Reconnaissance faciale : pour la CNIL, l'algorithme de Clearview AI est un "traitement de données très intrusif"
Le principe est simple : vous prenez en photo quelqu'un et l'algorithme de l'application l'identifie en quelques secondes grâce à toutes les photos de lui qui existent sur internet. Clearview AI s'appuie sur une banque de données colossale de plus de 30 milliards d'images publiques, soit la plus grande au monde à ce jour, selon la société new yorkaise.
Cette banque de données est constituée à partir des photos postées par les utilisateurs sur les réseaux sociaux comme Facebook, Instagram, Twitter ou encore Youtube. Ce système est au cœur du bras de faire entre la Cnil et Clearview. "C'est un traitement de données très intrusif, dénonce Karin Kiefer, directrice de la protection des droits et des sanctions à la Cnil. On considère que ce traitement est en l'état illicite puisque les personnes n'ont pas consenti au traitement de leurs données et, par ailleurs, ne peuvent pas exercer leur droit d'accéder aux données et d'obtenir leur effacement."
"Ni client, ni société en France"
La Cnil réclame à la start-up américaine spécialisée dans la reconnaissance faciale une astreinte de 5,2 millions d'euros pour ne pas avoir réglé une amende de 20 millions d'euros infligée en octobre dernier. Le régulateur français reproche à Clearview "d'aspirer des photographies provenant de très nombreux sites web, y compris des réseaux sociaux" et lui demande de ne pas procéder, sans base légale, à la collecte et au traitement de données des personnes se trouvant en France, et de supprimer les données de ces personnes après avoir répondu aux demandes d'accès qui lui ont été adressées. La société refuse de se plier à cette mise en conformité.
Clearview, fondée en 2017, ne compte ni modifier ses pratiques, ni payer l'amende demandée par la Cnil. "La coopération entre la France et les États-Unis est lente et complexe, explique l'avocat Alexandre Lazarègue, spécialiste en droit du numérique. Dans ces conditions, évidemment, ça rend les décisions très difficiles à exécuter aux États-Unis."
Dans une déclaration transmise à franceinfo, le fondateur de Clearview AI s'est dit "navré de l'interprétation erronée par certains de la nature des activités de son entreprise qui n'a ni client, ni société en France". Parmi ses clients, Clearview AI a compté aux États-Unis des polices locales, les services de l'immigration, des douanes ou des entreprises privées.
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