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"Le mouvement paralympique a aussi une place pour les femmes", lance Marie-Amélie Le Fur, présidente du Comité paralympique et sportif français

À l'occasion de la journée internationale du droit des femmes, mercredi 8 mars, la triple championne paralympique Marie-Amélie Le Fur entend mobiliser les sportives en situation de handicap, à travers notamment le programme de détection développé par le CPSF.
France Télévisions - Rédaction Sport
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La triple championne paralympique et présidente du Comité paralympique et sportif français (CPSF), Marie-Amélie Le Fur, lors d'une démonstration de basket fauteuil face à Florent Manaudou, lors de la journée paralympique à Paris, le 8 octobre 2022. (MILLEREAU PHILIPPE / KMSP)

Les 15 et 16 avril prochains, les talents paralympiques de demain ont rendez-vous à l'Insep, dans l'antre des plus grand(e)s champion(ne)s tricolores, pour deux journées de détection organisées par le Comité paralympique et sportif français (CPSF) dans le cadre de son programme intitulé "La Relève".

Les inscriptions pour cette quatrième édition sont d'ores et déjà ouvertes, avec une volonté forte d'inviter un maximum de femmes en situation de handicap à venir tester leur potentiel sportif. La présidente de l'organisation, Marie-Amélie Le Fur, détaille les nouveautés et les objectifs pour franceinfo: sport.

Franceinfo: sport : quels sont les enjeux de cette nouvelle édition de La Relève ?

Marie-Amélie Le Fur : Le principe reste le même, les enjeux sont identiques : nous voulons recruter des compétiteurs. Mieux identifier et orienter les potentiels paralympiques sur le long terme, c'est absolument essentiel pour nous et pour l'ensemble des fédérations.

Justement, le 16 avril correspond au J-500 avant la première édition des Jeux paralympiques d'été en France. Difficile de croire à un simple hasard de calendrier...

Disons que le programme La Relève est un bon moment pour célébrer cette date symbolique, oui ! Mais c'est toujours un plateau que l'on tient au printemps. Maintenant, nous sommes à 18 mois des Jeux de Paris, les talents que nous allons détecter cette année sont surtout des talents futurs. L'idée est d'enclencher une dynamique sur les Jeux d'été mais aussi sur les Jeux d'hiver. On a Laurent Vaglica qui avait participé à une des premières éditions du programme La Relève et qui est parti à Pékin en 2022. Notre axe d'orientation n'est pas uniquement Paris 2024, mais l'opportunité d'avoir les Jeux à la maison nous a permis de nouer des partenariats importants pour créer ce programme.

Comment vont se dérouler ces deux journées ?

Une fois rempli le formulaire sur la plateforme, il y a un entretien avec le futur participant ou la future participante qui est mené avec les ressources du Comité paralympique. Si on se rend compte à travers cet échange qu'il y a déjà une pratique qui est engagée, que le profil n'est pas forcément celui d'un compétiteur, on peut le réorienter vers un club, vers une pratique de proximité sans passer par le plateau La Relève. Si le profil correspond, dans un premier temps nous avons décidé de comprendre quelles sont les capacités physiques des athlètes à travers des tests de souplesse, de force, de vitesse, d'endurance.

Ensuite, après un échange avec les fédérations présentes, l'idée est de mettre en condition ces futurs potentiels pour pratiquer plusieurs disciplines, de dépasser la seule évaluation de leur condition physique. Il y aura également un temps d'échange et de découverte qui sera proposé pour leur faire comprendre ce qu'est l'écosystème paralympique. On s'est rendu compte sur les précédentes éditions qu'il y avait une méconnaissance du rôle des fédérations, de ce que représentait le Comité paralympique, de comment opérait la Fédération française handisport (FFH) qui encadre plus d'une trentaine de sports... L'idée est de pouvoir leur inculquer les bases dès le premier jour, afin que les participants soient plus éclairés sur tout ce fonctionnement.

"Le parasport n'est pas uniquement réservé aux hommes, il doit être accessible à tout le monde"

Marie-Amélie Le Fur

à franceinfo: sport

Vous vouliez également délivrer un message à toutes les sportives en situation de handicap qui pourraient être intéressées par le programme, durant cette semaine des droits des femmes...

Oui, on aimerait beaucoup avoir, pour cette édition et les éditions à venir, davantage de femmes en situation de handicap qui s'inscrivent à La Relève, qui se tournent vers le parasport et se donnent la possibilité d'évoluer au haut niveau. La pratique, quel que soit son âge, est importante pour la santé, pour l'autonomie, pour la confiance en soi.

On a vraiment besoin à l'échelle du mouvement paralympique de féminiser nos effectifs, de faire en sorte que l'on ait davantage de jeunes filles, de femmes en situation de handicap qui viennent dans les clubs. C'est un appel que je souhaite lancer, de ne pas hésiter à se renseigner sur nos outils et se dire que le mouvement paralympique, ça peut aussi être fait pour elles, qu'il y a aussi une place pour les femmes.

Marie Patouillet s'essaie au basket fauteuil avec une jeune fille lors de la journée paralympique à Paris, le 8 octobre 2022. (MILLEREAU PHILIPPE / KMSP / AFP)

Est-ce que vous avez le sentiment que le parasport, grâce notamment à ce genre d'initiatives, est davantage mis en valeur ces dernières années ?

On sent que les choses bougent, oui. Tout le travail qui a été mené depuis la première édition de La Relève en 2019 porte ses fruits petit à petit. Les personnes en situation de handicap ont désormais plusieurs points d'entrée pour répondre à leurs interrogations. Il y a les clubs de proximité, cet engagement de formation avec les fédérations spécifiques et cette ambition d'avoir 3 000 clubs formés à accueillir des personnes en situation de handicap d'ici 2024. Il y a eu aussi un renforcement de la médiatisation des sports paralympiques, une accentuation de la communication. Cela vient en complément des outils digitaux que nous avons débloqués. Outre l'HandiGuide, nous avons le site "Trouve ton parasport" pour répondre aux questions comme : "Est-ce que je peux pratiquer ? Quel(s) sport(s) puis-je pratiquer ?". On entend s'adresser aussi bien aux pratiquants qu'à l'écosystème sportif, mais aussi aux collectivités territoriales et aux autres partenaires (établissements sociaux et médico-sociaux, établissements de santé) pour que ce réseau se mette en action sur le territoire. C'est comme cela que l'on agira contre tous les freins d'accès à la pratique sportive pour les personnes en situation de handicap.

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