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"Le sentiment de relégation numérique se traduit par des taux d’abstention particulièrement élevés", analyse le ministre de la Transition numérique

Pour Jean-Noël Barrot, la situation ne s'est pas améliorée en trois ans avec une "fracture numérique qui a plutôt tendance à progresser qu’à reculer depuis 2020".
Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Jean-Noël Barrot, ministre délégué, chargé de la Transition numérique et des Télécommunications, était l'invité de France Bleu le 7 avril 2023. (FRANCE BLEU / RADIO FRANCE)

"La fracture numérique est un phénomène social et même civique (...), le sentiment de relégation numérique se traduit par des taux d’abstention particulièrement élevés", analyse Jean-Noël Barrot, ministre délégué, chargé de la Transition numérique et des Télécommunications, à propos de son étude sur le rapport des Français au numérique qu'il a présenté vendredi 7 avril dans l'émission "Ma France" sur France Bleu.

Selon le rapport, 16 millions de Français de plus de 18 ans sont éloignés du numérique, soit 1 Français sur 3. "C’est un véritable enjeu de société, estime le ministre. Cette transition numérique ne sera réussi que lorsque plus personne ne restera sur le bord du chemin. Cela suppose une mobilisation générale de l'Etat, du monde associatif, des élus locaux".

"La fracture numérique a plutôt tendance à progresser"

En trois ans, la situation ne s'est pas améliorée selon le ministre : "Cette fracture numérique a plutôt tendance à progresser qu’à reculer depuis 2020. Et puis surtout ça n’est pas qu’un phénomène générationnel mais un phénomène social qui commence dès le plus jeune âge et on voit les écarts se creuser dès le collège, prévient le ministre. Un jeune de moins de 25 ans sur cinq est éloigné du numérique."

"Un éloignement que l’on retrouve deux fois plus souvent chez les ouvriers que chez les cadres, chez les diplômés que chez les non-diplômés et puis plus dans les communes rurales qu’en région parisienne par exemple."

Jean-Noël Barrot, ministre de la Transition numérique et des Télécommunications

à france bleu

Et cette fracture se retrouve dans les urnes, selon son étude : "La fracture numérique est un phénomène social et même civique car on a constaté que dans les communes où l’éloignement numérique est le plus marqué, le sentiment de relégation numérique se traduit par des taux d’abstention particulièrement élevés, des oubliés qui se détournent de la vie civique".

Développer les infrastructures

Le ministre a initié un tour de France numérique, il est déjà passé par la Somme ou l’Ain puis il se rendra dans la Sarthe. Sur la fibre : "Il reste des zones où la connectivité est encore un peu difficile", reconnaît Jean-Noël Barrot qui ajoute quand même : "Sur les infrastructures de télécommunication, on a plutôt très bien réussi, parce que l'Etat, les collectivités et les opérateurs télécoms ont travaillé main dans la main pour la fibre. Ça a commencé il y a dix ans, on s’était dit on va faire en sorte que 97% des habitations soient raccordables à la fibre. On a tenu l’objectif et sans dérapage financier".

Le ministre estime que "ce n’est pas fini, il reste du chemin à parcourir, un Français sur deux n’est pas raccordé mais seul 20% des Français ne sont pas raccordables. La fibre peut arriver dans 80% des habitations mais seuls 50% des Français ont choisi la fibre à ce stade". Et il prévient : "il va falloir rassurer ces 30% de Français pour qu’ils fassent la bascule du cuivre, de l’ADSL et du téléphone vers la fibre, car on ne va pas maintenir à terme deux réseaux, ça n’aurait pas de sens économique et écologique". Sur les réseaux de mobiles, Jean-Noël Barrot se félicite d'une "vraie différence depuis cinq ans. On a effacé 3 500 zones blanches en cinq ans".

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