Paralympiques 2024 : de la violence de Kaboul au rêve américain, le nageur Abbas Karimi a réussi son pari
Nager vers une vie meilleure. Abbas Karimi a effectué un très long voyage, qui l'a mené d'une piscine de Kaboul où était affiché, sur un mur, un portrait de Michael Phelps, jusqu’au pays de son idole – athlète le plus médaillé de l'histoire des Jeux olympiques –, dont il défend désormais les couleurs. Un parcours qu'il n'aurait, de son propre aveu, "jamais pu imaginer". Le nageur afghan, né sans bras, a décroché sa toute première médaille paralympique, en argent, lors du relais 4x50 m nage libre mixte des Jeux de Paris le 30 aôut. "Cela représente tout pour moi, parce que j'ai travaillé si dur pendant 12 ans pour arriver à ce stade de ma vie et être médaillé olympique. C'était l'un de mes rêves", raconte-t-il dans un anglais parfait, tenue américaine sur le dos.
Avant de nager pour l'or, Abbas Karimi a nagé pour survivre. "J'étais un enfant très turbulent, j’ai fait beaucoup de choses horribles dans ma vie, et la natation m'a apaisé. Chaque plongeon dans une piscine était une renaissance", détaille-t-il. Celui qui a débuté à 12 ans dans une piscine construite par son frère en Afghanistan a fui le pays et les Talibans à 16 ans, direction l'Iran, puis un camp de réfugiés en Turquie pendant quatre ans, avant de finalement atterrir aux Etats-Unis.
"J'ai fait beaucoup de voyages. Des voyages différents, risqués, et ça a été une sacrée aventure. Je n'ai jamais abandonné, et me voilà en train de représenter les Etats-Unis d'Amérique. C'est un honneur pour moi."
Abbas Karimià franceinfo: sport
Le vice-champion paralympique du relais aurait pu défendre les couleurs de la Turquie, qui lui avait proposé un passeport. Mais Abbas Karimi visait plus haut. "J'ai refusé, explique-t-il, parce que je ne voulais pas seulement avoir du succès dans le sport, mais aussi dans la vie en général. J'ai senti que la société turque n’acceptait pas mon handicap, alors qu’aux Etats-Unis, personne ne me juge là-dessus. Je cherchais un monde meilleur, pour être plus fort dans tous les domaines. J'ai choisi les Etats-Unis et la plupart de mes rêves et de mes objectifs sont devenus réalité." Le 1er avril 2022, le natif de Kaboul est officiellement devenu citoyen américain, et c'était le contraire d’une mauvaise blague.
Patriotisme et fierté
D'abord dans l'Oregon, et désormais à Fort Lauderdale, en Floride, le nageur a découvert un nouveau monde et une mentalité qui lui siéent parfaitement. Loin de sa première expérience paralympique avec l'équipe des réfugiés aux Jeux de Tokyo en 2021 - une aventure sur laquelle il ne souhaite plus s'étaler, Abbas Karimi a gravi les échelons jusqu'au sommet de la natation mondiale. "Je prépare ces Jeux depuis tellement longtemps. Ça a été beaucoup de sacrifices, en étant loin de ma femme, de ma famille. J'ai payé le prix pour avoir cette médaille, et ça a marché !"
L’enfant afghan rejeté – même par une partie de sa famille – est devenu un adulte américain patriote. Particulièrement fier de défendre la bannière étoilée. "Je suis médaillé olympique, j'ai une vie géniale, mais encore beaucoup de travail à effectuer, assure-t-il. Les Etats-Unis sont une terre d'opportunités. Tant que vous avez faim, que vous voulez avoir du succès, vous savez que vous pouvez y arriver. Tout est possible dans ce pays. J'aime les Etats-Unis d'Amérique, et c'est un honneur pour moi de représenter ce pays."
"Je me sens Américain. Quand je suis arrivé, les Etats-Unis m'ont donné tout ce dont j'avais besoin. Je me suis senti plus soutenu, et je suis devenu meilleur, plus rapide, plus fort."
Abbas Karimià franceinfo: sport
Symbole de réussite, Abbas Karimi souhaite véhiculer un message à travers son histoire, lors de laquelle il a fui les talibans alors que les combats faisaient rage pour finalement rejoindre les rangs américains. "C'est l'heure pour moi de leur rendre la pareille, constate-t-il. Et ma façon de le faire, c'est de défendre les couleurs de ce pays et de remporter des médailles."
"Aux gens qui me soutiennent partout dans le monde, qui m'aiment, qui suivent mon voyage depuis des années, qui m'écoutent… Mon message pour eux est de ne jamais abandonner, quelle que soit la situation, quels que soient les obstacles. Il faut toujours continuer à se battre, rester debout, se relever à chaque fois que l'on tombe. Se battre jusqu'à atteindre notre but", encourage-t-il.
La ruée vers l'or à Los Angeles ?
"C'est vous qui choisissez vos objectifs, vos rêves, et en vous battant pour les réaliser, vous réussirez des choses incroyables et deviendrez une personne spéciale sur cette Terre", promet le nageur de 27 ans. S’il a décidé de faire une petite pause après les Jeux paralympiques pour profiter de sa famille, un autre rêve l'anime déjà. Un rendez-vous spécial, dans quatre ans. "Los Angeles, c’est à la maison ! Je pourrai y aller en voiture, s'amuse-t-il. Ça sera génial, et je suis plus affamé que jamais. Mon âge d'or ne fait que commencer."
À regarder
-
"C'est un honneur incroyable..." On a rencontré Maxence, pro du parkour et l'un des personnages mystères de la cérémonie d'ouverture de Paris 2024
-
La cantatrice Axelle Saint-Cirel entonne la Marseillaise pour clore la parade des athlètes
-
Les joueurs de l'équipe de rugby à 7 dansent leur choré au pied de l'Arc de Triomphe
-
Teddy Riner est ovationné par la foule lors de la Parade des Champions
-
La "Parade des champions" est officiellement lancée depuis les Champs-Élysées
-
Paris 2024 : revivez les 4 cérémonies en 4 minutes
-
Qui est GЯEG qui a performé à la cérémonie de clôture des Jeux paralympiques ?
-
Paris 2024 : Revivez les plus beaux moments de la cérémonie de clôture des Jeux paralympiques
-
Jean-Michel Jarre enflamme le Stade de France
-
Jeux paralympiques : les exploits et des sourires en or pour les athlètes français
-
Il est temps de dire au revoir à la flamme
-
Huit danseurs de breaking valides et handicapés font le show
-
Les porte-drapeaux français pour la cérémonie de clôture des Jeux paralympiques
-
"La Marseillaise" interprétée par le trompettiste André Feydy
-
Santa ouvre la cérémonie de clôture des Jeux paralympiques
-
Paris 2024 : historique, l'équipe de France de cécifoot championne paralympique
-
Prothèses, fauteuils roulants : comment s'équipent les athlètes pendant les Jeux paralympiques ?
-
Ces Jeunes archers du Nord découvrent le para tir à l'arc et ses champions
-
Paris 2024 : "Durant ces Jeux, on a montré que l'on pouvait faire rimer les notions de handicap et de performance..." Le bilan tout sourire de Marie-Amélie Le Fur, patronne du comité paralympique
-
Paris 2024 : il réconforte les athlètes, sensibilise les officiels au handicap... Marc ne fait pas que conduire en tant que chauffeur volontaire sur les Jeux
-
À 23 ans, il va mixer pour la cérémonie de clôture des Jeux paralympiques !
-
La para-escalade fera son entrée aux Jeux de 2028 : une innovation française permet aux personnes en fauteuil de grimper comme tout le monde
-
Paris 2024 : Aurélie Aubert, chouchou du public et nouvelle star du sport para
-
Qui est Frédéric Villeroux, légende du cécifoot ?
-
Immersion avec des collégiens invités aux Jeux paralympiques
-
Paris 2024 : l'équipe de France de cécifoot est en finale paralympique
-
Paris 2024 : nouveau doublé français en para cyclisme
-
Qui est Axel Bourlon, champion de para haltérophilie ?
-
Paris 2024 : qui est Gabriel Dos Santos Araujo, star de la para natation ?
-
Paris 2024 : des tablettes et des casques VR pour les personnes malvoyantes
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.