Paris 2024 : un siècle après, le "rêve" du water-polo français

Article rédigé par Jérôme Val
Radio France
Publié Mis à jour
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Le sélectionneur des Bleurs, Florian Bruzzo, donne des instructions aux joueurs, juillet 2023. (KIYOSHI OTA / EPA)
La seule médaille d’or olympique du water-polo français, c’était en 1924 lors des JO de Paris. Un siècle plus tard, les Bleus rêvent de rééditer l’exploit, à domicile, l’été prochain. Ils disputent actuellement les Mondiaux au Qatar.

L’anecdote en dit long sur l’appétit des poloïstes français et c’est le sélectionneur des Bleus, Florian Bruzzo, qui la raconte : "On a un groupe WhatsApp avec les joueurs et le staff de l’équipe de France. La photo du groupe, c’est la médaille d’or de 1924."

1924 : le seul trophée de la France en water-polo, le premier de l’histoire pour les sports collectifs tricolores. La génération 2024 ambitionne elle aussi de marquer l’histoire. "Cette équipe est capable de le faire", assure Florian Bruzzo, qui a longtemps habité près de la piscine Georges-Vallerey à Paris où a eu lieu l’exploit de 1924. "Elle l’a montré à pas mal de reprises. On a déjà battu de grosses équipes, des champions du monde en titre, des champions olympiques en titre. Ce qui nous manque, c’est la capacité de répéter les efforts dans le temps."

"Le chemin est encore long"

Il y a eu une 6e place inédite l’an passé aux Mondiaux au Japon - meilleur classement tricolore dans cette compétition. Les championnats d’Europe de 2022 avaient été réussis, même si les Bleus sont passés au travers des Euros au début de cette année. Les championnats du monde au Qatar sont une étape de plus vers cet objectif suprême : une médaille olympique. "Ça fait rêver, explique le gardien Hugo Fontani, qui évolue à Strasbourg. Ça serait magnifique de refaire cette première place, je dirais même cet exploit, 100 ans après. On sait aussi que le chemin est encore long."

A gauche, le gardien Hugo Fontani et à droite l'un des anciens Rémi Saudadier; (JEROME VAL / FRANCEINFO)

Car le water-polo revient de loin après des années de disette. Les Bleus parviennent à se qualifier pour les Jeux olympiques de Rio en 2016, ce qu’ils n’avaient pas réalisé pendant 24 ans - ils ne se sont pas qualifiés pour Tokyo 2020. Rémi Saudadier, 37 ans, est l’un des rescapés de cette aventure brésilienne et il sait, plus que quiconque, combien son sport souffre du manque de moyens pour se développer. "Il manque la professionnalisation, regrette le joueur de Noisy-le-Sec. On n’a pas tant que ça de joueurs de haut niveau et il faudrait avoir un réservoir beaucoup plus fourni de joueurs qu’on puisse appeler en équipe de France pour être meilleurs."

"Il y a beaucoup de joueurs qui sont obligés de faire des sacrifices ou des concessions sur certaines choses pour arriver à ce niveau-là. C’est très difficile d’être suivi au quotidien par un kiné, un médecin, un préparateur physique. Ou tout simplement pour avoir des créneaux pour aller à la piscine."

Rémi Saudadier

à franceinfo

Mais avant de penser à Paris, il y a les championnats du monde qui ont démarré dans l’imposant Aspire Dome de Doha au Qatar, dernière étape avant les JO en France. Les Bleus ont démarré idéalement avec deux larges succès : 16 à 11 contre le Brésil et 16 à 9 face à la Chine. Vendredi 9 février, ils sont opposés à la Grèce, avec en jeu la première place du groupe et une qualification directe pour les quarts de finale. "C’est très important pour nous parce que ça nous permet de nous évaluer encore et de savoir où on en est, détaille Hugo Fontani. On sort de championnats d’Europe un peu compliqués, il faut qu’on retrouve notre jeu. On y va pour gagner quelque chose."

"On accumule beaucoup de fatigue"

Mais le calendrier devient incongru avec trois championnats du monde en moins de deux ans, là où l’épidémie de Covid a tout bousculé. "On accumule beaucoup de fatigue pour les joueurs, s’inquiète le sélectionneur Florian Bruzzo. Ce sont des professionnels qui jouent dans des championnats classiques, avec des coupes d’Europe. Ce sont des rythmes incroyables, ils vont faire 70 matches officiels cette année, c’est beaucoup trop."

Après ces Mondiaux, les joueurs retourneront dans leur club, avant une préparation de deux mois. Le décompte olympique a démarré. Le premier match de l’équipe de France, ce sera le 28 juillet au Centre aquatique olympique de Saint-Denis.

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