Interview Golf aux JO de Paris 2024 : "On représente quelque chose de plus grand que nous", mesure Céline Boutier, qui vise la médaille d'or

La Française Céline Boutier est l'une des deux golfeuses tricolores engagées aux Jeux olympiques de Paris, avec Perrine Delacour, de mercredi à samedi.
Article rédigé par Emmanuel Rupied - à Guyancourt
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5min
Céline Boutier lors de la remise du trophée après sa victoire à l'Evian Championship, le 30 juillet 2023 en Haute-Savoie. (MILLEREAU PHILIPPE / KMSP / AFP)

Quelques heures plus tôt, elle a pu repérer le parcours du golf national de Guyancourt (Yvelines) en tenue de gala. Pour la première fois, Céline Boutier et les autres Tricolores engagés lors des Jeux olympiques de Paris, Perrine Delacour, Victor Perez et Mathieu Pavon, ont pu essayer les tenues qu'ils arboreront durant la compétition, à partir de mercredi 7 août. Comme à la maison, la Française, 6e joueuse mondiale, s'est confiée à franceinfo: sport, pour évoquer ses deuxièmes Jeux et ses objectifs, dorés.

Franceinfo: sport : Quel sentiment domine avant ces Jeux olympiques à domicile ?

Céline Boutier : C'est une échéance importante, je l'avais en vue dès 2021 après les Jeux de Tokyo. C'est difficile à décrire, car très peu d'athlètes ont cette opportunité de représenter leur pays et de le faire chez eux à domicile. Le fait de représenter la France et d'avoir une chance de gagner une médaille, c'est quelque chose de tellement énorme !

Vous avez la chance de bien connaître le parcours...

Le Golf national a évolué énormément depuis les premières fois où je l'ai joué quand j'étais au Pôle France. C'est un parcours super exigeant. Le connaître ne suffit pas pour performer. Il va vraiment falloir être en forme surtout sur le long jeu. Entre l'eau, le rough [herbe autour des fairways] épais, il faudra bien gérer les attaques de green ! Les conditions climatiques peuvent aussi tout changer. Mais ça va être un beau challenge. Il est parfait pour un événement de cette envergure. Il pourrait y avoir un Majeur ici...

"C'est quelque chose de rare de jouer les Jeux olympiques. On a l'opportunité de représenter quelque chose de plus grand que nous. Ici on fait partie d'un groupe d'athlètes français, ça va au-delà du golf et c'est pas donné à tout le monde, c'est un privilège."

Céline Boutier, 6e joueuse mondiale

à franceinfo: sport

Comment avez-vous appréhendé votre changement de statut après votre victoire à Evian en 2023 ?

Franchement, ce n'était pas un gros changement personnel, mais l'attention médiatique a été importante. J'ai été surprise de l'impact qu'a eu ma victoire à Evian dans les médias en général. J'ai été flattée qu'il y ait plus d'intérêt, mais ce n'était pas la joie absolue parce que je n'aime pas non plus trop faire ça [les interviews]. C'est sympa que les gens s'intéressent au golf, à mon parcours et qu'ils se sentent inspirés. Après, j'ai un peu de pression, même si j'essaie de ne pas me focaliser là-dessus. 

Vous vivez une saison plus compliquée sur le plan sportif, comment l'expliquez-vous ?

C'est vrai que c'est plus compliqué pour moi, parce que je n'ai pas réussi à bien performer. C'était décevant, mais j'espère changer ça et être au top à Saint-Quentin [en Yvelines, le site du Golf national]. Je n'ai pas eu de coupure à l'intersaison et j'ai enchaîné pas mal les tournois. Je n'ai pas réussi à me sentir à l'aise sur les parcours. Dans le golf, il y a des hauts et des bas tout le temps, mais il n'y a rien de "cata", même si ce n'est pas à la hauteur de mes espérances.

Céline Boutier lors de la remise du trophée après sa victoire à l'Evian Championship, le 30 juillet 2023 en Haute-Savoie. (FABRICE COFFRINI / AFP)

Comme avez-vous géré psychologiquement votre ascension ?

Ce qui me motive, c'est la compétition, car il faut savoir se gérer émotionnellement. Le golf à un certain niveau, c'est très psychologique. C'est un contrôle sur soi-même, sur ses pensées, ses émotions, c'est un challenge tellement intéressant sur lequel tu n'auras jamais le dessus. Ce contrôle, tu peux l'avoir sur une semaine, mais la suivante, ça n'est plus le cas. J'ai une coach mentale [Meriem Salmi, la psychologue qui suit de nombreux sportifs, dont Teddy Riner] qui m'accompagne pour m'aider dans ce secteur. C'est quelque chose d'essentiel, tu ne peux que gagner à apprendre sur toi-même et à te gérer émotionnellement.

Vous avez l'étiquette de bosseuse, voire de stakhanoviste des parcours, partagez-vous ce sentiment ?

Je ne me décrirais pas comme une bosseuse. Pour arriver là, tu ne peux pas compter que sur ton talent. Tout le monde travaille et je vois beaucoup de joueuses qui travaillent bien plus que moi ! Ce n’est pas quelque chose qui me caractérise personnellement. 

Quel est votre objectif à Paris ?

Je veux décrocher une médaille, l'or de préférence [rires] ! Ça fait quelques années que je pense à ces Jeux à Paris. Ils font partie de mes objectifs et je ne vais pas en changer parce que je n'ai pas réussi à bien jouer cette année.

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