Reportage "Notre ego en prend un coup" : à 200 jours de Paris 2024, des athlètes français s'entraînent au Kenya aux côtés de "légendes"

Le Kenya, terre d'athlétisme par excellence, accueille des coureurs du monde entier en quête de préparation pour les Jeux olympiques. Une quinzaine de camps sont réservés aux athlètes à Iten, à l'Est du pays.
Article rédigé par Emma Sarango
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
L'arche à l'entrée de la ville d'Iten, janvier 2024. (EMMA SARANGO / FRANCEINFO)

Fuir le froid et la neige pour se préparer au mieux pour les Jeux olympiques. Voilà l’obsession, en ce moment, des athlètes français, à moins de 200 jours de l’échéance. Certains ont donc choisi de partir au Kenya, terre d’athlétisme par excellence. Et plus précisément à Iten, une petite ville dans la vallée du Rift, à 2 400 mètres d’altitude, devenu un paradis pour les coureurs de fond du monde entier.

À l’entrée de la petite ville, une grande arche rouge domine la seule route goudronnée, avec ces mots : "Iten, home of champions." Terre de champions, car ici, les athlètes sont les rois. "Quand vous croisez une voiture ici, elle se met dans le fossé, elle attend et les coureurs passent. Ensuite la voiture redémarre", raconte Yohan Durand.

"Ici, vous êtes un anonyme"

Le marathonien, vient ici régulièrement depuis dix ans, dans l’un des 15 camps réservés aux athlètes : "Vous passez le portail du camp, vous attendez deux minutes, vous allez forcément avoir un groupe de coureurs qui va passer et puis vous prenez le groupe, vous courez avec eux."

Le camp d'entraînement RUN'IX, janvier 2024. (EMMA SARANGO / FRANCEINFO)

Le jour est à peine levé quand le Français, comme tous les matins depuis plus d’un mois, emprunte l’une des nombreuses routes en terre rouge à la poursuite de ces camarades d’entraînement. "C'est vrai qu'on est souvent largué donc notre ego en prend un coup, assure Yohann Durand. Si vous pensiez être le meilleur coureur de France ou de je ne sais pas quoi, ici vous êtes un anonyme parmi les coureurs kényans."

Et le bénéfice est immense, d’abord parce que les parcours sont vallonnés et surtout parce que l’altitude de 2 400 m est idéale : "La quantité d'oxygène est amoindrie et du coup votre corps fabrique des globules rouges pour supporter cette carence en oxygène. Quand vous revenez ensuite au niveau de la mer, vous êtes beaucoup plus fort."

"C'est l'année ou jamais pour venir ici s'entraîner"

À 37 ans, le Français prépare le marathon de Séville, mi-février, où il espère glaner l’un des trois tickets pour les Jeux de Paris. Alors ce stage, qui lui coûte environ 3 000 euros pour cinq semaines, avion compris, est un investissement : "Moi j'aurais pu mettre beaucoup plus parce que c'est le rêve d'une vie et que c'est l'année ou jamais pour venir ici s'entraîner et faire des investissements."

Le camp d'entraînement RUN'IX, janvier 2024. (EMMA SARANGO / FRANCEINFO)

Comme Yohan Durant, à six mois des JO, les athlètes sont nombreux à faire un passage ici, confirme Romain Guilig, cofondateur du camp Runix, prisé des Français : "Les grands champions kényans viennent d'ici tout simplement. Il y a vraiment des légendes qui viennent de ce coin du Kenya et des légendes qui s'y entraînent toujours. L'exemple-type c'est (Eliud) Kipchoge qui doit être le plus connu au monde." Et les Français sont loin d’être les seuls : cette semaine, Roumains, Japonais, Norvégiens, Néerlandais, se sont croisés dans la forêt d’Iten.

Des athlètes français au Kenya, en vue des JO de Paris : reportage d'Emma Sarango

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