Paris 2024 : le monde de la recherche au soutien du sport paralympique français

En perspective des Jeux de Paris cet été, l’Irmes (Institut de recherche biomédicale et d'épidémiologie du sport) a mis en place un projet de recherche afin de maximiser les chances de podiums des athlètes paralympiques tricolores.
France Télévisions - Rédaction Sport
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La para-athlète Alexandra Nouchet, recordwoman de France du 100 mètres et du saut en longueur, lors d'une session d'entraînement à l'Insep, le 7 février 2023. (DIDIER ECHELARD / FFH)

"Il faut viser une place dans le top 8 et, pour cela, doubler le nombre de médailles d'or par rapport à Tokyo [11 au Japon]." Mi-mai, sur franceinfo: sport, la présidente du Comité paralympique et sportif français (CPSF), Marie-Amélie Le Fur, précisait les attentes concernant la délégation tricolore qui sera présente cet été à Paris lors des Jeux paralympiques (28 août au 8 septembre). 

Pour tâcher d'accompagner cette hausse des objectifs et la progression vers la haute performance des sportifs et sportives en situation de handicap, plusieurs leviers ont été activés en amont de l'événement, notamment du côté de la recherche. Coordonné par l'Insep (Institut national du sport, de l'expertise et de la performance) et regroupant 38 chercheurs de plusieurs laboratoires, un projet intitulé "Paraperf" a vu le jour. Celui-ci doit permettre d'investir le champ d'étude sur 13 des 22 sports paralympiques au programme des Jeux de Paris.

Le premier des trois axes de recherche identifiés porte sur l'analyse de la performance, de la concurrence et la mise à disposition d'outils d'aide à la décision pour les staffs tricolores. Concrètement, il s'agit de leur apporter un maximum de données objectives en fonction des besoins, afin d'appuyer les stratégies des responsables des différentes disciplines.

Compiler un maximum de données pour les managers des équipes de France

"Une application automatisée a été créée, consultable à tout moment, explique Sandra Mauduit, directrice de la mission expertise au sein de la Fédération française handisport (FFH). Cet outil numérisé n'a pas vocation à remplacer les coachs dans leurs choix, c'est un support qui est également dépendant des données mises à disposition par les différentes fédérations internationales."

Manager de la performance de l'équipe de France de paratennis de table, Roza Soposki précise comment elle a mis à profit cette évolution. "On a eu 14 mois de qualification pour les Jeux de Paris, et l'application m'a permis d'avoir le classement des qualifiés virtuels en temps réel, car il est mis à jour après chaque match et chaque tournoi dans le monde. J'ai un onglet 'chemin de qualification' qui me donne de la visibilité sur toutes les classes de handicaps, un simulateur pour calculer les points des confrontations directes... Faut-il que j'inscrive tel athlète sur tel tournoi ? Dois-je plutôt le retirer ? Ça a vraiment facilité mes choix en vue de qualifier un maximum de sportifs pour les Jeux."

Capture d'écran illustrant une recherche sur l'application dédiée au paratennis de table. (Capture d'écran)

Depuis une salle de réunion du bâtiment B de l'Insep, donnant sur la piste d’athlétisme et la Halle Joseph-Maigrot, Julien Schipman revient plus en détail sur sa thèse, portant sur l'identification des facteurs de performance chez les athlètes paralympiques. Chercheur à l'Institut de recherche biomédicale et d'épidémiologie du sport (Irmes), il explique s'être notamment penché sur plusieurs spécificités, dont la question de l'âge.

Évaluer les critères de la performance dans le monde paralympique

"En para-athlétisme, les athlètes en fauteuil ont un pic de performance beaucoup plus tardif de par une paraplégie souvent acquise au cours de la vie. On peut être champion paralympique sur une épreuve fauteuil à 50 ans, ce que l'on ne verrait jamais dans le milieu olympique. Il faut le prendre en compte dans les données que l'on fait remonter."

La problématique de la classification est également centrale. "On a essayé d'orienter des athlètes qui étaient classifiés dans telle ou telle catégorie en leur montrant que, parfois, cela allait être compliqué de s'engager dans un projet de médaille. On leur a montré que sur les trois dernières éditions des Jeux paralympiques, aucun de sa catégorie n'avait atteint le podium ni même un top 8. On a également mesuré l'impact des re-classifications sur les handicaps dégénératifs. Parfois, si un athlète est amené à changer de catégorie car son handicap a évolué, il ne peut plus être performant et cela va avoir un gros impact sur sa carrière de sportif de haut niveau..."

Le projet "Paraperf" ne s'arrête pas là puisqu'il questionne également l'amélioration du couple athlète-fauteuil à travers des réglages, des nouveaux outils de mesure pour évaluer les athlètes, une optimisation de l'ergonomie du fauteuil, l'identification de certaines asymétries qui pourraient mettre en danger les sportifs...

La fin du projet "Paraperf" après Paris 2024 ?

Le dernier axe de recherche, lui, concerne les facteurs psychosociaux, juridiques et environnementaux favorables à la très haute performance. "On va chercher à comprendre les conditions de préparation des athlètes, ajoute Nicolas Forstmann, coordinateur du projet. Le but est d'avoir un diagnostic assez approfondi sur le handicap et comment ils s'entraînent : sont-ils seuls ? Quel est leur temps d'entraînement ? Sont-ils avec des valides ou non ? Y a-t-il de la préparation mentale ? Ensuite, on développe une grille d'évaluation avec et pour les staffs."

Accompagnement scientifique, information objective et analyse, telles pourraient être les clés du succès pour le collectif tricolore cet été. Mais alors que l'échéance sportive des Jeux en France se précise, une autre plane comme une ombre sur "Paraperf". Retenu par le Programme prioritaire de recherche (PPR) en 2020, le projet ne dispose que d'une durée de vie de quatre ans, soit jusqu'au 31 décembre 2024. Reste à voir, donc, si tous les efforts consentis pour investir le champ paralympique ne seront pas amenés à disparaître une fois la page "Paris 2024" refermée...

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