Reportage "Nous avons le sentiment d’être les premiers d’une longue liste" : remplacés par l’intelligence artificielle, ces salariés alertent les pouvoirs publics

L'entreprise Onclusive a annoncé un plan social qui prévoit de remplacer 217 salariés sur 383 par des logiciels d'intelligence artificielle.
Article rédigé par Sandrine Etoa-Andegue
Radio France
Publié
Temps de lecture : 1 min
Une entreprise de Courbevoie (Hauts-de-Seine) licencie plus de la moitié de ses salariés pour les remplacer par l'intelligence artificielle. (BRUNO LEVESQUE / MAXPPP)

Les premiers salariés d’Onclusive, une société spécialisée dans la veille médiatique qui réalise des revues de presse pour différents clients - entreprises, grandes institutions - devront quitter l'entreprise en février prochain et au plus tard au 30 juin 2024. 

>> "Les métiers intellectuels seront menacés à l'avenir" : à Courbevoie, une entreprise supprime 217 emplois, remplacés par l'intelligence artificielle 

Dans un communiqué publié vendredi dernier, la direction de l’entreprise installée à Courbevoie (Hauts-de-Seine), défend la mise en œuvre d'un projet qui "n'a pas été décidé à la légère" et estime que les nouveaux outils et les nouvelles technologies offriront un service plus rapide et plus fiable.

"En fait, l’outil, on ne l’a pas vu, raconte Sylvain, 20 ans d'ancienneté, aujourd'hui chargé d'administration des ventes et délégué syndicat CFE-CGC. On dit qu’il est en cours de développement. Nos postes sont supprimés par rapport à l’intelligence, mais pas l’once d’un visionnage d’un outil quelconque... Quelque part, ça nous fait douter. On se demande où ils veulent aller".

"Un tournant historique"

Ce Plan de sauvegarde de l'emploi, les salariés s'y attendaient mais "d’une telle ampleur, d’une telle violence, qui concerne tout le service de production, c’est-à-dire, du simple technicien au directeur, ça on ne s’y attendait vraiment pas", poursuit Sylvain. Des salariés sonnés et en colère après ce qui est, selon Bruno, délégué FO, lecteur-vérificateur depuis 22 ans, le premier plan social justifié par l'intelligence artificielle en France : "C’est vraiment un tournant historique ce que l’on vit aujourd’hui. Nous avons vraiment le sentiment d’être les premiers d’une longue liste."

"Il va falloir que le législateur, les entreprises, réfléchissent à ce choix-là : quelle société, quelles économies et quelles futures entreprises ils veulent laisser aux futures générations", soulève le syndicaliste.

Les négociations entre syndicats et direction sur les conditions de départ des 217 salariés licenciés commenceront mardi prochain.

Prolongez votre lecture autour de ce sujet

Intelligence artificielle

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.