Exclusion numérique : "On met la pression sur l'Etat, mais ce sont les opérateurs qui doivent faire le travail"
Le vice-président des maires ruraux de France a réagi sur franceinfo au rapport publié par le Défenseur des droits, ce mardi, qui alerte sur "l'exclusion numérique", notamment dans les zones rurales.
Le Défenseur des droits publie, mardi 12 mars, son rapport annuel pour 2018 qui alerte notamment sur "l'exclusion numérique". Environ 7,5 millions de personnes restent "privées d'une couverture internet de qualité", selon ce rapport.
"Il nous faut une bonne couverture partout, que ce soit la téléphonie mobile ou Internet", affirme ce mardi sur franceinfo Jean-Paul Carteret, maire de Lavoncourt (Haute-Saône) et vice-président des maires ruraux de France. "Cela dépend beaucoup des opérateurs", ajoute t-il.
franceinfo : La dématérialisation a fait évoluer les choses, le numérique ramène-t-il le service public dans les petites villes ?
Jean-Paul Carteret : Oui, à condition que la couverture soit suffisante. Dans ma commune, j'ai pu ramener des services. Je n'avais plus de permanence de la CAF, de Pôle emploi, de la CPAM... Grâce à une borne visio-services, nous avons maintenant des rendez-vous en visio-conférence. D'où l'intérêt d'une couverture pour tous. Depuis longtemps, les maires ruraux décrient cette inégalité. L'égalité des territoires passe par le numérique.
Avez-vous des administrés qui viennent vous voir parce qu'ils ne comprennent rien aux ordinateurs ?
Dans ma commune, il y a un quart de siècle que l'on donne des cours d'informatique, que l'on aide à l'accès au numérique. Je peux témoigner qu'il y a encore des gens qui ne savent pas ce qu'est un ordinateur, au moment où certains décident qu'il va bientôt falloir dématérialiser aussi le paiement de l'impôt, faire les déclarations en ligne. Nous sommes dans des territoires où l'on concentre le plus de pauvreté, où le vieillissement est le plus grand. Ma mère a 90 ans, elle n'a pas de portable, elle n'a pas Internet chez elle. On est en décalage total. Je souhaite que le "grand débat" puisse faire accélérer les choses. Il y a un devoir d'écoute et de résultat. Il nous faut la couverture, et une bonne couverture partout, que ce soit la téléphonie mobile ou Internet. Tant qu'on n'aura pas fait ça, on ne pourra pas parler d'égalité entre les citoyens.
Emmanuel Macron a promis que toutes les villes de France auraient une couverture Internet d'ici trois ans, vous y croyez ?
C'est un engagement que je suis à l'échelle de mon département. Je ne trouve pas que l'accélération aille si vite que cela actuellement en Haute-Saône. Cela dépend aussi beaucoup des opérateurs, qui ont fait le choix d'aller dans des métropoles, bien sûr, comme d'habitude, et qui ont choisi de ne pas aller dans les territoires ruraux, où il y a moins de densité de population. Les opérateurs sont très puissants, c'est finalement eux qu'on attend. On met la pression sur l'Etat, mais ce sont les opérateurs qui doivent faire le travail. Il est temps de faire confiance aux élus locaux, de proximité. Il faut arrêter de concentrer tout le temps.
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