Noah Lyles, le nouveau champion olympique du 100 m qui veut faire de l'athlétisme un spectacle

Expansif sur et en dehors de la piste, l'Américain de 27 ans, vainqueur d'un souffle dimanche sur la ligne droite, s'est donné pour mission de faire grandir la popularité de son sport.
Article rédigé par Anaïs Brosseau - envoyée spéciale au Stade de France
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 5min
Noah Lyles célèbre son titre olympique sur 100 m avec une référence à un manga, le 4 août 2024. (KANAME MUTO / AFP)

Il comptait sur une médaille d'or olympique pour faire connaître son visage et l'athlétisme. L'histoire est en marche. A l'issue d'une finale ultra-serrée et rapide, Noah Lyles s'est imposé en 9"79, nouveau record personnel à la clé, dimanche 4 août. Après que la photo-finish a délivré son verdict, il fallait le voir brandir son dossard, l'air de dire "retenez mon nom". Ce premier titre aux Jeux olympiques est synonyme pour l'Américain de 27 ans d'une première brique dans le plan qu'il s'est fixé pour dépasser le roi Usain Bolt : remporter à Paris quatre médailles d'or, sur 100, 200, 4x100 et 4x400 m.

Mais au-delà de sa propre personne, Noah Lyles rêve surtout que ses performances servent une cause : faire grossir la popularité de son sport. Aux Etats-Unis, l'athlétisme n'émerge sur la scène médiatique que tous les quatre ans. Et rares sont les athlètes dans le monde à être de véritables stars, riches de contrats avec de nombreux sponsors. "Les JO sont une magnifique plateforme pour que j'aide à faire grandir ce sport. Pour que les gens me remarquent, j'ai besoin de cette médaille d'or", posait Noah Lyles avant son entrée en lice dans l'arène du Stade de France. 

Améliorer la visibilité de l'athlétisme

Après sa victoire, il répétait en conférence de presse l'importance "de rendre accessible l'athlétisme". "Il s'agit d'un sport mondial, il faut que le monde puisse le regarder." Noah Lyles fait partie des premiers athlètes à avoir apporté leur soutien à l'idée, portée par la légende de l'athlétisme américain Michael Johnson, de création d'une sorte de ligue professionnelle avec des formats de course pensés pour la télévision et de copieux émoluments promis aux sportifs.

Spécialiste du demi-tour de piste – il a décroché son premier titre de champion du monde sur cette distance en 2019 –, Noah Lyles a commencé à basculer sur la ligne droite à partir de 2022, avant de connaître la consécration l'an passé. A Budapest, lors des Mondiaux 2023, Noah Lyles a réalisé un superbe doublé individuel 100 et 200 m. Usain Bolt était le dernier à l'avoir réalisé, en 2015. Cette nouvelle spécialisation l'a fait basculer dans une autre dimension, tant l'attention médiatique est d'abord concentrée sur les rois du 100 m.

L'émotion de Noah Lyles, sur le podium du 100 m, des Mondiaux 2023, à Budapest. (FERENC ISZA / AFP)

Showman, Noah Lyles a très mal vécu la période de pandémie et les compétitions dans des stades vides. Il a traversé les Jeux de Tokyo comme un fantôme. Tombé ensuite en dépression, il a parlé  ouvertement de ses problèmes de santé mentale. Sa médaille de bronze olympique de 2021 sur le 200 m lui reste toujours à travers la gorge. "C'est un performeur, il aime les feux de la rampe, l'attention, le spectacle. Il n'y avait rien de tout ça à Tokyo. C'était un poisson sorti de l'eau", a décrit sa préparatrice mentale Diana McNab auprès de l'AFP.

Mangas, mode, musique

Alors quand les spectateurs ont pu regagner les gradins, l'athlète a multiplié les artifices pour faire le spectacle. Amoureux de la mode, de musique, dessinateur à ses heures perdues et féru de mangas, Noah Lyles se plaît à amener ces mondes sur la ligne de départ. Il est ainsi connu pour ses tenues de luxe lors de ses arrivées en compétition, quand ses concurrents arborent des survêtements. Aux dernières sélections olympiques américaines, il a aussi sorti des cartes du manga Yu-Gi-Oh avant et après ses courses et fait son entrée aux côtés du rappeur Snoop Dogg, présent dans le Stade de France dimanche pour l'applaudir. Autre clin d'œil à son amour des animés japonais, il a célébré son titre olympique en répétant le geste d'un héros de Dragon Ball

"Il a le côté fantasque, spectaculaire, show-man, beau gosse, intelligent et brillant en interviews qui peut en faire une star et d'ailleurs, c'est déjà une star. Tous les finalistes du 100 m sont des stars ici. Ce n'est pas pour rien qu'une grande plateforme en a fait une série", fait remarquer Maryse Ewanjé-Epée, consultante athlétisme pour France Télévisions. Netflix ne s'est en effet pas trompé en choisissant Noah Lyles comme protagoniste de sa série Sprint, consacrée aux coureurs et coureuses les plus rapides de la planète. Les caméras de la plateforme américaine le suivaient d'ailleurs encore à Paris. "Sprint est sorti et a fait un travail remarquable. Cela a permis de [mettre en lumière] nos noms. On doit maintenant se servir de cela", a appuyé Noah Lyles, après sa victoire.

Si son attitude plaît autant qu'elle agace, le sprinteur américain se moque de l'avis de ses concurrents. "Lorsque je partirai à la retraite, je veux avoir transformé l'athlétisme pour toujours grâce à mes performances sur la piste, mais je veux aussi qu'on se souvienne de moi comme du plus grand showman de l'histoire de ce sport", assume-t-il. Il aura l'occasion de refaire parler de lui dès lundi soir, lors des séries du 200 m.

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