Paris 2024 : l'efficacité néerlandaise, la spécialisation ouzbèke... De quels pays la France peut-elle s'inspirer pour gagner plus de médailles ?

Si l'équipe de France a bien figuré au classement des médailles pour ses Jeux à domicile, elle dispose encore de marges de progression pour ceux de Los Angeles en 2028 et pourrait s'inspirer des belles réussites de 2024.
Article rédigé par Laure Gamaury
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 6min
Les Néerlandaises Kimberly Alkemade, médaillée d'argent, Fleur Jong en or et Marlene van Gansewinkel en bronze sur le podium du 100 m T64, le 6 septembre 2024 au Stade de France, lors des Jeux paralympiques. (DIMITAR DILKOFF / AFP)

Top 5 aux JO, top 8 aux Paralympiques : des résultats à la hauteur des objectifs fixés pour ces Jeux à domicile. Si l'équipe de France les a tenus, chez les valides comme pour le "match retour", elle le doit en partie à sa progression sur le taux de conversion en médailles d'or, par rapport aux derniers championnats du monde de chaque discipline.  "Quand on fait l'analyse, il y a trois ans, on est à 49% de taux de conversion, donc on perd une médaille sur deux en route, confiait à l'issue des Jeux olympiques le manager de la haute performance français, Claude Onesta. Aujourd'hui, on va terminer à 74%, donc il n'y a pas de secret."

D'après lui, cette nouvelle marotte des analystes de la performance "est une véritable complexité" à améliorer encore en vue de Los Angeles 2028. "Je mets de côté la Chine, les Etats-Unis et la Grande-Bretagne. Ensuite, il y a un deuxième groupe de pays avec les Pays-Bas, l'Italie et le Brésil. Pour moi, la France doit ambitionner de faire partie de ce groupe", déclarait la ministre des Sports démissionnaire, Amélie Oudéa-Castéra, à l'issue des Jeux paralympiques. Les Bleus doivent donc piocher dans ce qui se fait de mieux chez leurs concurrents.

La réussite néerlandaise

La palme de la réussite, tant côté JO que Paralympiques, revient à la délégation des Pays-Bas. Elle a talonné l'équipe de France olympique et terminé quatrième au classement des médailles des Jeux paralympiques. Avec, sur ces derniers, une efficacité qui a tutoyé les sommets : 56 médailles pour une délégation de 85 athlètes, dont 27 titres. Sur ces médailles d'or, 20 proviennent de trois disciplines fortes que sont le cyclisme, la natation et l'athlétisme.


Aux JO, les Pays-Bas ont terminé 6es du tableau des médailles, à un titre du pays hôte, mais avec 30 médailles de moins que l'équipe de France au total (34 contre 64). Cette moisson est le résultat d'un pari sur quelques sports pourvoyeurs de podiums au détriment des autres et d'une nation qui a le sport chevillé au corps, en témoignent les centres d'entraînements spécialisés pour les sportifs de haut niveau qui accueillent indifféremment valides comme athlètes en situation de handicap.

Pour l'heure, la France n'est pas prête à s'engager dans cette voie, comme le précisait Marie-Amélie Le Fur, la présidente du Comité paralympique français (CPSF) après les Jeux. "On n'a pas vraiment la même stratégie que (...) celle des Pays-Bas", qui ont parié massivement sur les athlètes titrables, au détriment d'une large délégation. "On a donné une chance à des primo-sélectionnés qui sont peut-être finalistes ici à Paris 2024, mais pourront devenir des médaillés dans le futur".

L'Ouzbékistan mise sur les sports de force

Enclavé au sud du Kazakhstan et entre les autres anciennes républiques soviétiques d'Asie centrale, l'Ouzbékistan et ses 35 millions d'habitants a su se démarquer pendant ces Jeux de Paris, en se hissant au 13e rang du classement des médailles olympiques comme paralympiques. Avec respectivement 13 podiums dont huit titres aux JO (pour une délégation de seulement 88 sportifs), et 26 médailles dont 10 d'or de l'autre, la délégation ouzbèke a misé sur ses points forts : les sports de combat et les lancers en para-athlétisme.

Le boxeur ouzbek Bakhodir Jalolov après sa victoire en finale des +92 kg aux Jeux olympiques de Paris, le 10 août 2024. (MOHD RASFAN / AFP)

Certains pays "ont adopté une stratégie d'ultra-spécialisation, en mettant des moyens dans quelques sports où la population excelle à l'origine, analysait le directeur de recherche à l'Institut de relations internationales et stratégiques (Iris) et spécialiste de la géopolitique du sport Lukas Aubin, pour Le Figaro [article payant] juste après les JO de Paris. C'est le cas pour les pays d'Asie centrale et du Caucase (Ouzbékistan, Kazakhstan, Géorgie, Azerbaïdjan…) dans les sports de force, plutôt que de diluer leurs efforts dans plein de sports différents, au risque de ne réussir nulle part." Résultat : aux JO, les 13 médailles ouzbèkes provenaient de sports de combat et de l'haltérophilie (dont cinq titres en boxe) et sept sur dix sont venus des aires de lancers du Stade de France pendant les Paralympiques.

Les modèles océaniens

Si l'équipe de France olympique avait réussi à transformer deux de ses médailles d'argent en or, elle aurait rivalisé avec l'Australie, 4e, qui a remporté 53 médailles, dont un tiers en natation, parmi lesquelles 40% en or. Car le pays des kangourous, démographiquement bien moins important que l'hôte parisien (26 millions d'habitants), surfe toujours sur la très bonne vague des Jeux de Sydney, qu'il a organisés en 2000, pour figurer dans le top mondial. Côté Paralympiques, c'est aussi la natation et ses six breloques dorées (sur 18 au total) qui lui permettent d'accrocher une 9e place.

Pour son voisin qui cultive le même enthousiasme autour du sport – en 2017, une étude affirmait que 86% des Néo-Zélandais considéraient que le sport de haut niveau contribuait à inculquer un sentiment de fierté envers le pays et l'identité nationale – les résultats sont aussi au rendez-vous aux JO. Avec 20 médailles, dont 10 en or, dans neuf disciplines différentes, la Nouvelle-Zélande et ses 5 millions d'habitants accrochent la 11e place du classement. C'est en revanche bien plus compliqué côté Paralympiques, avec seulement un titre pour un total de neuf podiums.

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