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Jean Jaurès : une figure du socialisme

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Article rédigé par franceinfo
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C'est là que le fondateur du journal "L'Humanité" a été abattu le 31 juillet 1914.

Le député du Tarn, Jean Jaurès, a donc été tué trois jours avant la déclaration de guerre de l'Allemagne a la France. Un conflit que le leader socialiste voulait à tout prix éviter. C'est son engagement en faveur de la paix qui a eu raison de lui.

Ce 31 juillet 1914 au soir à Paris, un homme marche d'un pas déterminé vers Le Café du croissant, près du journal "L'Humanité". Dans sa poche, deux revolvers, l'homme pressé s'appelle Raoul Villain. Dans le café, Jean Jaurès est entouré de ses camarades. Le leader socialiste est inquiet : les nations se mobilisent, on court à la guerre.

Il va ôter le rideau et tirer deux fois. Villain jette son arme et s'enfuit. Là, le policier qui était en faction a entendu le bruit des détonations. Il l'attrape et l'emmène au poste de police le plus proche. Après son forfait, il était d'un calme absolu. Il était peut-être apaisé d'avoir lui "sauvé la France".

Qui est ce Raoul Villain ? Un petit bourgeois vivant des ses rentes, un homme ordinaire ? Certes. Il était doté d'une extraordinaire obsession. Pour battre l'Allemagne et prendre sa revanche, il lui faut tuer Jaurès, le pacifiste, le dirigeant de l'International socialiste qui tentait quelques jours auparavant de sauver la paix à Berlin.

Il n'a pas été aidé par des puissances mais par la haine que diffusait une partie de la France conservatrice, militaire, religieuse, nationaliste. Elle voulait retrouver l'Alsace-Lorraine et livrer la guerre à l'Allemagne.

Jaurès assassiné, plus rien ne s'oppose à la guerre. S'il avait vécu se serait-il rallié à l'élan patriotique général? Nul ne le sait. Ses amis politiques sont entrés en guerre. Lors de ses obsèques, élus de droite et de gauche, sont au coude-à-coude. Villain sera acquitté après la guerre en 1919.

Ses avocats réussiront à faire croire qu'il a commis un crime passionnel, comme un mari qui aurait tué l'amant de sa femme. On en voulait à sa femme, la France, et il a tué l'amant Jaures. Le crime était excusable dans le code criminel de l'époque. Il a été excusé, jusqu'à être acquitté.

Le Café du croissant est toujours là. Même si, un siècle plus tard, les Parisiens ont bien changé. Certains visiteurs n'ont pas oublié ce qui s'est passé ici.

Je dessine beaucoup sur Paris.

Sur la toile, la terrasse du café est vide. Comme si l'artiste voulait que seul l'esprit de Jaures y plane encore. Un siècle après sa mort.

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