Escrime aux JO de Paris 2024 : "Le bilan est très bon, mais il manque de médailles d'or", regrette le directeur technique national de la fédération

Jean-Yves Robin, le directeur technique national (DTN) de la Fédération française d'escrime, est revenu sur la réussite et les regrets de l'escrime tricolore aux Jeux à la maison.
Article rédigé par Maÿlice Lavorel
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 5min
Les Françaises Sara Balzer et Manon Apithy-Brunet sur le podium du sabre féminin, lors du tournoi d'escrime des JO de Paris 2024, le 29 juillet 2024. (LECOCQ CEDRIC / KMSP / AFP)

Des satisfactions et quelques regrets, avec sept médailles dont une en or. Quelques jours après la fin des épreuves d'escrime aux Jeux olympiques de Paris, le directeur technique national de la Fédération française d'escrime, Jean-Yves Robin, a livré, auprès de franceinfo: sport, son bilan des compétitions pour le clan tricolore et sa discipline, historiquement la plus pourvoyeuse de médailles aux Jeux en France (130 avec les 7 de Paris).

Franceinfo: sport : L'escrime française a apporté sept médailles à la délégation française lors de ces Jeux de Paris. Que retenez-vous en premier lieu de ces Jeux ? 

Jean-Yves Robin : Sur le point de vue comptable on a sept médailles, ce n'est pas négligeable, on égale notre record de médailles obtenues dans une édition des Jeux olympiques, puisqu'on avait fait ce score-là à Atlanta en 1996. On avait toujours le traumatisme de Londres où on n'avait fait aucune médaille. Il y en avait eu trois à Rio, cinq à Tokyo, là on est à sept, donc ça signifie que l'escrime française se redresse, montre qu'elle est redevenue omniprésente, toutes armes confondues, dans le paysage mondial. 

Ce bilan est très bon mais il manque de médailles d'or. On a quatre médailles d'argent quand même. Ça signifie qu'on a réussi à se hisser en finale, mais ça ne s'est pas toujours joué en notre faveur. Parfois même à très peu de choses, puisqu'on perd deux médailles d'or à la mort subite. Il nous a manqué le petit point de réussite qui nous fait basculer de l'argent à l'or. Si on fait sept médailles avec trois médailles d'or, le bilan est brillantissime. 

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On aurait pu avoir un bilan beaucoup plus important en termes de médailles, plus qualitatif. On a quand même fait sept médailles, ce qui est non négligeable parce qu'on a traversé une période un peu tumultueuse. On arrive quand même à être très compétitifs. 

Vous parliez de ces finales perdues, c'est un des regrets de ces JO de ne pas avoir su transformer ces occasions-là ?

C'est vrai que si on avait gardé le même bilan comptable et qu'on avait une ou deux médailles d'or en plus, on serait plus que ravis. Surtout qu'on avait un engouement populaire avec nous dans une enceinte comme le Grand Palais, tout était réuni pour qu'on soit performants. C'est bien qu'on ait fait sept médailles, on a répondu au soutien populaire qui était aussi impressionnant, 8 000 personnes on n'avait jamais connu ça en escrime. 8 000 personnes qui chantent la Marseillaise tous les quarts d'heure, qui vous encouragent, forcément ça met une pression non négligeable sur l'adversaire.

Peut-être que certains de nos tireurs se sont aussi sentis impressionnés par cet engouement populaire et ont peut-être voulu répondre plus qu'ils n'auraient dû. Ils sont peut-être sortis un peu de la rencontre par moments. En tout cas, c'était un "home advantage" qui n'était pas négligeable, on se devait d'être présents et on l'a été, sur presque toutes les sessions.

Y a-t-il aussi des regrets de ne pas avoir décroché de titres dans les compétitions par équipes ?

On avait de grosses attentes sur l'épée hommes par équipes et le sabre femmes par équipes. On aurait pu au moins espérer, même en n'étant pas performants, faire une médaille de bronze. On avait des équipes classées entre la première et la quatrième place mondiale, donc on était relativement bien placés pour atteindre le podium dans toutes les armes. 

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Après, les Jeux olympiques sont l'histoire d'une journée, il n'y a pas de mise en train, de match d'échauffement, on est face à un adversaire et au bout de 45 touches certains ont terminé leur compétition et leur préparation de quatre ans. Ça met une pression supplémentaire. C'est peut-être là où on a eu quelques manques. On va prendre le temps de faire des analyses suffisamment fines pour voir comment mieux se préparer pour les prochains Jeux olympiques de Los Angeles, pour que l'on soit dans un même niveau compétitif, mais avec encore plus d'ambition.

Il y a aussi eu des belles histoires, comme la première médaille d'Auriane Mallo-Breton, la finale 100% française en sabre féminin…

Et il y a ce petit côté "cocorico" qui me plaît bien, la 44e médaille de l'équipe de France olympique c'est le fleuret hommes par équipes qui l'a apportée. La bascule pour être dans l'histoire, pour battre l'ancien record, c'est l'escrime qui le fait. Ce petit clin d'œil, en étant le plus gros pourvoyeur de médailles aux Jeux, de faire nous-mêmes la bascule pour battre le record, je trouve ça sympa.

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