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Et si Google snobait les médias français ?

Le géant de l'internet menace de ne plus référencer les médias français s'il devait s'acquitter d'une taxe similaire à des droits d'auteurs. "Ce n'est pas avec des menaces qu'on traite avec un gouvernement", rétorque Aurélie Filippetti.

Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Des participants au Salon du livre de Francfort (Allemagne) travaillent sur leur ordinateur sur le stand Google, le 8 octobre 2006. (TORSTEN SILZ / AFP)

INTERNET – Gare au black-out sur Google. Le géant de l'internet menace, mercredi 18 octobre, de ne plus référencer les médias français s'il devait s'acquitter d'une taxe similaire à des droits d'auteurs. Celle-ci, demandée par les éditeurs de presse, a les faveurs de la ministre de la Culture, Aurélie Filippetti. FTVi vous explique les enjeux de la taxe Google.

Quel est le but de ce projet ?

En septembre, les éditeurs français ont demandé au gouvernement un projet de loi pour que les moteurs de recherche les rétribuent via le versement de "droits voisins". Ces droits sont une sorte de prolongation des droits d'auteur. Concrètement, Google devrait payer à chaque fois qu'un internaute lira un article après y avoir été dirigé depuis Google.

Pour justifier une telle taxe, les éditeurs français jugent "inadmissible" que Google utilise les articles de presse "gratuitement pour ponctionner le marché publicitaire français sans rémunérer les créateurs de contenus", avait déclaré en septembre le directeur général des Echos, Francis Morel, dans Le Figaro

Que répond Google ?

Le géant internet estime que le projet met "en cause son existence même". Dans une note datant du mois d'octobre et envoyée à plusieurs cabinets ministériels, il rappelle qu'il "redirige quatre milliards de clics par mois vers les pages internet des éditeurs" français. L'addition pourrait donc vite grimper pour le moteur de recherche, qui prévient donc qu'il "serait en conséquence contraint de ne plus référencer les sites français".

Selon Google, les éditeurs et les internautes auraient à y perdre. "Sur la toile, ne pas être référencé, c'est sortir du radar", estime le groupe, pour qui un tel projet "aboutirait à limiter l'accès à l'information, à réduire le nombre de sites français référencés sur internet, mais aussi à freiner l'innovation".

Qu'en pense le gouvernement ?

La ministre de la Culture, Aurélie Filippetti, s'est dite jeudi "un peu surprise par le ton" de la note de Google. "Ce n'est pas avec des menaces qu'on traite avec un gouvernement démocratiquement élu", a-t-elle jugé. La veille, elle a apporté son soutien à un droit voisin pour les éditeurs de presse, qu'elle juge "extrêmement pertinent". Elle a précisé que la Direction générale des médias et des industries culturelles "y travaille" déjà.

Du côté de Bercy, la ministre chargée de l'Economie numérique, Fleur Pellerin, effectue jeudi et vendredi un déplacement en Allemagne, où elle doit "évoquer ce projet" avec son homologue allemande. Le gouvernement allemand a adopté, fin août, un projet de loi similaire, obligeant les moteurs de recherche à reverser des commissions aux éditeurs de presse sur internet. Le cabinet de Fleur Pellerin recevra, vendredi, des représentants de Google France.

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