Reportage Athlétisme aux JO de Paris 2024 : le sauteur en hauteur Gianmarco Tamberi en quête d'un dernier frisson olympique

Diminué, le fougueux italien a tout de même réussi à se qualifier, mercredi, pour la finale de la hauteur. Pas de show démesuré pour "Gimbo" pour ce qui sera certainement, samedi, son dernier rendez-vous olympique.
Article rédigé par Simon Bardet - au Stade de France
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 4min
Gianmarco Tamberi lors des qualifications de la hauteur, le 7 août 2024 au Stade de France, à l'occasion des Jeux olympiques de Paris 2024. (BEN STANSALL / AFP)

Il est 10h37 quand sonne l’heure de la résurrection. Gianmarco Tamberi apparaît devant le sautoir et sur les écrans du Stade de France. Le champion olympique en titre a choisi le thème de son spectacle en débarquant les bras en croix, mercredi 7 août, à l’occasion des qualifications de la hauteur.

Malgré la perte de son alliance dans la Seine lors de la cérémonie d’ouverture, et en dépit d'une hospitalisation il y a trois jours pour un "probable calcul rénal", l’Italien est bien là.

Tamberi, un monument en péril

"Ce sera probablement la compétition la plus difficile de toute ma vie. La question n’est plus de savoir comment je vais, mais ce que je vais pouvoir faire", avait-il prévenu sur ses réseaux sociaux, lundi soir. "Gimbo" a tout tenté pour être au rendez-vous de l'histoire. "Je savais que prendre des antibiotiques – ce que j'ai fait – signifiait compromettre mon concours d'une manière ou d'une autre, parce qu'ils affaiblissent l'équilibre. J'ai pris un risque", explique-t-il ce mercredi. 

Paris 2024 - Athlétisme : Gianmarco Tamberi sera au rendez-vous de la finale

Position christique, regard inquiet, "Gimbo" ne peut s’empêcher de haranguer une foule qui ne demande pas mieux. Le sauteur ressuscité redevient, le temps d’un instant, le gladiateur showman dans le Colisée de Saint-Denis. 

Un combattant diminué, qui franchit sous les vivats de la foule 2,20 m, puis 2,24 m au premier essai. Une sinécure pour celui a franchi 2,37 m cette saison en finale des championnats d'Europe à Rome ? Pas vraiment, car à moins d’être le roi de la Commedia dell’arte – il a montré à Rome qu’il savait y faire –, Gianmarco Tamberi souffre.

Paris 2024 - Athlétisme : Tamberi vole au secours de Barshim

D’habitude bondissant et aérien, l’Italien ménage ses forces et son énergie. Sauf pour porter secours aux autres. "Si un membre souffre, tous les membres souffrent avec lui", écrivait Saint-Paul. Son meilleur rival Mutaz Barshim se blesse au mollet, Gianmarco Tamberi vole à son secours. "Mutaz est avant tout un grand ami. J'ai vu tout de suite après mon saut qu’après son essai, il se touchait le mollet. J'ai eu l'instinct d'aller le voir comme le ferait n'importe quel ami d'une autre personne qui a des problèmes", assure "Gimbo".

Un dernier chef-d'œuvre avant la retraite 

Le Qatarien, qui a partagé l’or olympique avec l’Italien à Tokyo, passe finalement bien 2,27 m et sera, selon son ami, "suffisamment en forme samedi pour viser le titre". Tamberi, lui, échoue trois fois à cette hauteur et s'arrête à 2,24 m. "Je suis désolé de ne pas avoir pu faire ne serait-ce qu'un saut correct aujourd'hui, c'était un désastre d'un point de vue technique, reconnaît-il. Ces trois jours ont beaucoup affecté mon approche mentale, ma positivité, mais j’ai envie de tout remettre à zéro et de repartir sur l’homme que j'étais il y a cinq jours. Cette petite parenthèse est terminée." 

"L'ambiance, c'est de la folie. C'est l'un des plus beaux stades dans lequel on n'ait jamais concouru. Cette couleur, ce stade plein le matin, ces qualifications avec beaucoup d’énergie… J'ai l'impression de concourir en Italie tellement je suis applaudi, tellement je suis soutenu."

Gianmarco Tamberi, champion olympique 2021 en saut en hauteur

à franceinfo: sport

Pour autant, avant la fin du concours, il reste prostré sur le tartan violet du Stade de France, avant d’observer ses adversaires. Qui butent à 2,27 m, eux aussi. "Tout ce que je peux faire, c’est attendre et prier… Je ne mérite pas tout ça, j’ai tout fait pour ces JO, tout", expliquait Tamberi avant son entrée en lice. Les dieux de l’Olympe l’ont entendu : il disputera bien la finale de la hauteur, pour ce qui sera "à 99,999%" son dernier rendez-vous olympique.

Dans l'espoir de rééditer la performance de Tokyo ? "La Joconde n'a été peinte qu'une seule fois, nous ne la referons pas. Ce moment au Japon restera indélébile. Samedi, on s'amusera à voir qui peindra le mieux ce nouveau tableau", philosophe Tamberi, bien décidé à créer un nouveau chef-d’œuvre.

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