JO 2022 : pourquoi vos skis n'ont rien à voir avec ceux des champions olympiques
Adaptés pour résister à des pressions extrêmes et réalisés en éditions ultralimitées, les skis des champions ont peu de choses en commun avec les spatules des skieurs occasionnels.
Quelle est la différence entre Clément Noël, champion olympique de slalom, et un néophyte en chasse-neige ? Sur le papier, les pré-requis à la glisse – une spatule, des fixations et un pied volontaire – sont identiques. Mais au-delà du talent et de l'entraînement, la différence se joue dès l'équipement.
"Un ski de compétition n’est pas construit comme celui de monsieur ou madame tout le monde. On parle là de skis très spécifiques, dédiés à environ 200 skieurs sur le circuit mondial", explique Luc Alphand, vainqueur du classement général de la Coupe du monde en 1997 et consultant pour France Télévisions.
Parce que les skis des champions sont bien plus coûteux
Pour gagner en vitesse, accroche, maniabilité, les marques se livrent bataille pour créer le meilleur "sandwich". Comprenez, la meilleure composition de ski. "Tout le monde essaye de trouver sa recette magique, constate Luc Alphand. On a un alliage de bois, de carbone et de plein d’autres matériaux qui peuvent résister à la vibration", ajoute le spécialiste de la vitesse, globe de cristal de la descente en 1995, 1996 et 1997.
Un processus de haute technologie, "qui coûte deux fois plus cher à la production qu'un ski grand public", expliquait auprès de france.info Sylvain Léandre, directeur du service course alpin au Design Center Salomon d'Annecy.
Du côté des skis paraboliques classiques, "le noyau est souvent fait dans des bois plus léger pour ne pas peser 14 kg comme des skis de descente. C'est aussi parfois de la mousse injectée dans des coques, moins chère et légère", explique Philippe Martin, chargé du ski alpin à la Fédération française de ski. Des productions qui peuvent être réalisées en grandes quantités au contraire des skis "sur-mesure" des sportifs professionnels.
Parce ce que les skis de compétition sont "inskiables" pour les néophytes
"C'est inskiable. Même des très bon skieurs ne pourraient pas skier sur les skis de Clément Noël par exemple, c'est très, très, spécifique", tranche d'emblée Philippe Martin. Les skis des professionnels sont beaucoup moins maniables : ils sont plus fins (l'équilibre est plus instable), plus lourds et droits (plus difficile d'enclencher un virage) et présentent des dimensions totalement différentes. Une petite faute de carre enverrait le néophyte tête la première dans la neige."Au contraire, les skis de loisir privilégient la glisse en toutes conditions, le confort et l'équilibre. Ils sont fait pour progresser et se faire plaisir sur toutes les pistes", ajoute le responsable alpin.
Parce que la production serait ingérable pour les équipementiers
Ils sont environ 200 sportifs à bénéficier de ces "super skis" sur le circuit mondial de la fédération internationale de ski (FIS). "Toute l'année, les meilleurs skieurs reçoivent des skis neufs, quasi quotidiennement, qu'ils testent à l'entrainement. Ils choisissent ceux qu'ils préfèrent, ceux où ils sont le plus rapide, et partent en compétition avec une quinzaine de paires qu'ils choisiront le jour-J en fonction de la température de la neige, du dénivelé de la piste et de leur forme du moment", explique l'encadrant de la FFS.
"C'est une charge de travail énorme pour les marques. La FIS encadre tout ça sinon ce serait ingérable pour les équipementiers", ajoute Luc Alphand. Le processus, très lourd en termes de production, est donc restreint à quelques skieurs. À ce jeu là, avantage au roi : "les meilleurs peuvent dire 'moi je veux ça' auprès des marques, et après, les autres ont pareil", explique Luc Alphand depuis Pékin.
Quant aux skieurs du dimanche, les marques s'en tiennent à des modèles génériques, où la structure de la semelle du ski doit pouvoir tenir la saison sur toutes les neiges et convenir à tous les gabarits.
Parce que le rayon des skis des pro est ajusté à leur épreuve
Le principal point de divergence porte en réalité sur le rayon de courbure, à savoir sa capacité à effectuer un virage plus ou moins rapidement. Les skis classiques, que l'on peut louer en station ou acheter dans le commerce, ont un rayon estimé entre 15 et 30 m. De quoi faciliter le virage avec des spatules paraboliques sans devenir trop exigeant.
Mais sur le parcours d’un slalom, les écarts entre les portes sont très serrés (entre 4 et 15 m). Conséquence : les slalomeurs ont besoin d’être agressifs pour répondre aux changements de direction rapides. Les skis sont donc bien plus petits (jusqu'à 11 m de rayon) pour se faufiler entre les portes. La taille est également ajustée avec une hauteur minimale d'1m65 chez les hommes et 1m55 pour les femmes.
En ligne droite, ce ski est moins stable et rapide. Les disciplines de "vitesse" (super-G, descente), où les portes sont plus écartées, ont donc opté pour des grands rayons (50 m). En descente, les skis mesurent au minimum 2m18 pour les hommes, et 2m10 pour les femmes.
Une ingénierie fine et complexe pour grappiller quelques centièmes à l'arrivée. Loin d'être un détail quand quatre centièmes séparent le champion olympique de Super-G, Matthias Mayer, de son dauphin Ryan Cochran-Siegle, mais pas vraiment central lors d'un schuss sur une piste bleue.
Parce que les enjeux de sécurité ne sont pas les mêmes
Derrière les pages et les pages de réglementation FIS, auxquels sont soumis les équipements des professionnels, se cache un autre enjeu : garantir la sécurité des athlètes qui s'élancent à très grande vitesse.
A haut niveau, une simple faute de carre peut vous envoyer valser à plus de 110 km/h hors de la piste. Les skis des pro comprennent donc des éléments supplémentaires pour limiter les frottements et résister aux fortes pressions. Ces derniers comportent par exemple une "plaque" fixée entre la fixation et la spatule pour favoriser une déformation uniforme du ski. Des éléments inutiles à vitesse moyenne pour le commun des mortels, qui auront davantage besoin de souplesse.
Les skis sont ainsi devenus les pièces maîtresses d'un jeu technique de haut vol, réservé aux meilleurs skieurs, pour descendre les pistes un peu plus vite, un peu plus haut, un peu plus fort.
À regarder
-
"C'est un honneur incroyable..." On a rencontré Maxence, pro du parkour et l'un des personnages mystères de la cérémonie d'ouverture de Paris 2024
-
La cantatrice Axelle Saint-Cirel entonne la Marseillaise pour clore la parade des athlètes
-
Les joueurs de l'équipe de rugby à 7 dansent leur choré au pied de l'Arc de Triomphe
-
Teddy Riner est ovationné par la foule lors de la Parade des Champions
-
La "Parade des champions" est officiellement lancée depuis les Champs-Élysées
-
Paris 2024 : revivez les 4 cérémonies en 4 minutes
-
Qui est GЯEG qui a performé à la cérémonie de clôture des Jeux paralympiques ?
-
Paris 2024 : Revivez les plus beaux moments de la cérémonie de clôture des Jeux paralympiques
-
Jean-Michel Jarre enflamme le Stade de France
-
Jeux paralympiques : les exploits et des sourires en or pour les athlètes français
-
Il est temps de dire au revoir à la flamme
-
Huit danseurs de breaking valides et handicapés font le show
-
Les porte-drapeaux français pour la cérémonie de clôture des Jeux paralympiques
-
"La Marseillaise" interprétée par le trompettiste André Feydy
-
Santa ouvre la cérémonie de clôture des Jeux paralympiques
-
Paris 2024 : historique, l'équipe de France de cécifoot championne paralympique
-
Prothèses, fauteuils roulants : comment s'équipent les athlètes pendant les Jeux paralympiques ?
-
Ces Jeunes archers du Nord découvrent le para tir à l'arc et ses champions
-
Paris 2024 : "Durant ces Jeux, on a montré que l'on pouvait faire rimer les notions de handicap et de performance..." Le bilan tout sourire de Marie-Amélie Le Fur, patronne du comité paralympique
-
Paris 2024 : il réconforte les athlètes, sensibilise les officiels au handicap... Marc ne fait pas que conduire en tant que chauffeur volontaire sur les Jeux
-
À 23 ans, il va mixer pour la cérémonie de clôture des Jeux paralympiques !
-
La para-escalade fera son entrée aux Jeux de 2028 : une innovation française permet aux personnes en fauteuil de grimper comme tout le monde
-
Paris 2024 : Aurélie Aubert, chouchou du public et nouvelle star du sport para
-
Qui est Frédéric Villeroux, légende du cécifoot ?
-
Immersion avec des collégiens invités aux Jeux paralympiques
-
Paris 2024 : l'équipe de France de cécifoot est en finale paralympique
-
Paris 2024 : nouveau doublé français en para cyclisme
-
Qui est Axel Bourlon, champion de para haltérophilie ?
-
Paris 2024 : qui est Gabriel Dos Santos Araujo, star de la para natation ?
-
Paris 2024 : des tablettes et des casques VR pour les personnes malvoyantes
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.