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Athlète paralympique, Timothée Adolphe utilise le rap pour oublier sa désillusion de Tokyo

Le para-athlète, favori du 400 m et premier de sa série, a été disqualifié lors de sa demi-finale aux Jeux paralympiques de Tokyo.  

Article rédigé par Apolline Merle, franceinfo: sport
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Timothée Adolphe, vice-champion paralympique sur le 100m à Tokyo, est aussi rappeur sur son temps libre.  (Anouk Flesch)

Il avait besoin de se livrer pour tourner la page. Moins d'un mois après la fin des Jeux paralympiques, le sprinteur malvoyant et rappeur Timothée Adolphe a sorti un nouveau titre intitulé Olympe II. Il y livre son expérience douloureuse vécue à Tokyo. Car si son histoire s'est bien terminée avec la médaille d'argent sur le 100 m lors des Jeux paralympiques de Tokyo l'été dernier, Timothée Adolphe, concourant dans la catégorie T11, a toutefois essuyé une grande désillusion après sa disqualification lors des demi-finales du 400 m

Pourtant facile vainqueur de sa série, le Tricolore n'était plus lié à son guide au moment de franchir la ligne, ce qui lui a donc coûté sa place en finale. "Sur le moment, cela paraît irréel, raconte le para-athlète. On a l'impression d'être dans une autre dimension. Avec Jeffrey (Lami, son guide sur le 400 m), on a été dans le brouillard pendant 24h, on n'a pas réussi à parler pendant un bon moment. On ne comprenait pas comment cela avait pu arriver. Surtout, cette disqualification n'a aucun sens car on domine largement notre série mais les conditions climatiques ont fait que le lien a glissé juste avant la ligne." 

Sa disqualification restera une cicatrice 

La désillusion est immense pour Timothée Adolphe, qui a alors besoin d'extérioriser ses émotions à son retour du Japon. Le choc a été d'autant plus dur que le Français a déjà été disqualifié aux Jeux paralympiques de Rio, en 2016. Cette année-là, le sprinteur avait mordu la ligne d'à côté. Alors quand le film se répète à Tokyo, la cicatrice est béante. "Cela fait deux fois que je gagne une demi-finale aux Jeux et que je ne peux pas disputer la finale. Surtout, avec Jeffrey, on était prêt à faire quelque chose de grand sur le 400 m, c'est très frustrant."

La musique, son équilibre

Dès le lendemain de son retour en France, il retrouve les studios. "Ce que j'ai vécu à Tokyo m'a inspiré pas mal de choses, et le fait d'écrire m'a permis d'extérioriser toutes mes émotions : la déception et la désillusion sur le 400 m et la joie et la tension sur le 100 m", résume-t-il. "J'avais besoin de me défouler, de m'oxygéner, de souffler après ces moments durs. La musique me permet de prendre du recul, de me ressourcer et cela contribue à mon équilibre", poursuit-il.

Si sa priorité reste le sport de haut niveau, la musique a une place plus qu'importante dans sa vie. "Entre 2015 et 2018, j'ai essayé de faire une pause dans la musique pour me concentrer uniquement sur le sport. Cette période a été celle où j'ai eu le plus de problèmes sportifs, avec notamment ma disqualification à Rio, et des problèmes de dos de 2018", se rappelle-t-il. 

Timothée Adolphe en studio lors de l'enregistrement de son nouveau titre, intitulé "Olympe II". (Anouk Flesch)

Même si Timothée Adolphe reste pudique, partager son aventure nipponne lui paraissait essentiel. "Les Jeux sont un moment de partage et je voulais raconter ces moments, que ce soit dans la difficulté ou dans la réussite. Il ne faut pas avoir peur de partager ses échecs, car cela peut être enrichissant pour soi et pour les autres."

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