Invitée : Emmanuelle Béart, "Les yeux jaunes des crocodiles"
Quand on évoque notre patrimoine, on parle souvent des châteaux, des églises ou des oeuvres d'art. Il y a aussi ces livres anciens qui représentent un véritable trésor. Leur restauration coûte cher, l'école des Chartes a lancé un appel au mécénat pour sauver des ouvrages d'exception.
Paris, un matin du mois de février. Cette directrice de bibliothèque a caché dans son sac un trésor menacé.
Je vous apporte l'ouvrage.
C'est un livre de lois, précieux et fragile. S'il n'est pas restauré rapidement par ces expertes, il pourrait bien finir en miettes.
C'est un ouvrage du XVlle. Il y a la signature d'un possesseur.
On pourrait refaire la reliure avec des matériaux neufs, mais il perdrait tout son cachet, toute son histoire. Il faut intervenir le moins possible. On avait prévu de refaire les quatre coins. C'est bien souvent en tête que les volumes sont abîmés, car c'est par là qu'on les attrape dans les bibliothèques.
Les coins, la tranche, le cuir de la couverture, c'est du travail, mais c'est aussi une grande responsabilité. Voici d'où vient ce livre rare. Collée à la Sorbonne, l'Ecole nationale des chartes forme les futurs conservateurs de musée. Son directeur veille sur 1500 livres anciens, et, parmi eux, 1000 sont à restaurer d'urgence.
Faut-il reconstituer les coins, ou laissons-nous les choses en l'état ? Nous avons beaucoup de livres en danger dans notre bibliothèque. Ils se dégradent par la manipulation des lecteurs, par la Iumiere solaire, et la Iumiere lunaire qui est encore pire.
Quelques jours plus tard, la restauratrice est a l'ouvrage. Son premier chantier est de broder du fil de lin sur un bâtonnet. C'est lui qui tient les feuilles à l'intérieur : c'est le tranchefile Pour restaurer les coins, elle injecte de multiples feuilles de papier buvard. Au bout de ses ciseaux, un cuir très fin qu'elle affine encore. Elle le graisse avant de le teindre.
C'est un travail de précision, de patience. Il y a toujours le risque d'abîmer un élément pendant la restauration.
Il peut enfin regagner début avril ses voisins de l'Ecole des chartes. Il aura fallu plus de 20 h de travail, pour un coût de 800 euros. Cette somme a été payée par un mécène. C'est l'originalité de cette campagne de restauration, financée par des dons privés, provenant en majorité de particuliers bibliophiles.
Il manquait cette tranchefile.
C'est une résurrection.
C'est toujours gratifiant d'arriver au résultat final. Grâce à nous, il va pouvoir traverser les siècles.
Reste à lui trouver une place où il pourra être manipuler, avec tous les égards, car il a 400 ans.
Elle a incarné Manon des Sources, la Nelly de Monsieur Arnaud, la Belle Noiseuse et tant d'autres femmes lumineuses ou vulnérables. Elle aime aussi défendre les beaux textes au théâtre. Elle signe un retour à la comédie populaire, dans l'adaptation d'un best-seller de Catherine Pancol et signe un très joli duo avec Julie Depardieu. Voici maintenant l'invitée des Cinq Dernières Minutes. Cette invitée, c'est Emmanuelle Béart. Bonjour et merci d'être avec nous pour "Les Yeux jaunes des crocodiles", le film de Cécile Telerman Patrick Bruel, Jacques Weber et la formidable Alice Isaaz. L'histoire est celle de deux soeurs très différentes. L'une brillante, riche, exubérante, l'autre effacée, hésitante, déprimée. Au milieu, une petite manipulation familiale qui va faire des dégâts.
Emmanuelle Béart : Oui, mais pas seulement. C'est dex soeurs qui ont structuré leur identité par rapport à leur enfance. La mère a projeté tous ses fantasmes sur Iris, que j'incarne. La mère a délaissé l'une d'elles. Jo est un personnage très attendrissant. La mère n'a pas transmis la valorisation de sa personne. Elle n'a pas d'argent. Elle ne supporte pas de voir sa mère dans cet état.
Emmanuelle Béart : En apparence, c'est tout l'inverse. Elle est dans la mondanité.
Elise Lucet : Iris se retrouve dans un dîner et demande ce qu"'elle fait là.
Emmanuelle Béart : Elle ne sait pas quoi répondre, alors elle dit qu'elle écrit un livre. C'est sa solitude qui l'a rendue audacieuse. Elle pique le sujet de sa soeur. A partir de là, c'est le pacte du diable. Elle dit avoir besoin de vivre dans le regard de l'autre.
Elise Lucet : Vous formez un très beau duo d'actrices vous avez déjà tourné ensemble et on sent une vraie complicité entre vous.
Emmanuelle Béart : J'ai souvent une grande complicité avec mes partenaires. On n'est pas la concurrence et la rivalité. Il ya de la culpabilité chez Iris, par rapport à sa soeur.
Elise Lucet : Il y a aussi Patrick Bruel au jeu fort et nuancé. On va découvrir un extrait où l'on vous voit tous les trois. Vous vous étés laissée prendre au jeu dé la célébrité et ils vous regardent dépités.
Comment vivez-vous votre succès.
Je le vis bien. C'est comme un accouchement.
C'est le planning de la semaine.
Non, là, je suis crevée. On mets le dîner après-demain.
Je vais chercher Zoé.
Elle est à la piscine.
Assis-toi.
Elle compte te reverser l'argent.
Parce que il va y en avoir beaucoup.
lris écrit un roman sur le 12e siècle.
T'inquiète pas, on s'est mise d'accord. J'écris le livre. C'est moi qui toucher l'argent.
Emmanuelle Béart : Il y a toujours un problème. Patrick c'est le lien entre les deux soeurs.
Elise Lucet : C'est aussi un film sur la place qu'on impose à chacun dans une famille.
Emmanuelle Béart : On arrive au moment où tout dysfonctionne dans cette famille. Les lectrices retrouvent cette émotion dans le déséquilibre familial. C'est ce portrait de famille qui est fort.
Elise Lucet: "Les Yeux jaunes des crocodiles", de Cécile Telerman, d'après le best-seller de Catherine Pancol, avec Emmanuelle Béart, Julie Depardieu, Patrick Bruel, Jacques Weber et Alice Isaaz. Le film sort en salles demain.
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