Invitée : Catherine Deneuve
L. Delahousse : Lequel voudriez-vous revoir? "Le Dernier Métro".
C. Deneuve : J'aime beaucoup ce film. Cela a été un film important, de maturité. François Truffaut voulait me donner un rôle pas extrêmement sympathique, mais un rôle où j'aurais des responsabilités. Après cela, j'ai eu des propositions de scénario différentes.
L. Delahousse : On va parler de ce film où vous apparaissez très libre. "Elle s'en va", des face-à-face étonnants pas très loin du documentaire.
Une femme libre, fantasque. Dans "Elle s'en va", Catherine Deneuve joue une sexagénaire qui plaque tout sur un coup de tête. Une échappée belle et des rencontres. Emmanuelle Bercot a écrit ce film pour celle qui a berce sa vie de ses quelque 130 films.
La première fois que je l'ai vue dans le cadre de la caméra, je me suis dit qu'il m'arrivait quelque chose d'extraordinaire.
C'est ce qu'a dû penser Jacques Demy en tournant "Les parapluies de Cherbourg". Le film qui l'a fait découvrir. Depuis, une filmographie à faire pâlir d'envie et des réalisateurs qui en redemandent. Avec "Le Dernier Métro", François Truffaut lui offre son premier César de la meilleure actrice.
On a l'impression qu'il y a des pensées qui ne sont pas exprimées sur l'écran.
Il y a toujours une image d'elle vraiment généreuse.
Six filma avec André Téchiné. François Ozon sait qu'elle adore chanter.
Ils veulent m'offrir des voitures, des bijoux et des fourrures.
Ilyaune.
Il y a une part adolescente chez elle très forte, même enfantine. Je l'ai vraiment filmée comme une adolescente.
Catherine Deneuve, c'est avant tout l'amour de la vie, de l'aventure, pas la star inaccessible qu'on peut imaginer.
L. Delahousse : Ce film, brut, est parfois proche du.
C. Deneuve : Oui, comme cette femme part pour l'aventure. Au départ pour quelques heures, et en fait, il y a un ras-Ie-bol, à cause d'une histoire de cigarettes et d'un coup de téléphone de sa fille, elle va se retrouver partie à travers la France.
L. Delahousse : On traverse la France de Depardon.
C. Deneuve : Celle que j'adore, en tout cas. Emmanuelle Bercot s'est donnée beaucoup de mal pour trouver les décors. C'était merveilleux de tourner là-bas. On a vraiment vu la France telle qu'on la connaît.
L. Delahousse : La France des routes secondaires.
C. Deneuve : Voilà.
L. Delahousse : Il y a des rencontres, Marco, Casimir. Et ce garçon incroyable à vos côtés. Et la rencontre avec un vieil homme qui va vous rouler une cigarette. Quand on regarde ces images, il n'est pas comédien du tout.
C. Deneuve : Non, mais il y a beaucoup de non professionnels dans le film.
L. Delahousse : Il va vous raconter sa vie, que sa fiancée était morte, qu'il ne se mariera jamais.
C. Deneuve : Je suis entrée dans la pièce, il devait simplement me rouler une cigarette, mais cela va prendre du temps et je commence à lui poser des questions. Je suis curieuse, il me touche, et il commence à me raconter sa vie. Et Emmanuelle a dit: "On tourne". Le soir, j'ai eu envie de voir où il habitait. C'était visiblement un agriculteur qui avait beaucoup travaillé, et qui habitait toujours dans la même ferme. C'était vraiment émouvant.
L. Delahousse : Ce qui est étonnant, c'est que lui ne sait pas qui vous êtes.
C. Deneuve : Absolument pas! On a parlé des saisons, de la nature. Il était content de me montrer son petit poulailler.
L. Delahousse : Cette fuite dans ce film, cela vous a déjà traversé l'esprit.
C. Deneuve : Pas vraiment. Cela a dû m'arriver un jour de me dire que j'allais prendre la voiture et partir quelques heures. Mais abandonner tout, non.
L. Delahousse : Ce n'est pas possible, d'abord à cause de votre famille.
C. Deneuve : Qu'elle s'inquiète pour moi, ce serait terrible. Mais dans la pensée, j'y ai songe plusieurs fois.
L. Delahousse : Plus de cent films, tous ces personnages, et assez rarement des rôles antipathiques. C'est un choix ou un hasard.
C. Deneuve : Cela ne peut pas être un hasard. Mais je n'ai pas le souvenir d'avoir refusé des rôles antipathiques. On ne m'en a pas proposés.
L. Delahousse : Les réalisateurs qui vous connaissent très bien disent qu'ils pourraient vous filmer pendant des heures. C'est une relation quasi amoureuse.
C. Deneuve : Non, c'est plus une relation filiale. Surtout avec.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.