La Française des Jeux devient sponsor de Paris-2024 et lance une structure d'accompagnement pour sportifs de haut niveau
Parallèlement au lancement de jeux de loterie en lien avec les JO, la FDJ, nouveau "sponsor officiel" de Paris-2024, s'engage dans le soutien aux sportifs de haut niveau.
C'est la troisième entreprise française, après EDF et BPCE, à s'engager derrière Paris-2024. La Française des Jeux devient mardi 10 décembre "sponsor officiel" de l'événement qui se tiendra en France dans cinq ans. Un investissement complété par le lancement, ce même jour, de la FDJ Sport Factory, un collectif de 27 sportifs de haut niveau emmenés par la championne paralympique de ski Marie Bochet et le décathlonien Kevin Mayer, qui vont recevoir aide financière et accompagnement pour les aider à gérer leur carrière.
27 athlètes dans la FDJ Sport Factory
Pour soutenir Paris-2024, la société commercialisera dès 2020 un nouveau programme de loterie sous forme de jeux de tirage ou de jeux de grattage. Un dispositif, dit-elle, qui "contribuera à la ferveur nationale autour des Jeux". "C’est le sens de notre contribution historique au monde sportif, que de permettre à chacun de participer aux Jeux de Paris 2024 et de contribuer ainsi à ce grand projet sportif et sociétal", indique Stéphane Pallez, la directrice générale du groupe FDJ.
Mais l’entreprise ne s'arrête pas là, puisqu'elle lance parallèlement une structure innovante pour accompagner les sportifs de haut niveau en vue des Jeux d'hiver 2022 et d'été 2024. Baptisée FDJ Sport Factory, cette "team" privée est composée de 27 athlètes, 12 femmes et 15 hommes. Des sportifs olympiques et paralympiques sélectionnés parmi plus de 1 000 candidatures, qui, durant trois ou cinq ans, vont recevoir un soutien financier de 30 000 euros par an, mais aussi tout un encadrement pour les aider à mieux appréhender leur reconversion.
Un soutien précieux aux sportifs de haut niveau
Cette nouvelle structure a un avantage financier indéniable pour les athlètes. Selon un rapport commandé en 2015 par Thierry Braillard, alors secrétaire d’Etat aux Sports, quatre sportifs de haut niveau sur dix vivent en France avec moins de 500 euros par mois. Alors bénéficier d’une bourse annuelle de 30 000 euros est loin d’être négligeable, même quand on s’appelle Marie Bochet et qu’on a à son palmarès huit titres paralympiques en ski : "30 000 euros, c’est énorme. Pour un sportif, avant d’être médaillé et médiatiquement intéressant, c’est dur. Les fédérations font de leur mieux mais après, tout ce qui est équipement, quand on n’a pas encore de partenaire matériel, il faut le payer. En ski, cela coûte très cher. Du coup, pour un jeune sportif, cela peut être un tournant dans sa carrière. Même pour des sportifs plus expérimentés, c’est important", explique l’athlète, nommée ambassadrice de la FDJ Sport Factory.
Je sais que 30 000 euros peuvent me permettre de financer un préparateur ski par exemple et donc d’avoir une expertise et une compétence supplémentaire.
Marie Bochet, quadruple championne paralympique de skià franceinfo
Le champion du décathlon Kevin Mayer abonde. Pour lui, les entreprises ont aujourd’hui un rôle clef à jouer dans le développement du sport en France : "C’est obligé, dit-il à franceinfo, il y a de moins en moins d’aides qui viennent du secteur public, il y a d’autres problèmes en ce moment… Mais on a besoin d’être soutenus pour réaliser des performances et je pense que le pays veut qu’on soit performants. Il faut donc trouver des moyens, et les moyens, pour moi, sont de plus en plus dans le privé et je pense qu’on ne s’en sortira qu’en allant chercher par-là."
Une vitrine pour l'entreprise aussi
Et cela tombe bien car les entreprises françaises s’intéressent de plus en plus au sport, souligne Christophe Lepetit, responsable des études économiques au Centre de droit et d’économie du sport. "Il y a fort à parier que d’autres acteurs voudront se mettre au diapason des pionniers avec les Jeux de Paris 2024 qui approchent", explique-t-il. Le sport devient alors une vitrine pour l’entreprise et sponsoriser des athlètes peut permettre, toujours selon Christophe Lepetit, "de communiquer autour des Jeux sans forcément être partenaire des Jeux où le ticket d’entrée est très cher. Jusqu’à maintenant, la règle 40 du CIO (Comité international olympique) interdisait à des marques et des athlètes de communiquer sur leur soutien si ces marques n’étaient pas partenaires des Jeux. Mais cette règle 40 est en train d’être remise en cause en Allemagne, en Australie mais aussi aux États-Unis. Et il n’est pas impossible qu’elle soit remise en cause de façon généralisée d’ici 2024", souligne-t-il.
Il y a donc potentiellement pour des marques une cerise sur le gâteau qui peut être intéressante.
Christophe Lepetit, économiste du sportà franceinfo
Mais Christophe Lepetit va plus loin. Selon lui, aujourd’hui, il y a de plus en plus d’entreprises et d’annonceurs qui misent sur le sport pour ses valeurs et pas seulement pour sa puissance : "On parle de plus en plus de RSE, de responsabilité sociale et environnementale, avec de plus en plus d’entreprises qui mettent en place ce type de programme. Et avoir des actions pour financer le sport ou des athlètes français me semble pleinement s’inscrire dans cette démarche en donnant du sens à l’argent qu’on investit", précise l’économiste.
"Les médailles ne sont pas toujours transférables dans un emploi"
Quant à la FDJ Sport Factory, outre l’accompagnement financier des 27 athlètes composant son collectif, la structure va également proposer tout un accompagnement social avec des formations, des accès privilégiés aux grandes écoles pour aider les sportifs à gérer leur carrière et préparer leur reconversion. C’est aussi pour cela que Kevin Mayer a voulu intégrer l’entité innovante en France : "Mon après-carrière est quelque chose qui me préoccupe énormément. Bien sûr, j’ai beaucoup de projets mais le fait de faire partie de cette structure va, je pense, m’ouvrir des portes pour avoir des formations un peu spéciales et encadrées", explique l’athlète.
Moi je n’ai pas le temps d’aller en cours et d’avoir le rythme des autres élèves, j’aimerais bien prendre des cours particuliers et là, je pense que cela va être possible.
Kevin Mayer, record-man du monde du décathlonà franceinfo
Comme Marie Bochet, il a encore en tête le témoignage de la championne olympique de judo Emilie Andéol qui racontait récemment ses mois de galère et d’errance après avoir mis un terme à sa carrière de sportive. "Il n’y a pas que l’aspect financier. Là, nous allons avoir une offre d’échanges et de rencontres avec d’autres athlètes d’hiver ou d’été, valides ou handis, hyper enrichissante, explique Marie Bochet. Ce sera un apport important sur le plan de la formation et du suivi socio-professionnel. Tout l’après est compliqué pour un sportif de haut niveau. On a une vie privilégiée durant quelques années puis le retour à une vie un peu plus standard est difficile. On se rend compte que les médailles ne sont pas toujours transférables dans un emploi", souligne l'athlète.
Des structures comme FDJ Sport Factory sont appelées à se développer dans les années à venir. Claude Onesta, en charge de la haute performance à l’Agence nationale du sport, déclarait il y a peu, dans le journal L’Equipe, avoir pour ambition "qu'en 2024, le revenu des athlètes français soit intégralement payé par les entreprises".
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