Mal de dos, fièvre de cheval... docteur Google à votre écoute
Alors que les patients sont de plus en plus nombreux à se servir du moteur de recherche pour se soigner, la firme en profite pour lancer aux Etats-Unis son propre service de diagnostic en ligne.
Ça vous chatouille ou ça vous gratouille ? Selon votre réponse, Google pourra peut-être bientôt vous dire quel mal vous touche. En lançant lundi 13 février un nouveau service de diagnostic en ligne sur sa version anglophone, le moteur de recherche est en passe de devenir le meilleur ami des hypocondriaques : les internautes n'ont qu'à indiquer les symptômes qu'ils ressentent et une liste de pathologies potentielles s'affiche en réponse, rapporte le site du Figaro.
Cette nouvelle fonctionnalité, une de plus pour Google, révèle le poids croissant du web dans le domaine de la santé. Les patients se tournent en effet de plus en plus vers leur ordinateur pour trouver des réponses, créant de nouvelles communautés virtuelles et obligeant les médecins à adapter leur discours et leurs comportements. Bienvenue dans la médecine "2.0".
Les "cybercondriaques" au pouvoir
Ce sont les nouveaux hypocondriaques. Des angoissés qui, à la moindre douleur, trouvent sur internet mille et une raisons de s'affoler encore plus et de courir aux urgences. Aux Etats-Unis, les cybercondriaques sont de plus en plus nombreux, selon une tribune parue en 2011 sur le site du magazine Time. Ils se présentent dans les hôpitaux avec des liasses de pages imprimées, auxquelles les docteurs ont déjà trouvé un nom : les "Google stacks" ("tas Google").
Si cette pathologie du 21e siècle peut rendre votre vie infernale, elle peut aussi la sauver. Selon le docteur Zachary Meisel, urgentiste à l'université de Pennsylvanie, il faut faire preuve de "prudence" dans le recours à internet. Cependant, "les médecins vont devoir réaliser que bien souvent les patients ont absolument raison d'aller en ligne avant une consultation", notamment parce que "de nombreux patients vont découvrir les meilleures informations en ligne bien avant leurs médecins".
Google Doc
Conscient de ces nouveaux usages du web, Google a fait en 2008 ses premiers pas dans le monde de la santé, avec le lancement de Google Health, un dossier médical personnel consultable en ligne aussi bien par le patient que par ses médecins. Faute d'avoir séduit les internautes, le service s'est finalement arrêté le 1er janvier 2012. Mais la firme californienne n'en est pas resté là.
Pour enrichir son service de recherche instantanée Google Instant, elle propose donc depuis lundi des pistes de diagnostic aux internautes d'après leurs symptômes. Ainsi, une recherche "douleur abdominale" peut renvoyer vers différentes pathologies, comme "appendicite", "hernie" ou "kyste ovarien".
"Cette liste n'est pas rédigée par des médecins et ne tient évidemment pas lieu de conseils provenant d'experts médicaux", prévient le responsable santé de Google, Roni Zeiger, sur le blog de la société (en anglais). Les résultats sont générés à partir d'algorythmes qui scrutent le web, sans réelle fiabilité.
Inquiétude chez les médecins
En France, le conseil national de l'Ordre des médecins (Cnom) a émis dans Le Figaro des "réserves fortes" sur un tel "outil", qui "profite d'un créneau d'inquiétude et d'interrogation, dans un contexte où l'accessibilité à un médecin se réduit". Pour le vice-président de l'organisme, Jacques Lucas, il est important que les internautes vérifient "la pertinence des sites qu'ils consultent, en cherchant par exemple si l'information a été rédigée ou validée par des médecins". Par exemple, la certification Health on the Net (HON) créée en 2007 permet justement de signaler les sites médicaux dignes de confiance.
Les moteurs de recherche ne sont donc pas seuls en cause. Les forums de discussion restent des plateformes privilégiées vers lesquelles se tournent nombre de patients, sans forcément savoir avec qui ils communiquent. Face à ce flot d'informations, certaines pertinentes, d'autres totalement fausses, une nouvelle forme d'éducation de la part du soignant apparaît donc nécessaires.
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