: Vidéo 5G : sommes-nous protégés par les valeurs limites d'exposition aux ondes électromagnétiques ? Qui les fixe ?
En dessous de certaines valeurs limites d'exposition, les ondes électromagnétiques sont inoffensives, affirme l'OMS. Quelles sont ces valeurs limites ? Suffisent-elles à nous protéger ? Par qui sont-elles fixées ? "Complément d'enquête" a compilé des études scientifiques et s'est interrogé sur certains risques de conflits d'intérêts...
Selon l'OMS (Organisation mondiale de la santé), en dessous de certaines valeurs limites d'exposition, les ondes électromagnétiques sont inoffensives. Quelles sont ces valeurs limites ? Pour ses antennes-relais, par exemple, la France (comme les Etats-Unis, l'Allemagne ou le Brésil) fait partie des pays qui établissent ces seuils entre 28 et 61 volts par mètre (V/m) selon les fréquences. Ils sont censés nous protéger des seuls effets reconnus par tous les scientifiques : les effets thermiques.
En l'absence de consensus sur la question des autres effets éventuels des ondes électromagnétiques, "Complément d'enquête" s'est adressé à une ONG australienne indépendante. Avec son aide, les journalistes ont compilé plus de 2 000 études publiées dans des revues médicales de référence. Résultat : près de 68% de ces travaux concluent à la présence d'effets biologiques (démontrés, mais ne déclenchant pas tous des pathologies graves) en dessous des valeurs limites d'exposition.
L'ICNIRP, gardien du temple des valeurs limites
Ces valeurs limites protègent-elles vraiment notre santé ? Si l'on en croit trois des auteurs de ces études, "ces limites n'ont rien à voir avec la santé publique". "Il y a neuf effets biologiques qui se produisent en dessous des seuils réglementaires. L'un d'entre eux est le cancer", précise le biochimiste américain Martin Pall. Selon Dariusz Leszczynski, spécialiste de biologie moléculaire, ces valeurs limites auraient "été adoptées à un niveau très haut, davantage pour aider l'industrie à se développer rapidement et à un meilleur coût que pour protéger la santé des utilisateurs de téléphones portables".
Par qui sont fixées ces valeurs limites ? Les recommandations que diffuse l'OMS depuis 1998 émanent de l'ICNIRP (en français Commission internationale pour la protection contre les rayonnements non ionisants), créée en 1992 par Mike Repacholi, un biologiste australien... proche de l'industrie des télécoms.
Risques de conflits d'intérêts avec l'industrie des télécoms
Les scientifiques de l'ICNIRP sont-ils totalement indépendants ? Les journalistes de "Complément d'enquête" ont épluché les CV de ses quatorze experts. Dix d'entre eux seraient exposés à un risque de conflit d'intérêts avec l'industrie des télécoms. Tel l'Italien Guglielmo D'Inzeo, qui a été conseiller scientifique pendant deux ans pour l'opérateur Vodafone. Ou le Suisse Martin Röösli, chercheur dans une fondation financée par des opérateurs de téléphonie mobile.
Quant au vice-président actuel de l'ICNIRP, il est l'ancien numéro 2 d'une association financée en partie par l'industrie des télécoms. Eric van Rongen est également conseiller à l'OMS. Les journalistes sont allés l'interroger à Rotterdam...
Extrait de "5G : l'onde d'un doute", un document à voir dans "Complément d'enquête" le 12 novembre 2020.
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