Les opérateurs mobiles et leurs hotlines délocalisées au cœur des débats
" Relocaliser 10.000 emplois dans les hotlines
coûteraient, en moyenne, 20 centimes de
plus aux abonnés " : voilà le petit effort qu' Arnaud Montebourg,
interrogé mercredi matin sur France Inter, propose aux abonnés, afin d'éviter la
menace des suppressions d'emplois brandies par les opérateurs. Ces derniers,
lors d'une réunion de travail mardi avec le ministre du Redressement productif, et Fleur
Pellerin, la ministre déléguée à l'Economie numérique,ont tiré la sonnette d'alarme :
annonce de plan de départs volontaires dès le mois de juillet chez SFR, non-remplacement
d'une partie des 30.000 départs à la retraite ou rythme de recrutement
revu à la baisse pour France Télécom d'ici 2020.
Déshabiller le consommateur
"On ne peut pas tout avoir : les baisses de prix et
demander aux opérateurs de faire comme si de rien n'était. Il est logique que
certains concurrents commencent à parler de plans d'économies et de réductions
d'effectifs" , explique Stéphane Richard dans un entretien mercredi au Monde, où il évoque aussi l'arrivée de Free comme "un choc
majeur ".
Le gouvernement va donc tenter, avec plusieurs mesures, de
convaincre les opérateurs de ne pas céder trop vite à la tentation des plans
sociaux en cascade : proposer le rapatriement de la majorité des centres d'appels
en France, facturer les temps d'attente autrefois gratuits, ou encore assouplir
la loi Chatel, qui permettait aussi aux abonnés de résilier plus facilement son
contrat chez un opérateur.
Des propositions qui font, en revanche, pencher la
balance du mauvais côté pour les consommateurs. "Pour les opérateurs, le
modèle idéal est un consommateur otage" , a réagi Edouard Barreiro, de l'UFC-Que
Choisir, en réponse à Stéphane Richard, qui juge lui que "depuis quelques années tout a été fait pour augmenter les droits des consommateurs, jusqu'à l'absurde".
Chiffres flous
De leur côté, les opérateurs ont accueilli plutôt froidement
ces propositions de relocalisation. Auditionné mercredi devant le Sénat, Stéphane
Richard de France Télecom a rappelé que les délocalisations permettent de faire travailler les
salariés "24h/24, et 7/7 jours, y compris les week-ends" , ce
qui est "impossible" en France.
Par ailleurs, évaluer le nombre d'emplois dans ces centres délocalisés
pour chaque opérateur relève du parcours du combattant. Sur ces chiffres, le
tabou est total : Orange évoque 25.000 conseillers clientèle en France, sans
préciser leurs chiffres à l'étranger, SFR signale "deux-tiers de l'assistance
localisée en France" . Seul Bouygues avoue un millier d'employés dans des
centres externalisés.
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