"C'est l'ancêtre du smartphone" : on vous raconte l'histoire de l'IBM Simon, le tout premier téléphone multitâche avec écran tactile, qui fête ses 30 ans
Un téléphone avec messages, calculatrice, agenda, documents, le tout avec un écran tactile : aujourd'hui, c'est évident, mais le tout premier appareil à proposer toutes ces fonctionnalités fête ses 30 ans. L'IBM Simon a été commercialisé à partir du 16 août 1994. Son nom est un clin d'œil au jeu "Simon Says", l'équivalent de "Jacques a dit" en anglais, pour un téléphone qui peut faire tout ce qu'on lui demande. Une innovation qui n'est pas forcément restée dans les mémoires, alors que ce téléphone est considéré comme l'ancêtre du smartphone.
C'est un boîtier noir en plastique : 20 centimètres de long, six de large, à peu près aussi épais qu'un livre. Au centre, il possède un écran tactile monochrome, tout en longueur, avec un stylet pour l'utiliser. Une fois allumé, l'IBM Simon propose de nombreuses applications résumées par Bruno Salgues, écrivain et ancien enseignant aux Mines Télécom : "D'abord, il servait à téléphoner, ce qui est quand même le minimum qu'on attend d'un téléphone, mais surtout, grâce à son écran tactile, il pouvait servir de traitement de texte rudimentaire, calculatrice, agenda, envoi de messages et il pouvait aussi envoyer des faxs."
500 grammes, 1 000 dollars
Le fax est à l'époque, dans les années 1990, le moyen de communication particulièrement à la mode. Par ailleurs, l'IBM Simon permet aussi de jouer à des jeux, de cartographier un itinéraire, et sa particularité est d'être léger. Il pèse 500 grammes, quand même, mais c'est moitié moins que ses concurrents.
"C'est l'ancêtre du smartphone, assurément. Il n'y a pas eu de produit plus proche du smartphone dans le concept avant l'IBM Simon", estime Nicolas Lellouche, spécialiste des nouvelles technologies pour le site Numerama. Cependant, le téléphone a beau être novateur, le journaliste rappelle qu'il ne s'est pas bien vendu : "Il n'a pas eu un immense succès. Déjà, parce qu'il était très cher, autour de 1 000 dollars. Aujourd'hui c'est le prix d'un smartphone haut de gamme et ça ne dérange pas, mais à l'époque, il n'y avait pas vraiment de besoin." Nicolas Lellouche rappelle que "la plupart des gens" n'avaient alors "pas de téléphone portable" et "voulaient juste téléphoner".
Bilan : autour de 50 000 exemplaires écoulés, et la production qui s'arrête au bout de quelques mois. L'IBM Simon reste quand même une étape importante dans l'innovation téléphonique, comme le rappelle Charlotte Connelly, conservatrice en cheffe au National Science and Media Museum, à Bradford, en Angleterre, l'un des rares endroits où l'IBM Simon est encore exposé. "Comme pour toutes les révolutions, quand on regarde de plus près, elles sont faites de petits pas qui s'accumulent pour créer un grand changement dans notre mode de vie", explique-t-elle.
"Ce téléphone ne s'est pas imposé, mais il a sûrement montré aux gens ce qui était possible. C'est pour cela, je pense, qu'il a vraiment ouvert la voie."
Charlotte Connelly, conservatrice en cheffe du National Science and Media Museumfranceinfo
Ce n'est que 13 ans plus tard qu'apparaît l'iPhone de la marque Apple, descendant lointain de l'IBM Simon, le tout premier smartphone.
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