Athlétisme aux JO de Paris 2024 : il y a 40 ans, les femmes disputaient le marathon olympique pour la première fois

Dernière épreuve d'athlétisme au programme, dimanche, le marathon olympique féminin fête ses 40 ans à Paris.
Article rédigé par Julien Faure
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 5min
Joan Benoit Samuelson en route vers la médaille d'or lors du marathon olympique des Jeux de Los Angeles, le 5 août 1984. (AFP)

Le 5 août 1984, elles étaient 50 pionnières à quitter le stade olympique du Los Angeles Memorial Coliseum pour le premier marathon olympique féminin de l'histoire. Dimanche 11 août, elles seront 91 à prendre le départ depuis l'Hôtel de Ville de Paris. Quarante ans après une première historique, le monde du marathon féminin a bien évolué, grâce à des femmes comme Kathrine Switzer, la première à avoir couru un marathon officiel en avril 1967 à Boston, mais aussi grâce à la réussite de l'édition olympique de 1984.

La grande victoire de Kathrine Switzer

Privées de la course la plus symbolique des Jeux pendant des années, les femmes sont enfin invitées à la fête aux JO de Los Angeles. L'épreuve avait finalement été autorisée en 1981, grâce aux batailles de Kathrine Switzer et de certaines de ses consœurs, comme Chantal Langlacé, pionnière tricolore du marathon féminin et deux fois recordwoman du monde."Une année, on avait invité Nelson Paillou [président du Comité national olympique et sportif français] lors des championnats du monde officieux. Il nous avait promis le marathon à Los Angeles, et il a tenu parole", racontait-elle en 2012. 

Championne d'Europe de la discipline en 2014, Christelle Daunay n'a pas oublié ces précurseuses, elle qui s'est mise au marathon pour réaliser son "rêve de Jeux olympiques". "Kathrine Switzer a mené son combat pour qu’il y ait le marathon aux Jeux, se réjouit-elle encore aujourd'hui. Grâce à elle, j’ai pu faire les Jeux olympiques durant ma carrière. J’ai pu participer aux Jeux olympiques grâce aux batailles d’autres femmes."

Sur la piste et le bitume de Los Angeles, et surtout sous la lourde chaleur californienne, c'est une Américaine, Joan Benoit Samuelson, qui s'envole, un peu avant le cinquième kilomètre de ce premier marathon olympique féminin. Personne ne la reverra. Son dernier tour de piste dans le stade transporte le public, qui la pousse. Vainqueure en 2h24’52, Joan Benoit Samuelson n'est pas la seule à être acclamée par le public. Parmi les concurrentes, la Suissesse Gabriela Andersen-Schiess, qui finira à une modeste 37e place, se retrouve au centre de l'attention. A seulement quelques centaines de mètres de l'arrivée, elle subit une terrible défaillance. 

La peur de l'échec transformée en succès

A bout de forces, déshydratée, Gabriela Andersen-Schiess a pu s'appuyer sur les encouragements de la foule pour avancer. Pour Eurosport, elle était revenue sur ce dernier tour hors du temps, et peut-être aussi important pour le marathon féminin que l'ultime boucle de la championne olympique près de 24 minutes plus tôt. "J'ai perdu le contrôle de mes jambes, je pouvais entendre la foule applaudir, c'était incroyable. Dans mon esprit et dans ma tête, je savais exactement que je devais faire le tour de la piste", s'était-elle souvenue.

Au commentaire pour la télévision américaine ABC ce jour-là, Kathrine Switzer est passée par toutes les émotions. Dans une interview accordée au média américain New England, elle a raconté avoir craint de voir le marathon féminin pour la dernière fois : "Lorsque j'ai vu Andersen-Schiess arriver en souffrance, j'ai pensé très fort, 'ils vont retirer la course des Jeux parce qu'ils pensent que les femmes ne peuvent pas assumer la pression", a-t-elle avoué. "Heureusement, les gens ont trouvé ça héroïque au lieu d'être affreux et désespéré." A l'époque, à ses côtés, le légendaire commentateur Al Michaels lui aurait confié, pour la rassurer avant l'arrivée des premières concurrentes : "Lorsqu'elles rentrent dans le stade, ne dis rien. Laisse la foule gérer ça". À raison.

Quarante ans plus tard, pour la première fois de l'histoire olympique, le marathon féminin clôturera les Jeux de Paris, dimanche 11 août, aux Invalides. "Faire courir le marathon féminin après les hommes, en point final des Jeux, c'est très symbolique", souligne Florence Carpentier, historienne du sport. Un autre symbole retient l'attention de Christelle Daunay, celle des athlètes qui seront médaillées comme leurs homologues masculins lors de la cérémonie de clôture. "Je mettrai plus en avant la parité sur ce podium que d'être la dernière épreuve d’athlétisme. Une date donne moins de visibilité, la cérémonie de clôture pour le marathon davantage", estime la championne d'Europe 2014.

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