Téléphones, tablettes, ordinateurs... Cinq questions sur le chargeur universel qui sera bientôt obligatoire dans l'Union européenne
Un accord européen imposera la technologie USB-C à tous les appareils à partir de l'automne 2024.
"Est-ce que vous auriez un chargeur pour iPhone ? Non, désolé, seulement pour Samsung..." Cet échange ne devrait bientôt plus exister en Europe. Et pour cause, l'Union européenne imposera à partir de l'automne 2024 un chargeur filaire universel pour les smartphones, tablettes, consoles et appareils photo numériques. Les produits de la marque Apple sont également concernés. Franceinfo répond à cinq questions sur cette petite révolution à venir dans vos placards.
1Quand ce chargeur sera-t-il obligatoire ?
D'ici l'automne 2024, tous les téléphones mobiles, les tablettes, les liseuses électroniques, les casques audio, les appareils photo numériques, les consoles de jeux vidéo portables et les enceintes portatives devront être équipés d'un chargeur unique.
✔️ Chargeur universel : le Parlement européen et le Conseil sont parvenus à un accord !
— Parlement européen en France (@Europarl_FR) June 7, 2022
À l’automne 2024, l'USB Type-C deviendra le port de charge commun à tous les téléphones mobiles, tablettes et appareils photo dans l'UE.
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Les ordinateurs portables seront soumis à la même exigence d'un chargeur unique d'ici le printemps 2026, selon l'accord politique conclu mardi 7 juin. Ce texte sera formellement approuvé après l'été par le Parlement européen et le Conseil européen, instance représentant les Etats.
2A quoi va-t-il ressembler ?
Vous le connaissez déjà sûrement. Le dispositif unique choisi par l'Union européenne n'est autre que le chargeur USB-C qui équipe déjà de nombreux appareils. Non, pas la grosse prise rectangulaire que vous branchez toujours dans le mauvais sens (USB type A), ni sa version fine et toujours non-réversible (micro-USB), mais sa version récente (type C), plus petite et réversible grâce à sa forme oblongue.
Ce n'est pas tout. Le texte prévoit également que la vitesse de charge soit harmonisée pour les appareils autorisant la charge rapide, afin d'éviter qu'elle soit bridée en cas d'utilisation d'un chargeur d'une marque différente. Enfin, l'étiquetage sera amélioré pour mieux informer les consommateurs, qui pourront acheter un appareil avec ou sans chargeur.
3Quid des chargeurs... sans fil ?
Alors que ce chargeur filaire universel doit être généralisé en automne 2024, certains constructeurs ont déjà un coup d'avance. De plus en plus d'appareils électroniques permettent une recharge sans fil, via un chargeur à induction. L'Union européenne est bien consciente du sujet et le texte ouvre aussi la voie à une future standardisation des technologies de chargement sans fil.
Ainsi, à mesure que la technologie sans fil se répand, la Commission sera habilitée à élaborer des "actes délégués sur l'interopérabilité des solutions de recharge", c'est-à-dire des réglementations pouvant s'appliquer directement sans être soumises à un vote au Conseil européen ou au Parlement européen.
4Même Apple devra s'y plier ?
Oui, cette fois, Apple ne pourra pas jouer solo. Le constructeur américain va devoir abandonner son fameux chargeur Lightning, introduit en 2012. Apple avait jusque là toujours refusé d'utiliser une solution ouverte et standardisée comme le micro-USB ou l'USB-C, mais privilégiait ses formats "propriétaires", non-compatibles avec les autres marques d'appareils électroniques.
Malgré cela, l'iPhone avec un port USB-C pourrait bien... ne jamais exister. Comment ? Tout simplement en supprimant le chargeur filaire du smartphone. Depuis plusieurs années, Apple mise de plus en plus sur les chargeurs sans fil (ou à induction), à l'image du Magsafe vendu (en supplément) avec les nouveaux iPhone. Cette technologie sans fil pourrait bien devenir l'unique moyen de recharge des produits Apple, selon un expert cité par Numerama.
5Quel est l'intérêt de cette obligation ?
L'objectif est double pour l'Union européenne : simplifier la vie des utilisateurs et limiter l'impact environnemental de ces dispositifs. "Les consommateurs n'auront plus besoin d'un dispositif et d'un câble de chargement différents à chaque fois qu'ils achètent un nouvel appareil, ils pourront utiliser un seul chargeur pour tous leurs appareils électroniques de petite et moyenne taille", éliminant des accessoires inutiles, explique le Parlement.
Cette réglementation pourrait permettre aux consommateurs européens, qui dépensent 2,4 milliards d'euros par an pour des achats de chargeurs seuls, d'économiser au moins 250 millions d'euros annuellement, selon la Commission européenne. Les déchets de chargeurs non utilisés, évalués à 11 000 tonnes par an, pourraient être réduits de presque 1 000 tonnes.
Politiquement, cette mesure semble faire l'unanimité. "Les systèmes de recharge enfermaient les consommateurs dans une marque et nous obligeaient à cumuler des câbles au prix de nos porte-monnaies et des ressources naturelles", se félicite l'eurodéputé écologiste David Cormand. Geoffroy Didier, son homologue du Parti populaire européen (classé à droite), salue le "volontarisme" de l'UE face aux "gaspillages indécents dictés par les intérêts commerciaux de quelques groupes industriels".
Qui s'y oppose ?
Ces nouvelles règles ne réjouissent pas tout le monde. Et en premier lieu, Apple. Le constructeur américain fait valoir que son chargeur Lightning équipe plus d'un milliard d'appareils dans le monde et estime que le texte européen "étouffera l'innovation" et coupera l'UE du reste du monde en raisons de normes "obsolètes". La technologie USB-C pourrait en effet être rapidement dépassée, à l'instar du port micro-USB prévu dans la première mouture du projet européen. De quoi inquiéter certains constructeurs. En mettant hors-jeu une partie des chargeurs et smartphones en circulation, Bruxelles "imposera des pertes importantes aux fabricants, réduira le choix des consommateurs et générera des déchets électroniques" supplémentaires, a insisté Apple mardi.
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