Football aux JO 2024 : l'élimination de l'équipe de France féminine sonne le glas d'un mandat au goût d'inachevé pour Hervé Renard
Toujours pas au niveau du gratin mondial. Candidate autoproclamée au podium des Jeux, l'équipe de France a été éliminée dès les quarts de finale de son tournoi olympique, samedi 3 août, après une défaite frustrante contre le Brésil (0-1) à Nantes. Une déconvenue de plus pour les Bleues, qui marque la fin de l'aventure d'Hervé Renard à la tête de la sélection. Comme il l'avait annoncé le 20 mars dernier, le sélectionneur va quitter ses fonctions en fin de contrat. Alors que l'objectif fixé par la Fédération était d'enfin aller chercher une médaille à Paris 2024, son mandat se conclut sur un nouvel échec.
"J'étais venu pour atteindre une demi-finale et ce soir, on n'a pas passé le cap. Il faut analyser sobrement les choses : cette équipe a tout fait. Si vous voulez dire que c'est un échec, dites-le... Ce sont vos mots, je les comprends, a-t-il lâché, ému aux larmes en zone mixte après le revers. Il y avait vraiment des gens de grande valeur avec moi et ils pleurent ce soir. J'ai eu tout ce qu'il fallait autour de moi et je n'ai pas réussi."
Comme un retour au point de départ
Au moment de dresser le bilan de ses seize mois sur le banc tricolore, l'impression laissée est celle d'un éternel retour au point de départ. Sur le plan sportif, il n'y a guère qu'une qualification en finale de la Ligue des nations fin février à mettre au crédit du technicien de 55 ans. Une première dans l'histoire des Bleues en compétition officielle qui s'est révélée très amère après la leçon reçue contre l'Espagne à Séville (0-2). Pour le reste, la sortie en quarts de finale de la Coupe du monde 2023 contre l'Australie (0-0, t.a.b. 6-7) et le ticket composté pour l'Euro 2025 – "un objectif obligatoire" selon Hervé Renard malgré un groupe relevé – n'ont pas révolutionné le quotidien de cette équipe, qui aspirait à plus au vu de son 2e rang Fifa.
A l'image de Bruno Bini, Philippe Bergeroo, Olivier Echouafni et Corinne Diacre avant lui, le double champion d'Afrique s'est heurté au plafond de verre des Bleues, éliminées aux portes des demi-finales comme lors de sept des huit dernières compétitions. Une telle récurrence qui ne peut s'expliquer que par des questions de management. "Moi, j'ai fait ce que je savais faire, sans forcément tout bien faire. Mais c'est aux joueuses d'aller chercher dans leurs tripes. Si vous jouez les JO et que vous n'avez pas conscience que vous avez une chance inouïe… c'est inquiétant", rappelait justement Hervé Renard à son groupe, déjà sous la pression d'une sortie précoce au premier tour.
"Je sais qu'on a déçu les supporters, on a déçu la France. Paradoxalement, c'est la première fois que j'ai senti l'équipe aussi soudée, aussi positive. On s'est donné des bonnes ondes mais ce n'est pas passé aujourd'hui", a regretté Sakina Karchaoui, prenant sa part de responsabilité dans ce nouveau camouflet après son pénalty manqué. "Le coach a tout donné, ce soir on ne lui a pas rendu", s'est encore désolée Marie-Antoinette Katoto.
Reste que le détachement affiché par Hervé Renard depuis le début de ces Jeux a questionné sur son état d'esprit, pas aussi conquérant qu'à l'accoutumée. De quoi rappeler les interrogations nées après son souhait d'effectuer un prêt en Côte d'Ivoire pour terminer la CAN en janvier. Ce qui avait déclenché l'ire d'anciennes joueuses comme des suiveurs du football féminin malgré le refus de la FFF.
Celui qui se présentait initialement comme un "VRP du football féminin" n'avait en réalité plus caché ses envies de retourner auprès d'une sélection masculine dès l'automne dernier, tout en se disant régulièrement surpris par l'émotivité de ses joueuses. "Je retiendrai le management un peu plus souple que j'ai eu, je me suis adapté. Est-ce que je l'ai bien fait ? Je ne sais pas. J'ai certainement fait des maladresses. Peut-être que je ne me suis pas exprimé de la meilleure des façons certaines fois. Mais j'ai pris énormément de plaisir à ce poste", assurait-il avant les JO.
Plus d'humain mais aussi plus de flou
Par ses discours fédérateurs, parfois musclés, le Savoyard a tout de même ramené un climat plus apaisé qu'à sa nomination le 30 mars 2023, rompant avec plusieurs années de frictions entre sa prédécesseure et les Bleues. "Depuis le début, le coach a instauré une unité dans l'équipe", rappelait ainsi Delphine Cascarino mardi.
"C'est un meneur d'hommes. Il a toujours les mots justes. On échange et on se dit les choses avec honnêteté, pour avoir une relation saine, c'est la base. Il a beaucoup apporté dans le groupe, son expérience et son ouverture d'esprit. Aujourd'hui, il a fait progresser le football féminin par son image."
Sakina Karchaouià franceinfo: sport début juillet
Le choix de l'entraîneur de réintégrer les bannies de l'ère Diacre, dont Eugénie Le Sommer et Amandine Henry, avait ainsi aidé à remettre de l'humain dans le groupe à son arrivée. Deux éléments qui n'ont finalement pas été décisifs durant ces Jeux, la faute à des pépins et une forme fluctuante. Dans la même veine, l'identité des Françaises n'a pas servi. Sur la saison écoulée, le Cannois d'adoption et son staff ont construit leur jeu en capitalisant sur les retours de blessures de longue durée de cadres, comme Griedge Mbock, Marie-Antoinette Katoto et Delphine Cascarino.
Grâce à l'expertise du coach des gardiennes Gilles Fouache, l'équipe était passée maître dans l'art des coups de pied arrêtés (13 buts sur les 19 marqués entre le Mondial et les Jeux) en plus de compter sur une défense solide, à défaut d'être enthousiasmante. Deux armes qui ont étonnamment disparu dès le début des JO. Alors qu'il va succéder à son ami sur le banc des Bleues, comme confirmé par Radio France dimanche, l'adjoint Laurent Bonadéi pourrait néanmoins être tenté de retrouver ce style pour le faire perdurer d'ici à l'Euro dans un an. Comme une suite au roman de Renard.
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