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Nouveau gouvernement : Paris 2024, diversité, violence… Les grands travaux qui attendent Amélie Oudéa-Castéra, la ministre des Sports

De nombreux dossiers attendent la nouvelle pensionnaire de l'avenue de France dans un quinquennat riche en événements sportifs dans l'Hexagone.

Article rédigé par franceinfo: sport, Loris Belin
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 8min
Amélie Oudéa-Castéra, directrice générale de la Fédération française de tennis, a été nommée ministre des Sports, des Jeux olympiques et paralympiques vendredi 20 mai 2022. (CHRISTOPHE SAIDI / SIPA)

À peine arrivée, les chantiers ne manquent pas pour Amélie Oudéa-Castéra. La nouvelle ministre des Sports, nommée par Emmanuel Macron sur proposition de la Première ministre Elisabeth Borne vendredi 20 mai, s'apprête à vivre un mandat musclé. Au cœur de celui-ci, les Jeux olympiques de Paris figurent parmi les principales échéances internationales sur le sol français pas seulement dans le monde du sport, mais plus largement dans l'agenda politique du deuxième quinquennat d'Emmanuel Macron.

Leur tenue est loin d'être la seule des priorités qui attend la successeure de Roxana Maracineanu. Et l'emploi du temps s'annonce serré entre dossiers urgents et travail de fond.

Paris 2024 : le devoir de bien organiser, le défi de la continuité

C'est le rendez-vous que le monde du sport en France attend depuis déjà si longtemps. La carrière d'Amélie Oudéa-Castéra restera à jamais marquée par sa présence à la tête du ministère des Sports, des Jeux olympiques et paralympiques pour la ligne droite et la tenue des JO de Paris. À moins de 800 jours de la cérémonie d'ouverture, il ne reste que peu de temps pour ouvrir de nouveaux sujets autour de l'événement. L'organisation est déjà en place depuis de nombreux mois, ne reste plus désormais qu'à poursuivre la supervision des travaux pour ce qui est des installations.

L'ambition sportive est, elle aussi, bien établie, "on doit faire beaucoup plus" que les 33 médailles ramenées de Tokyo en 2021, expliquait Emmanuel Macron au moment de tirer le bilan de l'olympiade nippone. L'Agence nationale du Sport a déjà fixé le cadre et obtenu des moyens financiers pour y contribuer. La Coupe du monde 2023 de rugby sera une simulation grandeur nature d'une manifestation de premier ordre, quelques mois avant les Jeux.

La cérémonie d'ouverture des Jeux olympiques de Paris se déroulera bien sur la Seine, comme l'a confirmé le Comité d'organisation, présidé par Tony Estanguet. Le spectacle aura lieu le 26 juillet 2024.  (France 3)

Au-delà de ces deux échéances de première partie de mandat, l'élan olympique se devra de ne pas rester une parenthèse sans lendemain. Paris 2024 devra être pour Amélie Oudéa-Castéra l'opportunité de pousser encore la promotion du sport sur tout le territoire français et pérenniser les bonnes intentions et les structures soutenues par l'Etat, comme le projet de construction de 5 000 lieux de pratique du sport évoquée par le Président de la République en octobre 2021. C'est à ce prix aussi que le sport prendra une vraie place dans les politiques publiques.

La loi sur la parité comme témoin de l'action gouvernementale

L'égalité hommes-femmes avait été dressée comme une des "grandes causes" du premier mandat d'Emmanuel Macron. L'association Oxfam, qui lutte contre les inégalités, dressait en mars dernier un premier bilan éloquent sur les résultats et les moyens encore insuffisants de l'Etat français dans ce domaine. "Le travail n'est pas fini" avait reconnu Emmanuel Macron, en plaçant l'égalité entre les genres de nouveau parmi ses priorités.

Le sport n'échappe pas à cette thématique. Amélie Oudéa-Castéra devra marcher sur les traces des derniers passages de Laura Flessel ou Roxana Maracineanu. La parité aux postes de dirigeants des fédérations sportives a été inscrite dans la loi de démocratisation du sport qui entre en vigueur en 2024 à l'échelon national. À la nouvelle ministre d'être le garant de l'application de cette disposition. Plus largement, la lutte contre les discriminations reste un combat permanent comme le montre encore récemment la polémique autour du joueur du Paris Saint-Germain Idrissa Gueye.

Au-delà de la performance, le sujet du sport-santé

Le Covid-19 et les confinements ont relancé – de gré ou d'ennui – l'intérêt d'une partie des Français pour la pratique du sport en dehors d'un cadre compétitif. De quoi influer des politiques publiques sur le sport comme outil de la prévention sanitaire ? La pratique régulière d'une activité physique contribue à lutter contre l'obésité ou limite le risque de maladie cardio-vasculaire. Le risque d'augmentation de travailleurs sédentaires avec la démocratisation du télétravail pourrait aussi inciter le ministère des Sports à agir encore davantage pour faciliter et inciter à la pratique du sport-santé.

Emmanuel Macron a par ailleurs remis sur la table la mesure d'un créneau obligatoire de pratique du sport à l'école pour les 6-12 ans, dès la prochaine rentrée. La mise en place de cette disposition devrait être un des premiers sujets brûlants pour Amélie Oudéa-Castéra, alors que de nombreuses voix s'étaient élevées sur la difficulté de pouvoir accorder ce temps dans des journées déjà denses, et avec des moyens limités.

La lutte contre les violences dans les stades et les salles toujours aussi urgente

Autre thématique dont la ministre va devoir s'emparer au plus vite, les agressions et incivilités dans les lieux de sport. Avant la reprise des saisons et après un exercice 2021-2022 émaillé de nombreux incidents en Ligue 1, des actions concrètes et une réflexion plus profonde sur la question du supportérisme en France doivent être menées. Celle-ci devra intégrer au coeur du dialogue l'ensemble des acteurs du terrain : clubs, groupes de supporters, Ultras…

Des policiers anti-émeutes interviennent dans les tribunes,lors du 32e de finale de Coupe de France entre le Paris FC et l'Olympique Lyonnais, au stade Charlety à Paris, le 17 décembre 2021.  (BERTRAND GUAY / AFP)

Cette réflexion pourrait apaiser les tensions et participer à la lutte contre la violence, notamment dans le monde amateur. Arbitres de handball tabassés à Garges-lès-Gonesse le 11 mai dernier, suspension de 24 ans prononcée contre les agresseurs d'un arbitre dans la Somme, directeur du centre de formation du Stade Rennais frappé et insulté par le père d'un joueur du club… Les évènements de la sorte se multiplient, notamment depuis la fin de la crise sanitaire.

Continuer de nouer des liens avec l'esport

Autre cheval de bataille d'Emmanuel Macron, le numérique voit sa portée dans le sport par la croissance de l'esport et de la pratique compétitive des jeux vidéo. Alors que la France compte de nombreux studios de jeux vidéo et structures esport, le président de la République a insisté sur l'importance que doit prendre la discipline dans l'Hexagone. "À nous d'en profiter pour faire le lien entre les Olympiades des deux mondes en accueillant cette année-là les plus grands événements esportifs mondiaux : un major de Counter Strike : Global Offensive, les Worlds de League of Legends et The International de Dota 2 (ndlr : soit les trois plus grandes compétitions de la discipline)" imaginait le chef de l'Etat dans une interview au média spécialisé The Big Whale le 24 avril dernier.

Le ministère des Sports devrait ainsi être en première ligne pour participer au rapprochement avec l'esport et l'institutionnaliser. L'association France esports, qui a passé une convention d'objectifs avec le ministère, l'appelait ainsi de ses vœux dans une "feuille de route" publiée à l'intention des candidats à l'élection présidentielle. "Il manque toujours à l'association ce soutien direct pourtant plusieurs fois envisagé par le Secrétariat d'état au numérique dans la période récente. (…) Notre secteur a besoin d'un représentant identifié par tous grâce à un pilotage clair assuré par l'Etat qui permettra d'encourager les territoires à s'emparer de l'esport et à se donner les moyens de développer des politiques esportives locales ambitieuses. C'est le grand défi du quinquennat qui vient."

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