Les candidats se lancent dans le fact-checking pour lutter contre les intox et les rumeurs
À quelques mois de l'élection présidentielle, les hommes et femmes politiques, notamment les candidats à l'Élysée, sont de plus en plus nombreux à utiliser les méthodes de fact-checking. Objectif : lutter contre les rumeurs et les fausses informations.
Le fact-checking est plutôt l'affaire des médias, pour repérer et démonter les rumeurs et fausses informations. Mais à quelques mois de l'élection présidentielle française, certains politiques décident de s'y mettre également. Moins pour vérifier les faits que pour contrer les intox sur leurs programmes.
C'est le cas de François Fillon, qui y consacre une rubrique entière sur son site de campagne. Avec "#Stopintox - Les faits pour rétablir la vérité”, les équipes du candidat du parti Les Républicains traquent les intox qui circuleraient sur son programme. On y trouve, par exemple, un article consacré à la Sécurité sociale, titré ainsi : “Quand la gauche et l’extrême droite soupçonnent François Fillon de vouloir privatiser l’assurance maladie”. Quand on clique dessus, une nouvelle page s'affiche et on peut y lire ses "vraies" propositions. Tout en bas, nous sommes invités à cliquer sur deux boutons pour partager la page sur notre compte Facebook ou Twitter.
On reprend chaque proposition de François Fillon pour tordre le cou aux intox qui pourraient naître pendant la campagne
Thierry Solère, porte-parole de François Fillon
Pour Thierry Solère, l’un des porte-paroles du candidat, "il y a soit de la désinformation sur des sujets qui caricaturent les propositions du candidat, soit de fausses informations qui circulent et qui ont vocation à créer un trouble dans l'électorat".
La désintox comme outil de campagne
François Fillon n’est pas le seul à avoir lancé un site de désintox. Emmanuel Macron l'a aussi fait, et c'était même l'un des premiers, avec "Vision Macron", un site entièrement dédié aux faits, vus par le prisme de ses déclarations. Une sorte de Wikipédia pour décrypter et développer les déclarations du candidat, explique Sacha Houlié, délégué national d’En Marche. Il est en partie à l’origine de ce site. "C'est surtout dans l'objectif de populariser [les prises de position d'Emmanuel Macron] sur les différentes thématiques que nous avons recensées".
Qui est à l'origine des rumeurs ?
Pour la droite, c’est évidemment la gauche et le Front national. Pour la gauche, c’est évidemment la droite et l’extrême-droite. Mais ce sont surtout quelques comptes Twitter, très orientés politiquement, qui sont à l'origine de ces fausses informations. Beaucoup d'entre eux relèvent de ce qu’on appelle la "fachosphère". D'autres sont d’extrême-gauche. Tous se sont fait une spécialité de la propagation de rumeurs. Lors du débat d’entre-deux-tours de la primaire de la droite, Alain Juppé s’en était d'ailleurs plaint ouvertement en dénonçant les tweets qui le rebaptisaient "Ali Juppé" et qui l'accusaient de connivence avec l'islam radical. Aujourd'hui encore, le maire de Bordeaux pense que ces rumeurs ont en partie causé sa défaite.
L'intox ou l'art de manier les réseaux sociaux
Les candidats à la présidentielle redoutent ces intox et ils craignent encore plus leurs auteurs qui utilisent à la perfection les réseaux sociaux et surtout les algorithmes de Google, Facebook et Twitter, selon Olivier Ertzcheid, chercheur en sciences de l’information et de la communication. "Ceux qui bénéficient de la meilleure exposition sont ceux qui s'expriment le plus. Si on veut être bien positionné dans l'algorithme de Google ou de Facebook, il faut commencer par dire plein de choses, y compris des choses parfaitement erronnées, pour créer un buzz qui va garantir une apparition dans tous les premiers résultats de ces plateformes" explique-t-il.
Une connaissance du fonctionnement d'internet et des réseaux sociaux qui a permis récemment à un site néonazi, qui nie l'existence de la Shoah, d’arriver en tête des résultats Google quand on tapait le mot Holocauste ou encore au site Breitbart News, aux Etats-Unis, d’être l’un des plus consultés pendant la campagne américaine. Ce site raciste, islamophobe, anti-immigrant répandait des fausses rumeurs, essentiellement contre Hillary Clinton. Ce qui n'a pas empêché son ancien directeur, Steve Bannon, d'être nommé Haut conseiller et chef de la stratégie du président américain élu, Donald Trump.
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