JO 2022 : Benjamin Cavet à la recherche du rebond en ski de bosses
Vice-champion du monde en titre, le Français, troisième des qualifications, vise la médaille à Pékin malgré un début de saison décevant.
On peut être né à Maidstone, petite ville anglaise du Kent qui a donné son nom à un cratère sur Mars, mais préférer briller sur les bosses. Et on peut même le faire en défendant les couleurs tricolores, à l’image de Benjamin Cavet. Naturalisé français en 2012, ce fils de moniteur de ski anglais a déménagé dans les Alpes françaises en 2004, lassé des hivers passés loin de la figure paternelle. Un choix inspiré puisque seize ans plus tard, le petit Benjamin est devenu grand, et pourrait même ramener une médaille d’or à la France, samedi, en ski de bosses (à suivre dès 11 heures).
“Mon début de saison n’a pas été ce que je souhaitais, comme en 2018. Mais à l’inverse de 2018, je me sens vraiment en forme ici. Je sens que j’ai toutes mes chances parce que je me sens en pleine forme.”
Benjamin Cavet
Vice-champion du monde en titre (et déjà en 2017), l’homme aux 22 podiums en coupe du monde paraît en effet à côté de ses skis depuis le début de saison avec une seule troisième place à son actif. "C’est très moyen par rapport à ce qu’il est capable de faire. Mais là ce sont les Jeux, c’est différent. Il vaut mieux foirer le début de saison et aller chercher une médaille aux Jeux que l’inverse", relativise Guilbaut Colas, champion du monde 2011 de la discipline.
Notre consultant se veut même optimiste : "Ben est largement capable d’aller chercher une médaille, il faut qu’il arrive à se relâcher, à faire abstraction de la pression pour mettre en place son run et se faire plaisir. Je le sens bien depuis quelques jours, positif. Il va faire ce qu’il a à faire."
Un outsider en or ?
Gêné par des douleurs au talon depuis le début de saison, Benjamin Cavet arrive à Pékin enfin en pleine possession de ses moyens. “J’ai l’objectif de la médaille en fin de liste, et plein d’objectifs intermédiaires à réaliser. C’est ma stratégie pour chasser les doutes : être bien présent à chaque entraînement, bien écouter les coachs, respecter les règles et les objectifs mis en place. Je me sens plutôt serein", assure le skieur de Châtel. Après la révélation à Sotchi (8e), la déception à Pyeongchang (25e), la troisième participation de Cavet aux Jeux doit être la bonne prévient-il : "J’en ai tiré beaucoup de leçons que j’applique cette année.”
Apparu serein à l’heure d’aborder les qualifications (ponctuées par une troisème place et une qualification directe pour la finale), Benjamin Cavet s’avance dans le portillon en tant qu’outsider face à l’ogre canadien Mikaël Kingsbury, tenant du titre, mais aussi au Japonais Hiroshima Ikura et au Suédois Walter Wallberg. Un statut idéal estime Guilbaut Colas : "C’est bien pour Ben, il aura beaucoup moins de pression. Ce n’est pas plus mal".
Le bosseur est d’autant plus détendu qu’il a enfin pu rallier Pékin, en dépit de son talon capricieux et surtout de la pandémie de coronavirus : "Cela a été le stress toute la saison. Les symptômes de fatigue et de courbatures, ça correspond au sport de haut niveau donc on vit un peu en stress permanent. Une fois ici, c’est moins contraignant que ce à quoi je m’attendais".
“J’ai eu une coupure avant les JO. Cela m’a permis de me reposer, de faire des soins. J’arrive ici dans la meilleure forme de ma saison.”
Benjamin Cavet
Il n’en faudra pas moins pour le Français, qui semble avoir trouvé l’équilibre à 28 ans. Peut-être grâce à sa pratique du golf : “J’adore ça, la journée avec les potes en nature, et progresser sportivement. Il y a pas mal de similitudes avec le ski de bosses. Il faut faire quelque chose qu’on maîtrise dans un environnement différent. Quand on est sportif de haut niveau, on a envie que ce soit bien tout de suite, donc rester débutant dans un autre sport, c’est bien.” C’est donc un jeune homme apaisé qui s’avance vers sa troisième course olympique.
Apaisé, et motivé : “On a des coachs qui étaient isolés depuis des semaines loin de leurs enfants et de leurs femmes pour venir ici. C’est quelque chose qui me motive, on a envie d’honorer ça. On a envie que ça débute.” Histoire aussi d’enfin sortir de cette bulle sanitaire : “C’est strict, mais mais ça ne change pas grand-chose. On n’allait pas faire la bringue avant notre épreuve quoi qu’il arrive.” Avant, non, mais après, on l’espère.
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