Le projet Google Glass va-t-il partir à la casse?
La commercialisation de ces lunettes intelligentes va être interrompue, a annoncé la firme californienne. Officiellement, de nouveaux modèles doivent néanmoins être développés.
Coup d'arrêt pour un projet qui se voulait révolutionnaire, La commercialisation des lunettes Google Glass va en effet être interrompue. "Le [lundi] 19 janvier sera le dernier jour pour obtenir Glass", écrit Google. Qui promet toutefois de développer de futurs modèles, sans préciser à quelle échéance. Est-ce la fin pour ce gadget de réalité augmentée ? Francetv info pèse le pour et le contre.
Oui, le grand public boude la technologie
Déjà en 2013, un an après la présentation des Google Glass, une étude révélait que 10% seulement des Américains souhaitaient porter ces lunettes du futur, rapportait Mashable. Une tendance confirmée lors de la première mise en vente des appareils, en avril 2014 aux Etats-Unis. Voyant que les clients ne se bousculaient pas dans les quatre boutiques ouvertes à Los Angeles, San Francisco, New York et Londres, la firme de Mountain View a décidé de baisser leurs rideaux. Et sur eBay, les Google Glass sont actuellement vendues à moitié prix, faute d'acheteurs intéressés.
Le prix du premier prototype, commercialisé 1 500 dollars (1 300 euros), y est sans doute pour beaucoup, d'autant que d'autres objets connectés, comme les montres ou les bracelets, sont moins chers et plus attractifs.
Oui, les développeurs ne s'y intéressent pas
Le manque d'attractivité des Google Glass s'explique notamment par l'absence d'applications qui pourraient justifier son achat. Sur 16 développeurs d'applications pour les Google Glass contactés par Reuters en novembre 2014, neuf ont déclaré qu'ils avaient mis fin à leur projet ou abandonné tout développement, en raison principalement du faible nombre d'utilisateurs ou des limitations de l'appareil. Trois autres ont changé leur projet pour se concentrer sur les entreprises, laissant tomber le grand public. Même Twitter a décidé, à la fin du mois d'octobre, de stopper sa collaboration.
Pour de nombreux développeurs, l'accessoire pourrait principalement trouver son marché sur des segments de niche, dans le milieu du travail ou des loisirs, mais ses chances de faire un "carton" auprès du grand public sont réduites.
Oui, même les responsables du projet n'y croient plus
Preuve que le projet vacille, plusieurs ténors de Google travaillant sur le développement de ces lunettes ont quitté le groupe au cours des six derniers mois. C'est notamment le cas de Babak Parviz, le chef développeur (il a rejoint Amazon), d'Adrian Wong, ingénieur électrique et d'Ossama Alami, directeur des relations avec les développeurs, détaille cet article de ZDNet.
Oui, le problème de la protection de la vie privée n'est pas réglé
Après l'engouement du départ, et les vidéos bluffantes de présentation lors du lancement du produit en 2012, les premières controverses ont rapidement surgi. Notamment en raison de l'appareil photo et de la caméra intégrés dans l'appareil. Ils peuvent en effet se déclencher discrètement, parfois d'un simple clignement d'œil, ce qui suscite des craintes sur la protection de la vie privée.
Le collectif Stop the Cyborg s'est créé en 2013 pour interdire les Google Glass, au nom du respect de la vie privée. Le groupe a conçu un logo "Google Glass interdites" qu’il a publié sur son site sous licence Creative Commons pour que tout internaute puisse le télécharger, l’imprimer et l'afficher, comme dans ce bar de Seattle (Etat de Washington, Etats-Unis), rapporte Slate.
Google se veut rassurant, en affirmant que ses lunettes ne font pas de reconnaissance faciale, qu'elles ne filment pas en permanence et ne sont pas "un parfait outil de surveillance". Pourtant, une application de ce genre, NameTag, a déjà été développée, rapporte Clubic.
Non, car le projet est censé rebondir
Pas question pour autant, pour le géant de l'internet, de laisser les Google Glass dans leur étui. Google indique qu'il arrête la vente afin de mieux réfléchir à l’avenir du produit. Développées jusqu'ici chez Google X, sa division travaillant sur des thèmes futuristes comme les voitures sans chauffeur (Google Car), les Google Glass pourraient être rapatriées dans une autre division au sein de Google.
Autre signe rassurant, cette entité sera dirigée par Ivy Ross, une spécialiste de la conception de bijoux qui supervisait déjà le projet Glass et rendra des comptes à Tony Fadell, qui avait été l'un des "pères" du baladeur musical iPod d'Apple.
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