubs, on faisait de la descente sans problème car il n'y avait pas besoin de fermer une piste ou prendre des chemins improbables. On y allait comme ça, à l'arrache sans se soucier de quoi que ce soit. Maintenant, les jeunes, ils commencent la descente à 15 ans."
Plus de risques et "un peu moins de candidates"
Le retard à l'allumage s'explique aussi par l'évolution drastique des normes de sécurité. "Tu ne t'élances plus comme ça, il faut d'abord fermer puis sécuriser les pistes et avec les skis d'aujourd'hui, ça va hyper vite", poursuit la championne olympique. Si les progrès technologiques permettent maintenant d'équiper les skieuses et skieurs de spatules toujours plus performantes, les risques sont d'autant plus importants. La grave blessure de la Française Camille Cerutti, survenue mardi à l'occasion de la descente de Yanqing, le montre.
Pour Fabien Saguez, "les courses de vitesse, des disciplines à risques, ne collent plus tout à fait à l'évolution de la société". "Il y a souvent des blessures, on le voit, et quelque part ça fait un peu peur. Je pense donc qu'il y a un peu moins de candidates. Et elles s'orientent davantage vers le géant ou le slalom plutôt que la descente. Cela explique un peu pourquoi nous sommes aujourd'hui en carence en terme de densité."
Des exploits isolés et un groupe en progrès
Pour autant, et c'est aussi la magie du sport, les Françaises nous ont habitués à quelques exploits ici et là durant cette période particulièrement creuse. Si les JO ne leur ont plus réussi depuis 20 ans, Marine Marchand-Arvier en 2009 (vice-championne du monde du super-G) puis Marion Rolland en 2013 (championne du monde de la descente) ont rappelé qu'il était encore possible de briller le jour-J, l'ADN du ski alpin.
Si la stratégie du clan français tend à privilégier les épreuves techniques, il est hors de question de délaisser les descendeuses, en "constante progression", selon leur coach Marco Viale. Les belles performances de Romane Miradoli (27 ans, 13e) et Laura Gauché (26 ans) à Yanqing entrouvrent une porte vers de meilleurs lendemains. Carole Montillet y croit : les deux skieuses (notamment Gauché) peuvent "faire quelque chose dans quatre ans" lors des Jeux de Milan. Parole de championne olympique française. Et ça, ce n'est pas rien.
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