: Reportage Jeux paralympiques 2024 : à Fontainebleau, le passage de la flamme honore les blessés de l'armée en "reconstruction" grâce au sport
Alain Akakpo lâche la flamme paralympique du regard seulement quelques secondes. Il salue le public, ses frères d'armes et les officiels, réunis mardi 27 août dans la halle Alain-Mimoun du centre national des sports de la défense (CNSD), à Fontainebleau (Seine-et-Marne). Puis l'ancien athlète paralympique, quatrième en 2012 des Jeux paralympiques de Londres en saut en longueur, effectue un tour de piste pour conclure son relais du jour, alors que 12 torches circulent dans toute la France jusqu'à mercredi, avant de rejoindre Paris. Il dépose la flamme dans une petite lanterne et entonne une Marseillaise hautement symbolique, à la veille du début des Jeux paralympiques.
Ce moment "puissant à partager" pour l'instructeur au CNSD raconte un peu le lien entretenu entre l'armée et le sport, qu'il soit olympique ou paralympique. Ancien tireur d'élite, Alain Akakpo a été blessé en exercice à 19 ans, en 2004. Il a perdu son bras droit à cause d'une grenade qui lui a explosé dans la main, puis est passé par des mois difficiles avant de se reconstruire au CNSD, là où l'armée accueille ses nombreux sportifs de haut niveau et soigne ses blessés. Il y est devenu instructeur, tout en entamant une carrière de haut niveau en para-athlétisme. "Au début, je cachais mon handicap, je n'étais pas à l'aise avec le regard des autres et puis le sport m'a permis de me reconstruire, de retrouver un équilibre et me réapproprier mon corps."
Pour les Paralympiques, 28 athlètes issus du CNSD
Deux ans après ses débuts, "au CNSD où tout a commencé et où tout se termine", Alain Akakpo dispute les Jeux paralympiques de Londres. Il remporte ensuite deux titres de champion du monde militaire et plusieurs médailles d'or aux Jeux Invictus, ou Invictus Games en anglais (des Jeux spécifiques pour les soldats blessés), avant de se reconvertir dans le parataekwondo. "Au CNSD, on forme des militaires, on reconstruit des blessés et on accueille des sportifs pour la compétition, et Alain Akakpo représente parfaitement ces trois aspects", salue le général Paul Sanzey, qui dirige le centre.
Niché en lisière de la forêt de Fontainebleau, le "centre de référence du sport militaire", comme le qualifie le général Sanzey, regroupe de nombreux sportifs de haut niveau, même si très peu d'entre eux y travaillent réellement. Aux JO, 21 médaillés, dont la judokate Clarisse Agbegnenou ou encore le vice-champion olympique en BMX Sylvain André, ont représenté l'armée et sont issus du CNSD, "l'image du sport militaire", toujours selon le général Sanzey. Pour les Jeux paralympiques, 28 athlètes français sont issus du CNSD. Certains sont porteurs de handicap depuis la naissance, tandis que quelques-uns le sont devenus après un accident. C'est le cas de Thomas Laronce (volley assis) ou de Rémy Boullé (paracanoë-kayak), devenu paraplégique après un accident de parachute à l'entraînement.
"Le sport est une béquille"
Mais le CNSD remplit aussi une autre mission : celle de soigner les blessés physiques ou psychiques de l'armée. Ils sont près de 300 à passer chaque année par le lieu pour retrouver une activité physique, entamer une reconversion ou découvrir un nouveau sport. "Le sport est une béquille pour les blessés, un moyen de se fixer de nouveaux objectifs", explique le capitaine Martin, qui dirige l'unité de reconstruction des militaires blessés. Faire accepter à des soldats, parfois issus des forces spéciales, que la vie continue après une grave blessure n'est pourtant pas simple.
"Quand on est militaire, on vous apprend à être fort, vaillant, mais le jour où je me suis retrouvé avec les jambes paralysées, dans un lit avec un corset, j'avais honte de moi", témoigne Bernard, blessé au Mali en 2016, qui a depuis retrouvé sa mobilité mais souffre de stress post-traumatique après une mission en Afghanistan. Cet ancien militaire de terrain, reconverti à un poste administratif en lien avec l'armée, prépare les Jeux Invictus, où l'aspect compétitif est secondaire et le niveau, bien moins élevé que lors des Jeux paralympiques.
Pour Bernard comme pour les 18 autres soldats sélectionnés pour les Jeux Invictus, la compétition est un prétexte. "Les Invictus Games, c'est le dernier palier de notre reconstruction. On représente la France, mais on montre aussi qu'on n'est plus au fond du trou et pas finis." A Vancouver (Canada), en février 2025, Bernard disputera les épreuves de basket fauteuil et rugby fauteuil, ainsi que le biathlon et le skeleton en individuel. En attendant, il a passé l'après-midi à regarder les relayeurs se transmettre la flamme dans les allées du CNSD. Parmi eux, le major Teddy, son formateur. Cet instructeur passe son temps à côtoyer des corps abîmés et des têtes déboussolées. "Le plus dur, c'est le premier pas. Pour certains, ça va prendre quelques mois, pour d'autres quelques années. On voit souvent le soldat à travers ses armes, mais il y a d'autres horizons", assure-t-il. Le sport en est un.
À regarder
-
"C'est un honneur incroyable..." On a rencontré Maxence, pro du parkour et l'un des personnages mystères de la cérémonie d'ouverture de Paris 2024
-
La cantatrice Axelle Saint-Cirel entonne la Marseillaise pour clore la parade des athlètes
-
Les joueurs de l'équipe de rugby à 7 dansent leur choré au pied de l'Arc de Triomphe
-
Teddy Riner est ovationné par la foule lors de la Parade des Champions
-
La "Parade des champions" est officiellement lancée depuis les Champs-Élysées
-
Paris 2024 : revivez les 4 cérémonies en 4 minutes
-
Qui est GЯEG qui a performé à la cérémonie de clôture des Jeux paralympiques ?
-
Paris 2024 : Revivez les plus beaux moments de la cérémonie de clôture des Jeux paralympiques
-
Jean-Michel Jarre enflamme le Stade de France
-
Jeux paralympiques : les exploits et des sourires en or pour les athlètes français
-
Il est temps de dire au revoir à la flamme
-
Huit danseurs de breaking valides et handicapés font le show
-
Les porte-drapeaux français pour la cérémonie de clôture des Jeux paralympiques
-
"La Marseillaise" interprétée par le trompettiste André Feydy
-
Santa ouvre la cérémonie de clôture des Jeux paralympiques
-
Paris 2024 : historique, l'équipe de France de cécifoot championne paralympique
-
Prothèses, fauteuils roulants : comment s'équipent les athlètes pendant les Jeux paralympiques ?
-
Ces Jeunes archers du Nord découvrent le para tir à l'arc et ses champions
-
Paris 2024 : "Durant ces Jeux, on a montré que l'on pouvait faire rimer les notions de handicap et de performance..." Le bilan tout sourire de Marie-Amélie Le Fur, patronne du comité paralympique
-
Paris 2024 : il réconforte les athlètes, sensibilise les officiels au handicap... Marc ne fait pas que conduire en tant que chauffeur volontaire sur les Jeux
-
À 23 ans, il va mixer pour la cérémonie de clôture des Jeux paralympiques !
-
La para-escalade fera son entrée aux Jeux de 2028 : une innovation française permet aux personnes en fauteuil de grimper comme tout le monde
-
Paris 2024 : Aurélie Aubert, chouchou du public et nouvelle star du sport para
-
Qui est Frédéric Villeroux, légende du cécifoot ?
-
Immersion avec des collégiens invités aux Jeux paralympiques
-
Paris 2024 : l'équipe de France de cécifoot est en finale paralympique
-
Paris 2024 : nouveau doublé français en para cyclisme
-
Qui est Axel Bourlon, champion de para haltérophilie ?
-
Paris 2024 : qui est Gabriel Dos Santos Araujo, star de la para natation ?
-
Paris 2024 : des tablettes et des casques VR pour les personnes malvoyantes
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.