Comment réagir lorsque votre intimité est mise à nu sur les réseaux sociaux ?
Alors que les affaires de cyberharcèlement se multiplient, voici comment procéder si vous êtes visés.
Se découvrir en photo ou en vidéo sur Facebook ou Twitter, sans jamais l'avoir voulu, c'est un choc. Et l'impression de voir son intimité violée, avec le risque d'engrenage, comme l'a vécu un couple d'adolescents au lendemain du réveillon du Nouvel An. Une photo volée de leurs ébats a été partagée des milliers de fois en quelques heures. Un cas extrême, mais qui illustre les dérives des réseaux sociaux.
Pour les victimes de cyberharcèlement, c'est souvent la panique et un véritable bouleversement. "On observe chez les victimes de harcèlement une augmentation de l’anxiété et des symptômes dépressifs, des troubles de la concentration, du comportement alimentaire, la prise de substances, une diminution du sentiment de valeur personnelle, des difficultés d’adaptation scolaire et la crainte de fréquenter l’école", détaille à francetv info Laurent Bègue, professeur de psychologie sociale à l'université de Grenoble-Alpes et auteur de Psychologie du bien et du mal (éd. Odile Jacob, 2011).
La spécificité du harcèlement en ligne, c'est également qu'il est sans limite de temps ou d'espace. Alors qu'un enfant peut être victime de brimades à l'école, alors qu'un adulte peut faire l'objet de brimades au travail, une fois rentré chez eux, la pression diminue, car c'est un espace protégé. Ce n'est pas le cas avec le harcèlement via les réseaux sociaux. "Ces images ou messages vous poursuivent partout", explique à francetv info Pascale Garreau, responsable du programme Internet sans crainte, qui aide les enfants et les adolescents à maîtriser leur vie numérique.
Francetv info a listé les principales étapes nécessaires pour faire cesser ces menaces pour votre vie privée.
Faire effacer le message originel
Face à la panique de voir son intimité dévoilée, il faut se rassurer en rappelant, notamment aux plus jeunes victimes, que tout peut être effacé. "Ce n'est peut-être pas forcément facile à chaque fois, mais il faut bien avoir en tête que la loi sur le déréférencement est très complète à ce niveau et que le droit est du côté de la victime", poursuit Pascale Garreau. Sur son site, la Cnil détaille toutes les procédures à accomplir pour y parvenir.
Mais pour plus d'efficacité, il faut supprimer le message incriminé "le plus vite possible, de manière à éviter la propagation de l'image et des commentaires", rappelle Pascale Garreau, qui précise que le meilleur moyen pour éviter ces situations reste la prévention. "Il faut préparer l'enfants à ces risques et lui expliquer qu'une photo ou une vidéo où il apparaît peut se retourner contre lui. C'est une question d'estime de soi."
La première étape consiste à contacter la personne qui a posté le message et la convaincre de l'effacer. En cas de refus, et s'il s'agit d'un enfant ou d'un ado, on peut ensuite contacter les parents.
Contacter les réseaux sociaux
Si la photo n'a pas été postée par un de vos proches, Facebook vous propose l'onglet "Signaler". Ensuite, cliquez sur "J'apparais sur cette photo et je n'aime pas ça".
Vous n'aurez ensuite plus qu'à renseigner les informations nécessaires pour que la photo concernée soit supprimée. Pour Facebook, toutes les informations en fonction des situations sont à retrouver ici. Sur Twitter, vous pouvez signaler un contenu abusif en remplissant un formulaire sur cette page.
"Lorsque vous vous adressez à l'éditeur du site pour qu'il efface une photo ou une vidéo dans lesquelles vous apparaissez, vous devez fournir une pièce d'identité prouvant que c'est bien vous, explique Bernard Lamon, avocat spécialisé dans les problématiques liées au numérique. Et contrairement à ce que l'on peut croire, les plateformes font preuve d'une très grande efficacité et rapidité." Et si, même enlevé, le contenu continue d'être commenté ? "Vous avez toujours un droit de réponse, et si les messages sont injurieux, on peut ensuite les faire supprimer."
Dans le cas de la jeune fille victime d'une photo volée de ses ébats avec son petit ami au lendemain du réveillon, la mère de l'adolescente a mis près de huit heures "pour obtenir la fermeture de fausses pages [sur Facebook]", explique-t-elle à Libération. Pour convaincre Twitter d'effacer les faux comptes, elle a ainsi dû remplir "plusieurs formulaires" et fournir sa carte d'identité, ainsi que celle de sa fille.
Porter plainte
Lorsque toutes les démarches précédentes n'ont pas suffi ou que vous souhaitez vous retourner contre les auteurs de ces messages, il vous faut alors vous adresser à la police et à la gendarmerie, qui enregistreront votre plainte. Lorsqu'il s'agit d'atteinte au droit à l'image, la victime a alors recours à l’article 9 du Code civil sur la vie privée ou, en fonction du préjudice subi, à l’article 226-1 du Code pénal, qui prévoit une peine d'un an de prison et de 45 000 euros d’amende.
Les internautes qui relaient ces images sont, eux aussi, susceptibles d'être poursuivis. Toute personne qui diffuse une vidéo ou une image qui porte atteinte à une autre personne engage en effet sa responsabilité. Pour la diffusion de ce type d'images, l’article 222-33-3 du Code pénal prévoit une lourde peine de cinq ans d’emprisonnement et de 75 000 euros d’amende.
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